19-11-2011 20:11 - Le printemps arabe a-t-il déçu les populations ?
Le monde arabe, notamment le Maghreb arabe et le Moyen orient ont connu en 2011 une forte effervescence ayant abouti à ce qu’on appelle désormais, sans d’ailleurs savoir trop pourquoi, le printemps arabe. Une série de révolutions déclenchée par l’immolation du jeune vendeur de fruits, le tunisien Mohamed Bouazizi.
Ce jeune désespéré ne savait sans nul doute pas qu’en mettant le feu à son corps, il allait mettre à feu et à sang non seulement son pays la Tunisie mais également tout le monde arabe avec toutes les conséquences que l’on sait à commencer par la chute des régimes autoritaires au grand bonheur des populations lasses de l’autorité de ces familles qui les dirigé d’une main de fer pendant plusieurs décennies en les appauvrissant chaque jour un peu plus au même moment qu’eux et leurs progénitures faisaient de frasques incroyables.
Le geste de Bouazizi provoque une vague de protestation dans son village de Sidi Bouzid puis le mouvement de contestation s’étend spontanément dans le reste du pays et prend de plus en plus de l’ampleur malgré la forte répression policière. Le mouvement insurrectionnel va se poursuivre jusqu’à la fuite de Ben Ali vers l’Arabie saoudite, le 14 janvier 2011.
Le monde arabe connait sa première révolution qui a un effet d’entrainement sur d’autre pays. Cela commence en Egypte où plusieurs jeunes se suicident en s’immolant par le feu en signe de protestation contre les inégalités dans le pays, les brutalités policières, et pour un partage plus équitable des richesses du pays. Trois semaines d’insurrection ont suivi pour balayer Hosni Moubarak et son régime dictatorial, à l’annonce du retrait du Raiss, les manifestants qui occupaient la place Tahrir explosent de joie.
La contagion s’étend vers la Libye, l’Algérie, le Maroc, la Mauritanie, la Jordanie, puis le Yémen et la Syrie. Si en Libye après plus de six mois de guerre civile, les insurgés ont réussi à déloger le maitre des lieux en l’occurrence Kadhafi, au Yémen et en Syrie les manifestants ont du mal à faire aboutir leur révolution.
Dans les trois pays où les populations ont réussi à chasser leur ancien maitre, des questions commencent à se poser pour savoir si en réalité ces révolutions ont répondu aux attentes de ceux qui les ont initiées. La réponse n’est pas forcément positive. En Tunisie, où le vent du changement a commencé avec l’élection de l’assemblée constituante et la nomination d’un président provisoire et d’un premier ministre, rien n’est encore joué.
De fait, de temps à autre des manifestations sont organisées qui pour une réelle indépendance de la justice, qui pour la liberté d’expression et contre un islam radical qui encore pour pour réclamer l’extradition de l’ex-président Ben Ali qui fait l’objet de 18 actions en justice pour complot contre la sûreté de l’Etat, homicide volontaire, usage et trafic de drogues et qui également réclament la démission du gouvernement.
Autant dire qu’en dépit du départ de Ben Ali le malaise social persiste et pour ne rien arranger à la chose, l’économie tunisienne n’a toujours pas repris, et les investisseurs étrangers restent sceptiques. En Egypte aussi où un autre dictateur a été emporté par la révolution, les choses ne vont toujours pas mieux. Et jusqu’au vendredi dernier, les égyptiens sont descendus à la place Tahrir où ils manifestent contre les militaires au pouvoir qu’ils accusent de s’octroyer de plus en plus de pouvoir.
Là aussi les égyptiens ne semblent pas avoir eu gain de cause, il y comme un goût d’inachevé estiment certains d’entre eux. Si au Maroc, en Algérie et en Mauritanie, ce vent de changement révolutionnaire a été contenu, au Moyen orient, notamment en Syrie et au Yémen, le printemps arabe fait des ravages. Le risque est grand de voir une guerre civile éclatée dans chacun de ces deux Etats où partisans et opposants au régime s’affrontent avec violence.
La Rédaction
