Mohamed El Béchir Kharachi Sall demande un règlement définitif.

Mohamed El Béchir Kharachi Sall, est le porte-parole des détenus salafistes ayant répondu favorablement au dialogue mais encore en détention. Depuis la prison, à un moment où Nouakchott est la capitale d’une importante conférence islamique à laquelle participent des sommités religieuses locales et mondiales, il s’est livré aux questions du Rénovateur sur un dossier toujours pendant dans l’entretien qui suit :

Le Rénovateur : En votre qualité de porte-parole des détenus salafistes ayant participé au dialogue engagé en 2010 avec les autorités sous la médiation des Oulémas en attente d'être graciés et après le jugement prononcé en votre encontre, qui est-ce qui a changé dans votre position?

Mohamed El Béchir Sall : Louange à Allah et paix et salut sur le Prophète Mohamed. Tout d'abord, nous vous remercions de nous avoir accordé cette opportunité afin de s'adresser à l'opinion publique.

Maintenant pour répondre a votre question, notre position et toujours la même et nous l'avons publié dans nos différents communiqués à savoir que nous suivons les Oulémas qui prêchent les bonnes paroles par la sagesse et la discussion accommodante.

Le Rénovateur : Quelle est la nature de vos relations avec les salafistes graciés?

M.B.S: Ce sont nos camarades. Nous partageons les mêmes convictions et nous nous sommes fortement réjouis de leur libération et de leur réinsertion.

Le Rénovateur : Vos présumés liens avec Aqmi sont-ils fondés ?

M.B.S : Nous n'avons aucune relation avec Aqmi ou avec une autre organisation. Nous sommes tout simplement des citoyens mauritaniens et nous sommes fiers de l'être. Nous espérons tout simplement retrouver notre liberté le plus rapidement possible pour participer au développement du pays. Pour être honnête, nos conditions de détention se sont beaucoup améliorées.

Elles sont plus ou moins bonnes : un infirmier nous rend visite chaque jour et un médecin tout les dimanches. Certes il y a des améliorations à faire au niveau de la visite des membres de la famille, sinon, globalement ça va mieux.

Le Rénovateur : Comment sont vos conditions de détentions actuellement ?

M.B.S : Nous recevons régulièrement la visite du CICR (Comité International de la Croix Rouge) et de temps en temps d’Amnesty international. Je saisis cette occasion pour remercier au nom de tout les prisonniers salafistes et du droit commun Mr Karim, le délégué du CICR en Mauritanie, qui est en fin de mission pour son travail remarquable. Par contre, aucune ONG nationale ne nous a malheureusement rendue visite ici jusqu’à présent.

Le Rénovateur : Aqmi a revendiqué certaines attaques et enlèvements en Mauritanie. Aujourd’hui l’armée mauritanienne semble plus que jamais déterminée à éradiquer le terrorisme en Mauritanie. Pensez-vous que cela est possible ?

M.B.S : Je crois comme beaucoup d'observateurs que l'option militaire, prise à elle seule, ne résout pas le problème. Le dialogue et la concertation doivent être privilégiés. D'ailleurs les autorités l'ont compris très vite. C’est pourquoi elles ont lancé le 18 janvier 2010 le dialogue avec les détenus salafistes qui a aboutit aux résultats que l'on sait, même si une minorité de ces prisonniers, ayant répondu favorablement à ce dialogue, dont je suis le porte-parole, attendent toujours leur libération.

Le Rénovateur : Vous appartenez à une mouvance proche des djihadistes d’Aqmi. L’assumez-vous ?

M.B.S : Nous n'appartenons à aucune mouvance proche des djihadistes d'Aqmi ou autre organisation, comme j'ai eu à le dire tantôt. Nous faisons partie de la société mauritanienne. Il y a parmi nous des étudiants coraniques et universitaires, des Imams, des instituteurs et même des agents de l’etat civil. Et comme tout mauritanien, nous avons notre point de vue sur ce qui se passe dans notre pays. C'est ainsi que nous ordonnons le bien et interdisons dans la limite de la légalité le mal.

Le Rénovateur : Votre dernier mot.

M.B.S : Cela fait deux ans, jour pour jour, très exactement depuis le 18 janvier 2010 qu’il y a eu le lancement du dialogue entre les autorités et les détenus salafistes sous la médiation des oulémas et qui coïncide cette année avec l'ouverture à Nouakchott , en 22 janvier à l’organisation d’ une conférence islamique sous le thème « l'extrémisme et la tolérance », en présence de nombreux Oulémas et érudits du monde islamique. Nous saisissons cette opportunité, pour rappeler aux autorités, aux Oulémas et à l'opinion publique notre situation, leur demandant d'œuvrer pour son règlement définitif.

Le Rénovateur : Merci pour cet entretien.

Cheikh Tidiane Dia