«Le mouvement salafiste Ançar Dine reçoit des renforts considérables en argent, en armes et en hommes qui viennent essentiellement de l’Algérie et du Qatar ». Cette accusation, moins surprenante, vient d’un membre influent du MNLA basé à Gao après leur hypothétique projet de fusion qui a été rompu suite à des divergences de fond. Comme quoi, après le mariage au matin et le divorce au soir, place maintenant à la vindicte.

A peine leur éphémère mariage a pris du plomb dans l’aile suite à la dénonciation faite par l’élite du Mouvement national de libération de l’Azawad du protocole d’entente du projet de fusion avec le mouvement salafiste d’Ançar Dine, voilà déjà que les langues commencent à se délier.

Du côte du maillon faible : le MNLA en perte de vitesse dans les régions nord du pays face à son frère ennemi d’Ançar Dine auprès duquel il espérait trouver refuse et jouir de ses grâces.

Selon un ses hauts dirigeants basé à Gao, le mouvement de Iyad Ag Ghali serait appuyé par deux pays arabes : l’Algérie et le Qatar auprès de qui il recevrait de l’argent, des armes et des combattants. De la révélation de ce dernier, il ressort que Ançar Dine, au départ, n’avait que 8 véhicules au total, et ne comptait pas plus de 200 éléments avant l’occupation des trois régions nord du pays.

Aujourd’hui, affirme cette source, le mouvement salafiste a vu ses effectifs tripler avec les renforts en hommes venus de toute l’internationale islamiste en provenance notamment d’Algérie, de Tunisie, de Libye, du Soudan et du Nigéria.

De même, l’homme, dans son accusation, affirme qu’Ançar Dine est passé de 8 véhicules à plus d’une centaine très bien équipés en armements et en munitions. Les combattants, enfonce-t-il le clou, achètent librement leur carburant en Algérie; alors que officiellement, il est dit que ce pays a fermé ses frontières.

« Actuellement, les hommes de Iyad Ag Ghaly sillonnent la ville de Tombouctou en Tamasheq, avec des mallettes contenant des milliers et des milliers d’euros. Ils proposent environ l’équivalent de 5 000 euros à des adolescents qu’ils enrôlement faisant d’eux des enfants soldats manipulables à souhait.

Ils proposent cet argent avec des kalachnikov et des mitraillettes russes AK47 entièrement neuves en provenance essentiellement d’Algérie, via la connexion avec les islamistes de Libye où des stocks d’armes considérables circulent en direction de l’Azawad au profit de Ansar Dine et de ses alliés, Aqmi, MUJAO et Boko Haram », a-t-il soutenu.

Selon ce responsable, contrairement à son adversaire sur le terrain, son mouvement, le MNLA, qui a pourtant mis tous ses moyens militaires et financiers dans la libération de l’Azawad, est aujourd’hui exsangue.

Malheureusement, se plaint-il, la direction du mouvement se trouve, actuellement, dans une contrainte qui l’oblige à vendre ses propres véhicules pour se procurer du carburant et n’a plus aucune source de financement pour entretenir ses troupes.

C’est ce qui explique, a-t-il révélé, que certains membre du MNLA ont jugé indispensable de conclure une alliance avec Ançar Dine, espérant ramener à la raison le chef de l’organisation salafiste, Iyad Ag Ghaly, en lui demandant de faire passer les intérêts de sa propre communauté avant tout autre chose .

Aujourd’hui, le MNLA est au bord de l’explosion en raison du rejet catégorique de l’accord passé avec Ansar Dine par ceux du MNLA qui ont perdu tout espoir d’être soutenus par une communauté internationale plus encline, selon lui, à faire la promotion médiatique des intégristes au lieu d’appuyer les forces démocratiques et laïques du MNLA, au risque de condamner tout un peuple à l’enfer islamiste.

Dans un dernier sursaut d’orgueil, ce responsable du MNLA s’est voulu catégorique : «Quoi qu’il en soit, l’accord avec Ansar Dine est désormais caduc quoi qu’il puisse en coûter à notre mouvement et nous tenons pour responsable le monde dit libre de notre dramatique isolement ».

« Nous avons conclu que morts pour morts, il est préférable de mourir dans la dignité plutôt que de capituler en apportant notre caution à la liquidation de notre peuple », a-t-il conclu.

Mais avant, il a tenu à remercier les Européens de France, en particulier le corse François Alfonsi, et de Belgique, notamment, les membres de la N-VA (Nouvelle Alliance Flamande) pour leur soutien ainsi que leurs frères et sœurs Amazighs qui ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour leur aider à recouvrer leur liberté.

Par Mohamed D. Diawara

Source : Le Pays