18-07-2013 02:09 - Bonjour cher ami Le Calame
Croyez bien que ce n’est pas par dérision ou pour vous diminuer que devoir user des termes galvaudés en Mauritanie en cette période bien singulière. Ainsi « cher ami » n’a plus son sens d’antan, celui que l’on affectait à une personne de confiance et qui compte.
Or mes sentiments à ton égard sont ceux de l’oncle ou du cousin qui a assisté à votre naissance et qui s’étonne chaque fois en vous voyant grandir et bien grandir.
Ce sont aussi ceux du lecteur fidèle qui vous suit, surveille même, et apprécie l’indépendance de la ligne éditoriale que vous maintenez contre vents, marées, laudateurs et…corrupteurs qui savent manier ces jours ci, avec une dextérité étonnante, sur les dunes de Teveli, "EL Assa" et les liasses d’Ouguiya.
J’ai collaboré, Monsieur, avec la première équipe des despérados, de juillet 1993 à mai 1994, et je tiens à rendre hommage à leur abnégation et à leur tolérance. Fonctionnaire en service, même si j’usais, et abusais plutôt, du sobriquet de mon Cheïkh ; parent du chef suprême (d’El jini, we el enssi, el medeniyinn we el askeriyinn etc.) qu’opposait plus que des nuances aux choix doctrinaux( ?), disons partisans de la quasi totalité des collaborateurs (et lecteurs) du journal, j’étais toléré et même "chouchouté.
Les " nuances que j’apportais à votre contenu, Monsieur, s’accordaient tantôt avec leur credo, s’en écartaient quelquefois, ou en étaient, parfois, franchement, l’opposé ! Mais la maison était commune et la tolérance mutuelle était le crédo qui valorisait tes colonnes, monsieur le Calame.
C’est pourquoi pour tes vingt ans, Monsieur, je saisis l’occasion pour rappeler la mémoire de Habib Ould Sidi Ould Mahfoudh, le père du projet et le journaliste de qualité dont l’imagination, le courage et la vraie modestie resteront gravés en nos mémoires à tous. Difficile, aussi d’oublier la contribution émérite des autres anciens combattants du Calame: Oumeïr, Hindou, Moussa, Demba, Ould Mohamed Baba etc.
A Ahmed Ould Cheïkh , qui assume désormais, avec son équipe de guérilleros de la plume et des analyses objectifs et pertinents, la responsabilité de continuer la mission historique du Calame nous disons merci. En ces temps flous où la démocratie, les libertés fondamentales, en particulier celle des journalismes d’expression indépendante et d’investigation objective, traversent des zones de tempêtes continuez à résister aux fausses tentations.
Aujourd’hui, tu as vingt ans ! Et ce n’est pas mal. C’est même un record en un pays où tout est nomade, éphémère, passager… Alors bon anniversaire et félicitations pour ta résistance et pour le courage des équipes successives qui ont supporté onglée, canicule, billets d’avions, dessous de table, commissions, marchés fictifs et plus encore pour maintenir le cap, celui de l’honneur et de la dèche…
* Journaliste défroqué (comme il se définit lui-même)
Par Mohamed said Ould Hamody*
Ancien ambassadeur
Nouakchott le 5 ramadan 1434 et le 14 juillet 2013
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