Mauriweb - A quelques jours de la rentrée scolaires est-il possible de ramener au bercail des instituteurs ou profs détachés qui servent actuellement au Canada, aux USA, dans les pays du Golf, en Europe, en Afrique et dans les autres institutions de l’Etat ?

A quoi peut servir un instituteur ou un prof qui a coupé tous liens avec sa discipline de prédilection depuis plus de 10 ans ? Et l’expertise acquise par ces derniers suite à des formations supérieures dans d’autres domaines, aussi variés que les relations internationales, l’économie, le commerce international, le droit, l’informatique ;

Va-t-elle passer à la trappe ? Ne s’agit-il pas ici de déshabiller Sidi pour habiller Brahim ? Autant de questions qui méritent d’être posées par respect pour la déontologie administrative, pour ces fonctionnaires détachés et pour leurs employeurs.

Ce n’est un secret pour personne que cette initiative du Premier Ministre s’apparente plus à un véritable coup médiatique qu’à une réelle volonté de faire bouger les choses au Ministère de l’Education Nationale qui souffrent de problèmes structurels depuis des décennies.

Il s’agit d’un cercle vicieux où les responsabilités sont partagées par les décideurs au niveau du Ministère de tutelle, les responsables des établissements scolaires, les inspecteurs et, dans une moindre mesure, par les enseignants eux même.

Le métier d’enseignant, ne l’oublions pas, est un métier ingrat. Ce n’est pas le retour hypothétique des instituteurs et profs détachés qui va révolutionner les choses ! Il s’agit d’abord de rationaliser les effectifs existants en satisfaisant les revendications légitimes du corps enseignant.

Aujourd’hui, les traitements et salaires des enseignants ne leur assurent pas un pouvoir d’achat pouvant couvrir les effets pervers de l’inflation si bien qu’ils sont induits, bien souvent, à concilier leur agenda de travail avec un second boulot de fortune.

Une autre pomme de discorde concerne principalement la question sempiternelle du logement. Pourquoi l’Etat n’a-t-il jamais pensé à créer des cités pour les enseignants ? Ou bien la gazra est un chemin incontournable pour obtenir un éventuel terrain ? Quant on parle de cités, ce n’est pas le haut standing ; ça pourrait être seulement des terrains nus, tout juste, viabilisés avec un raccordement eau et électricité. Les critères d’octroi sont modulables : lieu de travail, ville d’origine, et autres.

Aujourd’hui, il est triste de constater que 80% des enseignants partent à la retraite sans avoir pu assurer un toit pour leurs enfants. Pire encore, ces retraités sont induits, par la force des choses, à se reconvertir dans une seconde vie de labeur rien que pour survivre.

De l’improvisation, rien que de l’improvisation…ce n’est pas cela qui va faire tomber l’énorme monolithe de l’amateurisme qui caractérise le Ministère de l’Education Nationale depuis des décennies. En effet, cette mesure du Premier Ministre qui présente tous les attributs d’une alchimie secrète pour la consommation locale aurait pu recevoir un accueil plus favorable si elle avait été planifiée en laissant aux concernés une année scolaire pour organiser le changement de leur régime.

A quelques jours de la rentrée, cette mesure du Premier Ministre, qui manque cruellement de réalisme, n’aura que le mérite de lancer un pavé dans la marre du secteur de l’enseignement en Mauritanie…un pavé de plus.