17-12-2014 13:51 - Editorial du Calame : Tout et tout de suite !

Editorial du Calame : Tout et tout de suite !

Le Calame - Notre guide éclairé l’a dit et répété, la semaine dernière. Ici, lors d’un passage à l’agence Tadamoun ou là, dans un centre de formation professionnelle. Le genre de déclarations qu’on provoque à l’occasion d’une visite pas si inopinée que cela, dans une structure de l’Etat.

Un journaliste du service public est commis pour poser la « bonne » question, au moment où le Président achève son parcours et sort, attendant qu’on lui tende le micro. Commence alors un long monologue où le rectificateur en chef délivre son message sur l’actualité chaude du moment.

Cette semaine, c’était, encore une fois, la gabegie et le détournement des deniers publics qui étaient « à l’honneur », deux thèmes chers à notre leader maximus.

Question d’autant plus brûlante que plusieurs milliards d’ouguiyas viennent de s’envoler des caisses du Trésor public, à Nouadhibou, Aioun et Néma, et de celles de la Somelec, à Kiffa, Sélibaby, Akjoujt et Rosso.

Durant quelques années, des percepteurs et caissiers indélicats ont fait main basse sur ces rondelettes sommes, sans que personne n’y trouve à redire, malgré des trains de vie des plus fastidieux, sans commune mesure avec les revenus modestes de ces fonctionnaires.

La « bonne » question du jour n’avait, on l’espère, rien à voir avec les organismes visités. Elle portait, en effet, sur la Journée mondiale de lutte contre la corruption.

Et Ould Abdel Aziz d’y répondre avec volubilité, sans crainte des répétitions et redondances qui faisaient, ici, office de clous à marteler : « La lutte contre la gabegie et la corruption sera poursuivie dans le pays […] Notre combat contre la gabegie n'est pas un slogan […] Nous continuerons à lutter contre la gabegie, la corruption et le détournement des deniers publics et les lois se rapportant à ce sujet seront appliquées à tous, avec toute la rigueur requise […] ».

Tremblez, prévaricateurs ! Ceux qui ont été pris la main dans le sac seront punis, selon les lois de la Mauritanie nouvelle : ils ne rembourseront pas une ouguiya, resteront quelques mois ou années en prison, comme d’autres qui les ont précédés et se retrouveront libres comme l’air, sur intervention d’un général, d’un gros bonnet ou d’un chef de tribu.

Peut-être même que ce laxisme a encouragé certains à tenter leur chance, provoquant cette saignée dont on n’est pas prêt de situer les débuts, encore moins les montants, le contrôle n’ayant concerné que les quatre dernières années.

Cela dit et quoique ce crime économique soit impardonnable, il n’est que l’arbre qui cache la forêt. La gabegie, ce n’est pas seulement piquer dans la caisse. C’est les nominations de complaisance, l’attribution de marchés de gré à gré, le trafic d’influence, pour obtenir des avantages indus, l’exclusion de cadres compétents, parce qu’ils ne sont pas du « bon » côté, la toute-puissance de la parentèle à laquelle aucun ministre ou directeur général ne peut rien refuser…

C’est ce culte, généralisé, de l’argent avant tout, par-dessus tout, sans aucune considération de juste rémunération de compétences, travail bien fait, engagement tenu.

La jeunesse soixante-huitarde des pavés parisiens clamait : « Ce que nous voulons ? Tout et tout de suite ! » Et certes : si la Mauritanie contemporaine en a fait son slogan, il est vrai qu’elle est fort jeune. Même si les plus acharnés à appliquer cette maxime ne sont pas tous nés, loin de là, de la dernière pluie…

Ahmed Ould Cheikh



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Commentaires (4)

  • a.bennan (H) 19/12/2014 15:35 X

    Quoi qu'ont dise le Cancer tribale est passe par la...

  • jarjar (H) 18/12/2014 02:13 X

    Fastidieux ou fastueux , le train de vie ?!

  • dykrim (H) 17/12/2014 15:40 X

    Merci AOC mais vous avez oublié, certains pour punir ont les tire par les poils des narines jusqu’à ce que leurs yeux sortent les larmes puis ont leurs rembourse les 120 millions ouguiyas avait dérobé des caisses de l’état.

  • mdmdlemine (H) 17/12/2014 14:01 X

    Immédiatement sinon foutaises. Bien dit. Les promesses ne prennent plus parce que jamais tenus. La lutte contre la pauvreté et la corruption ont été inaugurés avant le départ de Maouiaya, réactualisés avec Sidi puis réeterés avec la rectification et l'élection de Ould Abdel Aziz. Résultat nul même s'il y a des emprisonnements. Récidive d'engagements en 2014. C'est un cycle de promesses politiques autant en emporte le vent. Pour réellement prendre le mal par les cornes, envoyez "tout de suite" comme le dit Ahmed en prison avec la tolérance zéro, en mettant tout le monde sur le même piedd'égalité