27-03-2015 07:45 - Grève au sein de la SNIM : Risques réels de dérapage…
RMI Biladi - Le mouvement de grève très suivi au sein de la société nationale industrielle et minière (SNIM) ne semble pas du tout préoccuper les autorités publiques qui donnent l’impression de laisser faire. Et apporte tous leur soutien à l’ADG de l’entreprise obsédé par la volonté de faire plier les travailleurs.
Presque deux mois après le déclenchement de la grève au sein de la SNIM, aucune solution de ce conflit ne pointe à l’horizon. Les grévistes continuent de réclamer l’ouverture de négociations avec la direction de la société avant toute autre démarche. Tandis que cette dernière exige leur retour au boulot comme condition de négocier avec eux.
Aucune partie n’est prête donc à faire le pas vers l’autre et le fossé se creuse chaque jour davantage créant une situation qui peut dégénérer à n’importe quel moment. Une perspective d’autant plus probable que les pouvoirs publics s’alignent fortement sur la position suicidaire de la direction de la SNIM.
Cette dernière s’est engagée à fonds dans un bras de fer avec ses travailleurs et ne rate pas d’occasion pour envenimer une atmosphère déjà explosive. Sans se soucier de la réglementation du travail, elle a d’abord procédé aux licenciements de dizaines de grévistes, dont des délégués syndicaux, en leur interdisant l’accès aux soins, à l’économat et en leur demandant, par voie judiciaire, de libérer leurs maisons.
Une décision qui n’a pas encore été mise à exécution et qui risque de faire beaucoup de dégâts par rapport au caractère jusqu’ici pacifique du mouvement de grève. Aussi bien à Zouerate qu’à Nouadhibou.
Pressions de tous bois
Face à l’arrêt quasi-total des activités de production à Zouerate et ceux de l’exportation au niveau de Nouadhibou, la direction de la SNIM, qui a toujours donné des informations tendant à minimiser l’effet de la grève sur le fonctionnement de l’entreprise, commence à perdre sa patience et pense désormais à prendre des mesures visant à redémarrer son travail sérieusement affecté depuis plus d’un mois.
Dans ce cadre, la SNIM a décidé de franchir le Rubicon. Elle vient, en effet, de lancer un appel d’offres pour le recrutement de 150 personnes afin de relancer son activité en arrêt. Cette offre vise essentiellement les anciens travailleurs licenciés, l’année dernière, par MCM et Taziast.
En plus de la volonté de relancer la production, la direction de l’entreprise cherche à casser le moral des grévistes qui, jusqu’ici, parait très solide. Mais cette mesure, si elle est mise à exécution, risque de ne rien changé dans la situation. La société avait déjà fait appel aux retraités. Sans vraiment grand succès. D’ailleurs, le train a dérayé, lundi, à l’entrée de Zouerate parce qu’il était piloté par un stagiaire…
Autre initiative allant dans le même sens : le changement d’attitude de l’administration de Zouerate vis-à -vis des grévistes. Lors de sa dernière réunion, le conseil des ministres a nommé un nouveau gouverneur de la région. Celui-ci aurait reçu les consignes fermes de limiter la liberté de mouvement des travailleurs en grève de la SNIM qui organisaient tous les jours des manifestations très suivies et très appréciées par les populations.
C‘est grâce à cette mobilisation qu’ils avaient réussi à maintenir leur moral très haut.
Cette liberté de faire pourrait être affectée par les nouvelles consignes données aux nouvelles autorités en vue de resserrer l’étau sur les grévistes, dans l’ultime but de les faire plier.
Déjà à Nouadhibou, les autorités empêchent les grévistes de se réunir ou de faire des activités de mobilisation publique. La mesure pourrait désormais être appliquée à leurs frères de Zouerate.
Ce durcissement est d’autant plus probable que l’Etat et l’entreprise n’entreprennent aucune autre démarche allant dans le sens d’une solution négociée de la grève des travailleurs de la SNIM qui a déjà fait beaucoup de dégâts. A tous les niveaux.
Si une telle information arrive à se confirmer, on ne peut plus exclure des dérapages et encore plus de malheur.
Mohamed Mahmoud Ould Targui