18-06-2015 12:33 - L'éditorial de Biladi
RMI Biladi - A tort ou a raison, les mauritaniens, dans leur grande majorité, ont le sentiment que leurs hommes politiques - de tous bords- ne se préoccupent pas sérieusement de leurs problèmes et sont coupés de la réalité. Pis, ils doutent ou mettent carrément en cause leur intégrité et leur exemplarité.
Depuis son arrivée au pouvoir, le président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui se présente en homme providentiel tombé du ciel pour rétablir l‘ordre des choses en faveur du citoyen ‘‘oublié par ceux qui ont pillé le pays, des décennies durant, dans l‘impunité la plus totale‘‘, n‘a jamais manqué d‘occasion pour vilipender la classe politique traditionnelle coupable, à ses yeux, de tous les maux dont souffre le pays.
Tous pourris, c‘était le mot d‘ordre de l‘ancien officier général métamorphosé, à la faveur du putsch contre l‘unique président mauritanien démocratiquement élu, en ‘‘président des pauvres‘‘.
Ce discours, quoique démago-populiste et peut-être même pas très sincère, paraît pourtant politiquement rentable.
Par les temps qui courent, l‘heure n‘est plus aux visionnaires et aux stratèges, mais aux tacticiens et charmeurs des foules. Davantage de communication et d‘apparence, plutôt que de substance.
C‘est apparemment la devise du moment.
Le président Aziz paraît bien avoir assimilé cette leçon. Après avoir lancé au cours de son premier mandat les thèmes -pour ne pas dire les slogans- phares de son discours (gabegie, intérêt aux pauvres, renouvellement de la classe politique et économique...), le voilà en passe de trouver la parade pour son ultime et dernier mandat : Le dialogue, les jeunes…
Sa tournée à l’intérieur du pays qu‘il vient d‘organiser, passée en direct sur les antennes d’Al Mauritania, avec une cohorte de ministres qui font des discours et des inaugurations à chaque étape reflète une autre manière de faire la politique et, surtout un style atypique non connu dans les mœurs politiques nationales.
D’autant plus que le président ne s’adresse pas directement aux populations et veut surtout accréditer qu’il est venu inspecter les chantiers qu’il a lancés dans tout le pays.
Ces déplacements du président, sans objectif politique clair, déroute et déstabilise son opposition qui, paradoxalement, s‘élargit tous les jours, mais s‘affaiblit sur le terrain. Ou du moins n‘arrive pas à trouver la recette adéquate et les armes appropriées pour affronter un homme, sans stratégie définie, mais qui est habile et franchement entreprenant.