08-11-2015 09:12 - Total accusé de « crime contre l’humanité » par des militants écologistes
Le Monde - Une bonne centaine de militants d’Actions non-violentes COP 21 (ANV-COP 21) ont transformé, samedi 7 novembre au matin, le parvis devant le siège de Total, à La Défense (Hauts-de-Seine) en « scène de crime ». Le pétrolier français, rebaptisé « serial killer du climat », est accusé d’assassiner la planète.
Réunis sur les quais du métro dès les premières heures de la matinée, après un périple destiné à brouiller les pistes, les militants de ce mouvement créé en juin à la suite de la publication d’un appel « Debout et déterminés pour sauver le climat », ont déboulé sur le parvis et atteint la grande tour du quartier d’affaires.
En quelques minutes, le scénario s’est joué sous les yeux d’une vingtaine de policiers disposés devant l’entrée du siège de Total. Des militants ont déroulé les cordons jaunes fluo utilisés pour baliser les scènes de crime, se sont couchés sur le sol, ont marqué à la peinture blanche les silhouettes des victimes ou ont, tout simplement, tenu les banderoles, en français et en anglais.
« Total est en train de tuer la planète »
Malgré leur inquiétude devant le raidissement des autorités – le rétablissement des contrôles à la frontière annoncé par le ministre de l’intérieur en vue de la tenue de la conférence mondiale sur le climat au Bourget fin novembre, ou encore l’arrestation d’un journaliste la veille à Strasbourg, lors d’un mouvement de « réquisition citoyenne » de chaises dans une agence du Crédit agricole –, l’action s’est déroulée paisiblement.
Quelques contrôles de sac à dos, l’identification des responsables et un peu de bousculade quand les militants non violents se sont approchés de la porte d’entrée du siège de Total. Un policier confiait en souriant à son collègue : « il faut leur dire que l’on n’a plus le droit d’entrer sur une scène de crime ».
Txetx Etcheverry, l’un des animateurs d’ANV-COP 21, à l’origine aussi du mouvement Alternatiba qui a fait le tour de France en vélo cet été pour appeler à la mobilisation pour le climat, a essayé de rallier les policiers à leur cause. « Total est en train de tuer la planète, j’espère que vous vous en rendez compte, et nous voulons la sauver, pour vous, vos enfants », leur a-t-il clamé, en vain.
Lobbying au niveau mondial
Pour ces militants écologistes et alternatifs, adeptes des actions non violentes, le procès de Total est engagé. Et Patrick Pouyanné, directeur général de la société, est convoqué, le 3 décembre, pour la remise des prix Pinocchio du climat. Dans les dossiers à instruire : « pratique dévastatrice du torchage de gaz, comme au Nigéria », « exploration des sables bitumineux en Alberta (Canada) et Venezuela », gaz et pétrole de schiste en Argentine, forage en eau profonde en Articque, etc. « Ce qui est grave, ce ne sont pas seulement toutes ces pratiques, illégales parfois, c’est qu’en plus ils bloquent toute évolution, toute transition énergétique en faisant du lobbying au niveau mondial », confie Txetx.
Comble d’hypocrisie pour ces militants, Total s’est offert « un alibi en or en étant accepté dans l’Agenda des solutions porté par la présidence française de la COP 21 ». D’ici à l’ouverture de la conférence, le 30 novembre, en présence de nombreux chefs d’Etat, ANV-COP 21 et l’ensemble des associations membres de la Coalition climat 21, préparent de multiples initiatives. Elles devraient culminer par l’organisation d’un grand week-end de manifestations les 28 et 29 novembre, en France et dans le monde. A Paris, le dimanche, plusieurs dizaines de milliers de personnes défileront de la place de la République à celle de la Nation.