24-11-2015 14:30 - Vient de paraitre : « Système bancaire mauritanien et financement du commerce extérieur »

Vient de paraitre : « Système bancaire mauritanien et financement du commerce extérieur »

Me Oumar Mohamed Moctar El Hadj - Cet ouvrage provient de la récriture d’un mémoire réalisé par l’auteur en 1995, pour l’obtention du Diplôme d'Etudes Supérieures de Formation en Management à l'Université Paris I- Panthéon - Sorbonne. Le travail avait pour titre : "Le financement du commerce extérieur en Mauritanie".

En février dernier l’auteur a reçu une proposition d’édition de la part de la Responsable du Lectorat, membre de l’équipe de publication aux « Éditions Universitaires Européennes - EUE». Avant l’édition de cet ouvrage le 1er juin 2015, ce travail a été actualisé à la lumière des évolutions intervenues au cours des 20 années écoulées.

Une première partie a été, entièrement, ajoutée, et la troisième partie a été réécrite, dans sa quasi-totalité. L’ouvrage a été publié sous le titre : "Système bancaire mauritanien et financement du commerce extérieur".

I. De quelques éléments abordés dans l'ouvrage en question

Le système bancaire est le moteur du développement. Cette vérité est particulièrement vraie pour le développement du secteur privé. Le secteur public se focalise sur la régulation et l’encadrement des initiatives, au mieux des intérêts du pays.

De par les moyens qu’il mobilise, l’organisation et la rigueur qui le caractérise, sa capacité de transcender les limites géographiques, la confiance qu’il inspire, aussi bien, aux opérateurs nationaux, qu’aux partenaires et investisseurs étrangers, le système bancaire est, réellement, loin de toute considération politique, responsable de l’existence et du niveau de développement de l’initiative privée, locomotive de la croissance et des progrès technologiques et industriels dans les divers secteurs d’activités.

Il est le dépositaire des ressources et de l’épargne des particuliers, entreprises privés, établissements et entreprises publics et parapubliques, sociétés et organismes publics et privés étrangers et internationaux. Il participe de la création de la monnaie et, gère, à ce titre, un service d’utilité publique.

Un système bancaire agissant, conformément, à la réglementation et à la pratique du secteur, travaille pour mobiliser des ressources, plus ou moins stables qu’il utilise pour financer les projets et initiatives rentables, afin de générer les ressources nécessaires au financement de la croissance et du développement, en général.

II. Où en sont les banques mauritaniennes par rapport à cette logique ?

Dans sa tentative de répondre à cette question et à d’autres, l’ouvrage a scindé l’histoire du système bancaire en trois étapes, reflétant chacune, les pratiques et préoccupations majeures des époques et des élites qui en avaient la charge et, surtout, la responsabilité.

1. La première phase est celle de la naissance et de l’ancrage du système bancaire, dans un environnement, en création. Nous avons, pour des raisons, évoqués dans l’ouvrage, intitulé cette partie : « Les banques étatiques – «un mort-né » ou la mise à sac du système bancaire ».

2. La deuxième phase est celle de la libéralisation du secteur où l’on assiste à l’entrée du capital et de la gestion privés. Cette phase est intitulée : «La privatisation des banques : dénaturation de la fonction bancaire et prolifération des groupes ». Cette phase se caractérise par un phénomène particulièrement pernicieux.

Les nouveaux banquiers ont profité de cette manne financière renouvelable (les ressources provenant des dépôts publics et privés) pour créer une chaine de sociétés, dans tous les secteurs d’activité (pêche, immobilier, construction et BTP, eau, électricité), afin de pouvoir réaliser, par eux-mêmes et pour eux mêmes, les projets financés par l’Etat et les partenaires au développement, dans les domaines des infrastructures, de la construction, de l’eau, l’électricité, l’aménagement, et d’accroitre à l’infini leur propre fortune personnelle, sur les dos du déposant, du contribuable et de l’Etat.

La neutralité du banquier a été, entièrement et en permanence, violée. Le banquier livrait une concurrence déloyale, à tout opérateur, porteur d’une initiative.

Concurrence déloyale et illégale : parce que les entreprises du banquier avaient accès à des crédits « inépuisables » et à des conditions rivalisant, parfois, avec la gratuité. La dénaturation de la mission du banquier a été poussée à l’extrême.

3. La troisième phase est intitulée : « la troisième ou - la nouvelle génération de banques ».

Depuis 2005, huit (8) nouveaux agréments ont été octroyés, dont quatre (4) pour des banques étrangères, portant, ainsi, le nombre de banques commerciales en activité, dans le pays à seize (16). Cette mesure semble refléter un désaveu des banques de la 1ère et seconde génération qui ont failli, dans leur mission d’accompagner le développement du pays et d’en être le moteur.

Faute de pouvoir restructurer les mentalités, et changer l’esprit qui gouvernent ces banques qui ont, toujours, vécu, depuis leur création, aux crochets de l’Etat, utilisant à outrance leur pouvoir de création de la monnaie et celui d’en abuser, à mauvais escient, pour dépouiller le trésor Public de la dernière ouguiya, en perspective, la création de nouvelles banques, aura eu l’avantage de casser le monopole et de laisser à la concurrence le soins d’opérer une sélection naturelle.

Les nouveaux agréments reflètent une plus grande diversité de l’actionnariat. Certaines mesures visant à la moralisation du secteur ont été prises. En effet, pour la première fois, dans l’histoire du pays, il y’a eu retrait d’agrément d’une banque, mise en faille judiciaire d’une autre (pour cessation de paiement) et mise en demeure de «désigner un administrateur pour une autre, qui a failli à ses obligations».

Ces mesures, en accord avec d’autres, qui ont secoué l’environnement économique et financier, en général, ont porté un coup dur à l’unicité des méthodes et au lourd conservatisme du secteur, et annoncent des changements majeurs qui pourront tirer le secteur de la léthargie et de l’immobilisme qui sont devenus, depuis très longtemps, sa devise.

En effet, une série de contrôles, d’enquêtes et de mises en cause de comptables publics, d’agents du trésor et de cadres dirigeants d’entreprises et d’établissements publics, leur condamnation par la justice, semblent annoncer, avec force, la fin de l’impunité qui était la règle, et augurent d’une guerre ouverte contre les prévaricateurs.

Il y’a eu, beaucoup de changements, au cours de cette dernière décennie, qui ont bouleversé les vielles habitudes bien ancrées dans le pays qui était gangrené par les lobbies et la pratique du laisser-aller, laisser-faire.

Les acteurs : élites intellectuelles, hommes politiques, hommes d’affaires, commerçant… ont-ils compris le message ?

Les nouvelles banques sauront-elles vivres, en dehors de la logique des anciennes banques, qui ont vécues depuis leur naissance, dans un statut « d’assisté, vivant aux crochets du contribuable, suçant chaque goutte de sueur, qui dégouline sur son corps asséché », et se développant « faussement» aux frais de l’Etat, à coup de milliards d’ouguiya, obtenus par tous les moyens ?

Le pari n’est pas gagné d’avance et la prudence est de rigueur.

Ces points, et biens d’autres, ont été abordés dans l’ouvrage.

Il est question dans cet ouvrage du recensement biométrique, de la lutte contre les détournements et abus des biens publics, de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, de la moralisation du secteur financier …

Il y est, aussi, question du secteur de la pêche, qui a été abordé, sous un angle qui découvre les abus dont il a été l’objet et, qui ont tué ce secteur, dont l’apport pour le pays aurait pu rivaliser avec les apports du pétrole pour les pays du golfe.

Toute information, significative, évoquée dans cet ouvrage, est adossée à une source extérieure viable et parfois officielle. Le jugement porté est celui qu’une lecture des faits, sans apriori, impose.

Les Editions Universitaires Européennes - EUE, qui ont publié cet ouvrage, sont présentes dans 40 grands pays, outre l’UE.

L’auteur : Oumar Mohamed Moctar Elhaj

Avocat
oumar@avocatmauritanie.com
Web. www.avocatmauritanie.com







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Commentaires (1)

  • rahalas (H) 24/11/2015 15:10 X

    nous espérons que cet ouvrage lancera le débat combien important sur les pratiques néfastes des banques mauritaniennes...le client est dépouillé au nom d'une réglementation loin de répondre aux exigences de notre temps...il est grand temps de faire application des réformes entamées jusqu'ici et de sauver l'administration et même l'Etat de l'emprise des banques..vous l'avez dit, nos banques sont les premières concurrentes de leurs clients d'où la porte ouverte aux abus..