22-01-2016 00:45 - Personnel de l’Agence Mauritanienne d’Informations (AMI) : La cadence des retraites effeuille “Horizon” de ses compétences

Personnel de l’Agence Mauritanienne d’Informations (AMI) : La cadence des retraites effeuille “Horizon” de ses compétences

L'Authentique - L’année 2016 a été marquée en général en Mauritanie par un départ massif de fonctionnaires de l’Etat. L’administration mauritanienne continue ainsi de se vider de ses compétences formées à l’ancienne école. Une nouvelle génération prend la relève.

Le drame de l’administration mauritanienne qui a poussé plusieurs départements à conserver certains retraités, face à l’incurie d’une jeunesse sans compétence et sans expérience, touche en particulier le quotidien français officiel, Horizon.

Déjà frappé par un manque notoire de reporters et de journalistes en langue française, Horizon a perdu plusieurs de ses éminents cadres, tous frappés par la limite d’âge. Parmi eux, un de ses plus éminents soldats, Diagana Babouana, qui a fait valoir ses droits à la retraite cette année 2016.

Ce journaliste formé au CESTI de Dakar faisait partie de cette petite fourmilière de Horizon, celle qui trimait nuit et jour, pour assurer la publication permanente de l’unique quotidien officiel en français, même si parfois, il devait rentrer à pied chez lui, à Sebkha, vers 2 heures du matin, faute d’un moyen de transport.

Diagana Babouana tire ainsi sa révérence sans tambour ni trompette, mais surtout sans aucune médaille ni distinction, sans jamais avoir posséder une voiture, malgré 35 années de bons et loyaux services. Pendant longtemps, Diagana Babouana a subi sans le moindre mouvement d’humeur, sans le moindre geste de révolte, même intérieur, les vicissitudes d’une carrière parsemée d’embuches et de frustration.

Mais l’arrivée de l’actuel Directeur général de l’Agence Mauritanienne d’Information (AMI) devait sonner la fin d’une longue nuit d’iniquité. En effet, Yarba Ould Sghaïr a remué le cocotier, mettant fin au système des privilèges indus, au profit de la compétence et du mérite.

A quelques encablures d’une retraite qui pointait à l’horizon, Diagana Babouana connaîtra ainsi sa première promotion, en tant que rédacteur en chef du quotidien Horizon, alors que pendant des décennies, il s’était fait coiffer par une panoplie de personnages, parachutés au gré des nominations de complaisance, et souvent moins formés que lui. D’une piété exemplaire, Diagana Babouana fut le prototype du fonctionnaire modèle.

Il appartenait à cette denrée rare de serviteurs de la Nation, désintéressé, consciencieux, obéissant à ses supérieurs quelle que soient leur qualité, ponctuel, sérieux, généreux et rigoureux dans l’accomplissement de son travail, malgré l’ingratitude d’un traitement qui permettait à peine de joindre les deux bouts.

L’autre soldat émérite du journal Horizon, Baba Dianfa Traoré, se prépare lui aussi à aller à la retraite. Ce sortant de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) de Nouakchott, section journaliste, est le frère siamois de Diagana Babaouna. Ils ont toujours été les deux piliers du quotidien Horizon, infatigables pionniers de l’information officielle.

Ils ont vécu tous les deux la frustration des non pistonnés, ceux qui n’ont ni tribu derrière eux, ni puissants thuriféraires comme tutelles pour booster leur carrière.

Malgré leurs compétences et leur probité, mais aussi leur abnégation et leur sérieux dans le travail, ils resteront des décennies durant, d’obscurs ouvriers des mots, retranchés derrière un mur de frustration et de marginalisation.

Comme son compère Diagana, Baba Dianfa Traoré ne sera lui aussi valorisé que par l’actuel DG de l’AMI, qui le replaça dans sa fonction de prédilection, Secrétaire de rédaction.

Il en fut de même pour Abdel Kader Dieng, Saleh Ould Abeidalla, et tant d’autres cadres de l’AMI tous partis à la retraite, et qui ont participé, dans la modestie et dans le plus parfait anonymat, à la construction de ce pays, loin des éclats des médailles et autres distinctions que l’Etat réserve, d’une manière sélective, à certains fonctionnaires.

JOB



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Commentaires (2)

  • kourabaa (H) 22/01/2016 11:56 X

    Jeune stagiaire, j'ai connu cette équipe rédactionnelle qui formait une fratrie. Ils subissaient tous l'injustice mais ils restaient dignes. D'ailleurs, ils n'exprimaient jamais publiquement leur frustration. A travers les conseils qu'ils me prodiguaient, je sentais leur souffrance professionnelle. Ils me disaient souvent "tu es encore jeune et tu as tout l'avenir devant toi. Il faut patienter car tu verras tout ici".

  • mdmdlemine (H) 22/01/2016 08:20 X

    tout cela est vérité. Ces deux soldats compétents ont été sous employés pendant trés longtemps alors qu'en circonstances normales, ils devaient toutes ces dernières escalader la hieracrhie de la profession et sièger aujourd'hui en tant que ministres, diplomates ou de hauts responsables de médias officiels. Merci pour Yarba pour cette singularité quoique le bon sens appelle à trouver une formule qui permet à nos deux vaillants et corrects soldats d'oublier une part de leurs frustration. C'est un bel hommage ici Certes comparaison n'est pas raison, mais pour Babouna et Dianfa, ils sont bel et bien des victimes du "passif médiatique" sinon professionnel. En conséquence, ils méritent de nos dirigeants un geste permet de combler ce déficit et de permettre à deux grands patriotes de bien gouter le reste de leur vie merci pour cette vérité cruelle qui mérite d'être portée à l'opinion publique A Babouna, à Traoré,recevez de ma part toute la considération et l'estime d'un collègue familier aux paradoxes de la profession qui vous a cotoyés au point de réaliser votre grandeur, votre courtoisie votre patience et votre courage