07-02-2016 07:00 - Une curieuse tentative de réécriture de l’Histoire/PAR MOHAMED SALEM OULD BRAHIM OULD BOIDAHA

Une curieuse tentative de réécriture de l’Histoire/PAR MOHAMED SALEM OULD BRAHIM OULD BOIDAHA

Le Calame - Certains, depuis quelque temps, expriment sans retenue des allégations contraires aux réalités de l’histoire et aux préceptes sacrés de l’Islam sous prétexte de s’opposer à la décision de l’Etat portant sur la dénomination du nouvel aéroport International de Nouakchott « Oum-Tounsi».

L’ex Colonel Oumar Ould Beibacar tire ainsi prétexte de cette dernière décision pour revisiter à sa manière et tenter de réécrire l’histoire de notre pays tout en insultant nos morts. A vrai dire, je suis surpris par des telles injures car l’ex colonel de la garde nationale est un homme d’honneur qui milite depuis quelque temps pour les causes nobles.

Ignore-t-il que notre sainte religion interdit toute forme d’insulte à l’encontre des morts ? Le Messager de Dieu (PSL) a dit: «N'insultez pas les morts car ils sont déjà arrivés à la conséquence de leurs œuvres». (Rapporté par Al Boukhâri).

Un homme d’âge mûr est censé savoir que l’usage d’un langage inapproprié (« pillards/ étrangers ») à l’encontre d’une composante quelconque de la société mauritanienne est contraire aux principes de notre sainte religion et aux enseignements du Sceau des Prophètes.

Les injures, la falsification de l’histoire, le raisonnement erroné et à géométrie variable ne changeront pas l’histoire et ne réduiront pas d’un iota l’importance du sacrifice des hommes nobles et courageux qui avaient combattu le colon sur l’ensemble du territoire national et bien au-delà.

Dans l’un de ses articles, l’ex-Colonel accuse certaines tribus du Nord d’être étrangères tandis que dans sa dernière sortie médiatique il prétend que les chefs des fractions de la tribu d’Ould Dleim avaient écrit une « lettre secrète » au Colonel Tranchant du cercle d’Adrar.

Comment des étrangers écrivent-ils une « lettre secrète » au Colon du cercle d’Adar ? Inconsciemment, M. Ould Beibacar ne reconnait-il pas ainsi que les tribus du Sahel ne sont pas étrangères à cette terre ? Cette contradiction flagrante dans le raisonnement à géométrie variable démontre clairement une tentative, vouée à l’échec, de réécriture de l’histoire.

Lettre inexistante

Mon Colonel, cette lettre n’a jamais existé. Elle est le produit de l’imagination et/ou de la machine de propagande coloniale. En 1932, la chefferie de la fraction de Srahna de la tribu d’Oulad-Dleim relevait de mon grand-père, le Moujahid Mohamed Salem Ould Boidaha, et si une lettre avait été envoyée au nom de la Jemaa des Oulad Dleim elle devait être co-signée par lui.

Mon Colonel, les machines de propagande sont capables de toutes sortes de fabrication. Le grand leader Nelson Mandela fut ainsi considéré par les Etats Unis d’Amérique comme terroriste sur la base d’informations fabriquées par le régime de l'apartheid sud-africain. Son nom fut retiré de la liste noire des terroristes en 2008 par le gouvernement américain.

Ceux qui avaient qualifié le plus grand leader de l’histoire africaine de terroriste avaient-ils raison ? On pourrait en dire autant de bien d’autres leaders comme Yasser Arafat, Amilcar Cabral….

Le concept de « pacification » que vous reprenez sans retenue et sans jugement critique, fut forgé par la machine de propagande coloniale pour justifier son expansion. Tout comme celui de la « civilisation » dont se targuèrent les colonialistes de tous poils pour envahir nos contrées et soumettre l’ensemble de nos peuples, arabo-berbères ou négro-africains, du Sahara ou du Sahel !

Stratégiquement, la pénétration de la Mauritanie reposait sur une alliance avec les chefs religieux dans le but d’un rapprochement avec leurs talibés afin qu’ils fournissent au colon la chair à canon et les précieux renseignements sur les tribus susceptibles de se rebeller.

Cela ne disculpe en rien ni ne légitime la nature des liens internes à chacune de nos différentes tribus et sociétés et les relations complexes entre elles sur nos terroirs et nos contrées mais cela ne justifie pas pour autant l’ingérence dominatrice étrangère !

Certes, Xavier Coppolani avait une bonne connaissance de l’Islam, de l’arabe, du soufisme et disposait d’un petit trésor de guerre (400 000 francs français : source Étienne Richet, professeur au Collège des Sciences sociales et membre du Conseil supérieur des Colonies-ouvrage intitulé « La Mauritanie », publié en 1920) qui lui permettait de se faire des alliés, lesquels avaient des milliers de disciples au Sénégal voisin et en Mauritanie. Il joua, au cours de son voyage, de 1898 à 1899 sur les divisions tribales pour pénétrer en Mauritanie.

C’est dans ce cadre que la fameuse fatwa fut produite pour la circonstance afin de justifier la colonisation de notre terre sainte (7ième lieu saint de l’Islam). Toutefois, cette fatwa ne tient pas la route car l’Islam nous interdit précisément de prendre pour alliés les mécréants au détriment des musulmans.

Il suffit de se référer à la Sourate Al-nissa 4.138-139: « Annonce aux hypocrites qu’il y a pour eux un châtiment douloureux, ceux qui prennent pour alliés les mécréants au lieu des croyants, est-ce la puissance qu’ils recherchent auprès d’eux ? (En vérité) la puissance appartient entièrement à Allah. » [Sourate Al-nisaa ’ 4:138-139].

Pour ce qui est de la bataille d’Oum Tounsi, elle fut préparée avec soin, dans le secret total, par un groupe de résistants médiocrement armés mais dotés de l’arme la plus redoutable au monde ; à savoir la foi pure pour le Jihad.

L’histoire retiendra que le courage de ces résistants avait rendu, le 18 août 1932, possible l’impossible car les résistants avaient vaincu de manière héroïque les forces coloniales qui avaient un armement bien supérieur. Pour l’histoire, quand les français avaient rompu le combat et abandonné leurs armes, les résistants n’avaient pas voulu tuer certains goumiers, à la portée de leurs fusils, qui étaient en fuite.

Ce n’est pas la filmographie et le récit qui en furent faits par les colons eux-mêmes qui terniront l’image de ces hommes d’honneur dont la mémoire appartient désormais au peuple mauritanien dans son ensemble, toutes tribus et ethnies, du Nord, de l’Ouest, du Sud et de l’ouest, confondues…

Le bilan de cette bataille fut lourd pour la France coloniale et ses goumiers : un lieutenant, Patrick de Mac Mahon, le petit-fils d’un Président de la République Française, quatre sous-officiers et soixante-dix indigènes (source : Figaro N°240 du samedi 29 août 1932 – Page 1). 71,4% de l’effectif du Groupement colonial fut tué.

Polémique stérile

Dire, aujourd’hui, que cette bataille fut initiée par les tribus du Nord à cause d’une haine à l’encontre de la noble et respectable tribu guerrière des Euleb relève de l’imaginaire et de la falsification de l’histoire.

Il est vrai que les résistants sont arrivés de la Saghiat El Hamra mais cela ne fait pas d’eux des étrangers. Le Rio de Oro était le sanctuaire de la résistance.

Il en était de même pour toutes les immenses étendues de notre désert et de notre sahel, pour tous les résistants du Nord et de l’Ouest africain, c'est-à-dire chez "nous", quand à l’époque il n’y avait comme frontières que les limites imposées par les alliances du moment.

Nous avions donc nos sanctuaires dans notre résistance, comme le fut Londres pour les résistants français pendant l’occupation nazie. Charles de Gaule n’avait-il pas fondé la France Libre en Grande Bretagne ? N’avait-il pas lancé son appel à la résistance le 18 juin 1940 de Londres ? Peut-ont dire que Charles de Gaule n’était pas, pour cela, un français ?

Malheureusement, plusieurs compatriotes, pour des raisons obscures, déforment l’histoire sans se rendre peut être compte qu’ils cultivent l’idée nuisible de division entre les mauritaniens. Il est fort regrettable qu’en 2016, le tribalisme, le régionalisme et le racisme existent encore sur cette terre sainte.

Le Mauritanien dépense, malheureusement, beaucoup d’énergie et de temps dans des œuvres inutiles qui ne servent ni la patrie ni l’unité nationale. Dieu nous a bénis avec notre diversité culturelle, véritable richesse inépuisable, et nous devons tous œuvrer à ce que les mauritaniens vivent en paix, s’aiment entre eux et se reconnaissent dans le meilleur de leur passé qui est désormais le leur.

Il suffit de voir ce qui se passe en Syrie, en Irak, en Libye, en Afghanistan et en Somalie pour savoir que nous sommes tous, sans exception, responsables de la préservation de notre unité nationale. Ni la politique, ni les intérêts économiques, ni la dénomination d’un aéroport ne devraient inciter quiconque à proférer des injures à l’encontre d’une composante de cette nation.

Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz, en honorant les milliers d’hommes qui avaient opté librement de mourir debout au champ de bataille au lieu de vivre à genoux dans une terre sainte colonisée par une force étrangère, ne fait que traduire la part de reconnaissance due à nos résistants.

Par-delà ceux d’Oum Tounsi, ce sont tous les combattants, hommes et femmes, dans la limite et suivant les contraintes objectives et subjectives de leur époque, qui se sont dressés avec fierté et courage pour refuser la soumission et la domination étrangère et qui sont honorés.

Ce sont nos morts à tous, maures de toutes les tribus, négro-africains de toutes castes et de toutes ethnies de ce pays qui nous est désormais commun à égalité.

Enfin, il y a lieu de noter que si le Gouvernement avait décidé de dénommer le nouvel aéroport Mokhtar Ould Daddah, nous ne serions pas moins heureux ni moins fiers. Feu Mokhtar Ould Daddah incarne à nos yeux la perfection du caractère, la noblesse, la grandeur des actes, la bravoure, l’honnêteté et le patriotisme.

Il est le Père de notre nation, le fondateur de notre pays et nous lui serons éternellement reconnaissants. Il mérite que son nom soit porté par un grand monument comme la grande mosquée qui sera construite à Nouakchott.

Que le Tout Puissant apaise nos cœurs et nous éloigne des divisions stériles pour le plus grand bien de notre Nation.



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Commentaires (9)

  • ahmedkellygreimich (H) 07/02/2016 18:52 X

    Bravo! Cousin un article rédigé par excellence, plein de sagesse et de politesse.

  • analagjar (H) 07/02/2016 14:08 X

    Excellente analyse pleine de bon sens car ce qui importe de comprendre dans tout cela c'est la relativité des choses...Dans notre pays nous avons eu la résitance qui était dans nos possibilités de l'époque qu'elle soit spirituelle ou armée et Oum touni a été choisi pour incarner quelque part un symbole de cette recherche de souveraineté...il n y donc pas de quoi fouetter un chat si l'on est de bonne foi

  • gadiel (H) 07/02/2016 12:51 X

    Nous pensons que les Mauritaniens sont prèoccupès par des problémes beaucoup plus urgents que votre tragie comèdie tribale sur fond de razzias et de cadavres d' il y a longtemps. Parlez de solutions sur la hausse vertigineuse des prix de denrèes de premiére necessitè et de L'insècuritè

  • medmedelmaouloud (H) 07/02/2016 12:49 X

    Un excellent article que j'aurais fièrement écrit avec deux modifications quand-même.. Je n'aurais pas accusé les auteurs de la fatwa parce que je ne suis pas à leur niveau et parce qu'ils sont morts, eux aussi.. J'aurais également proposé le nom de BOUDDAH OULD BOUSSAIRY pour la future mosquée. Il faut donner à chacun ce qui lui revient.. J'invite les mauritaniens, qui frémissent de peur devant ce qui se passe dans les pays ravagés par la guerre civile et cités par l'auteur, à lire, relire et conserver cet article et à, surtout, méditer son contenu au sujet de l'unité nationale et de la nécessité d'éviter tout ce qui divise les mauritaniens et les oppose les uns aux autres. Pour ce qui est de l'aéroport, c'est vrai qu'à l'instar des de tous les pays du monde l'aéroport le plus en vue doit porter le nom du premier président ou d'un autre qui a eu un rôle à symboliser comme Habib Bourguiba, Mohamed V, Léopold Sédar Senghor ou Houari Boumediene, Charles de Gaule, John Kennedy. Mais si le gouvernement à choisi, pour immortaliser une bataille qui le mérite, de donner, courageusement, son nom à l'aéroport qu'utiliseront, entre autres, les petits fils des agresseurs morts dans ce combat, les patriotes, fils de patriotes et de guerriers ne doivent pas en faire un problème. Pour satisfaire tout le monde et surtout pour d'autres considérations plus importantes, sécurité, plus de commodités, je suggère que l'ancien aéroport soit gardé comme aéroport secondaire, à l'instar d'Orly, Anfa, Léopold Sédar Senghor etc et lui donner le nom de MOKHTAR OULD DADDAH J'ai des questions à poser à l'auteur mais en privés. Votre adresse n'étant pas disponible, pouvez-vous me la donner à la mienne ci-dessous? medmedelmaouloud@gmail.com

  • sraghaa (H) 07/02/2016 10:06 X

    Ce colonel BEIBACAR ,n'ayant pu accéder au grade de GÉNÉRAL en veut à tout le monde même à l'histoire .Mais c'est dieu qui donne ou qui .....

  • ahmed12b (H) 07/02/2016 09:21 X

    C'est du bidon! revois ta copie ...Toutes le razzias venaient du Nord même aprés l’indépendance

  • pyranha (H) 07/02/2016 09:16 X

    Méprisable...encore un laudateur sur commande,Dés lecture,à la 2eme ligne j'ai ignoré cet article qui au fond fait perdre du temps. Des gens qui,juste pour plaire et pour assurer leur gagne pain quotidien ,sont prêts au mensonge et à la médisance. jamais ce pays ne s'est senti humilié et petit.

  • mohamed hanefi (H) 07/02/2016 08:41 X

    Les résistants de Oum Tounsi, comme vous l'avez si bien dit, sont les héros de la nation. Sa célébration doit être nationale. Là ou le bas blesse, c'est quand chaque mauritanien, innove pour se privilégier de gloire au détriment des autres. Le pays est un et toutes les résistances doivent être évoquées et consignées dans un livre d'histoire mauritanienne. Il est une règle de bien saillance de commencer par les résistances de petits villages au bord du fleuve Sénégal, ou des hommes, refusant la déportation vers les rangs de l'armée françaises, ont fait preuve de courage extraordinaire. Il ne faut jamais que par exemple la Fatwa de Cheikh Baba ould Cheikh Sidiya, soit interprétée comme une "justification" de la colonisation. Ou une prise de position "aux cotés des mécréants" Mais plutôt comme un choix du moindre mal. Il faut bien admettre que la Mauritanie en ces temps là était bien faible face à la puissance française, en hommes comme en armes. En filigrane de toutes ces "réécritures" de l'histoire, on voit une concurrence féroce, pour un leadership sourd et dur entre les composantes de notre peuple. Ceci aussi comme vous l'avez si bien dit ne favorise pas une unité nationale, qui déjà a le bras en écharpe. L'histoire du pays doit être écrite en intégralité et doit couvrir toute secousse de révolte contre le colon, sur le territoire national. Sans blesser, ni omettre, ni mépriser personne. Elle doit être relatée de façon à ce que les futures générations y voient un sujet de fierté et un exemple à suivre. Il faut que tout mauritanien s'y retrouve et puisse tirer de ce passé plus ou moins récent une sève nationale, pour arroser les racines de l'avenir. A force de tirer la couverture à soi, nous risquons de ne rien couvrir en fin de compte. Nous aurons simplement des tas de petites histoires qui s'affrontent et s'annulent et la postérité n'y verra qu'un effort éprouvant pour relater des chimères.

  • Dangerous (H) 07/02/2016 08:20 X

    Voila un autre canular Uii veut sz faire entendre, il faut arreter le copier coller, ses idées ne sont pas de toi, ce texte est mal ficelé, rien que pour faire parti du milieu Ould Beïbacar, ce dernier à déjà gagner le cœur de ses frères et à jamais il y restera, mais vous les troubadours continuer à faire le jeu des faux pour du faux et usage de faux, bande de nuls sans façon. Cette aéroport devrait porté le nom de l'ancien Président Moctar Ould Daddad et il le sera un jour, Aziz n'est pas éternel et ce jour la vérité sera dite et lu à haute voie.