Le Quotidien de Nouakchott - L’histoire beguerait˗ elle? Comme en 2010, plusieurs quartiers de la ville de Kaédi sont menacés d’inondation suite aux précipitations enregistrées depuis le début de l'hivernage 2016, avec un cumul de 432 mm contre 267 l'an dernier à la même période. Depuis le 16 août 2016, les habitants des quartiers de Madina [plaine Touldé et Gattaga], Kebbé [Est] et Wandama [ouest] ont pour la plupart les pieds dans l’eau.

Les bassins de réception des eaux pluviales et les canalisations [drains] qui les relient sont ensevelis, conséquence de plusieurs années sans curage et dépôt de plusieurs mètres cubes d’ordures et de divers sédiments drainés par les eaux de ruissellement.

80 mm de pluie en 48 heures (les 15 et 16 août) auront suffi pour que les populations de ces quartiers voient leurs habitations submergées, comme c’est le cas des bassins du quartier de Wandama où la plupart des habitations sont en banco, de ceux de la plaine de Gattaga˗ Touldé (Médina) et de Kebbé. La digue qui protège la ville à l’Est pourrait s’avérer trop basse pour contenir la force des eaux du Gorgol noir et de ses confluents.

C’est aussi le cas du côté ouest de la ville [Wandama] où l’eau s’étend à perte de vue sur la plaine dite lerendou, séparée du quartier wandama par une digue trop basse, et où les habitants pataugent dans des eaux boueuses et verdâtres, repaire des moustiques et même de serpents qui menacent la santé et la quiétude des riverains.

Toutes ces zones autrefois inondables et même marécageuses devraient être aménagées et viabilisées par l’autorité compétente avant d’autoriser à y construire des habitations.

Pour Madina, Africa 70, une ONG italienne qui a accompagné durant les années 80, l’urbanisation et l’assainissent de la commune de Kaédi, avait pourtant déconseillé d’y construire des habitations avant d’aligner le terrassement à la hauteur d’un pieu qu’un riverain nous a montré.

Les causes d’une telle situation sont multiples. Mauvais plans de lotissement, absence de politique d’assainissement et d’urbanisation [ plan de développement local], canalisations et bassins de réception des eaux pluviales vétustes [non curés depuis plusieurs années], pilotage à vue, absence de vision prospective [ gouverner c’est prévenirː inondations de 2010 aurait dû service de leçon] de la part de l’administration et des élus locaux depuis plusieurs années, sont entre autres raisons qui ont mené à cette situation de stress qui pèse particulièrement sur les populations des quartiers à risque avec son lot d’impacts environnementaux et sanitaires, aux conséquences dramatiques pour elles, surtout les enfants.

Au lendemain des pluies, les autorités locales ont visité les différents quartiers de la ville afin de constater les dégâts, les évaluer. Mais aussi estimer les risques sanitaires [maladies hydriques] et environnementaux [dégradation du milieu à cause des immondices, des eaux usées et de ruissellement qui envahissent certaines artères de la ville et polluent l’air] et mettre en place un dispositif d’urgence de sauvetage de la situation alarmante qui prévaut chez les habitants des quartiers menacés.

En attendant côté de la mairie, on annonce le démarrage imminent d’un projet d’assainissement de la ville, fruit d’un partenariat avec l’ADP de la WV à Kaédi.

Les autorités administratives et communales ont mis à contribution un engin de l’Ener pour curer quelques canalisations obstruées par des plantes sauvages et des immondices d’ordures, notamment aux alentours du stade municipal de Kaédi et à côté du centre de santé de Touldé.

Une motopompe de petit cylindre déverse les eaux du canal reliant un bassin secondaire (sud marché ) vers le bassin principal déjà plein. Mais la situation demeure précaire et les vannes du ciel ne se sont pas encore refermées, à en croire les prévisions météorologiques qui prévoient des pluies jusqu'en fin septembre.

Un large élan de solidarité des habitants et des ressortissants de Kaédi avec les quartiers sinistrés est plus que nécessaire [ woulaango jamma oppidetaake e gooto]. Les nombreuses ongs nationales et internationales présentes à Kaédi devront aussi participer à cette mobilisation citoyenne indispensable en ces circonstances, tout comme les kaédiens de l’intérieur et surtout ceux de la diaspora, qui semblent se désintéresser de leur ville depuis l’initiative de l’ARK de France, qui avait permis à l’hôpital régional de Kaédi d’acquérir un important lot de matériel médical, il y a plus d’une vingtaine d’années déjà. La relance de l’idée du S.e.r.j.k, plus de 20 après la dernière édition, est plus qu’indispensable.

Mieux vaut tard que jamais; Dimbé a besoin de tous ses ressortissants pour se développer harmonieusement et redorer le blason qu’elle a longtemps arboré et qui a toujours fait sa spécificitéː la solidarité et la fraternité entre tous ses habitants, une cité hospitalière, qui sent bon et où il fait bon vivre.

Vieux GAYE

Cp. Kaédi