01-12-2017 19:00 - Mauritanie : Nos symboles ont la parole
Adrar-Info - Au moment où « la Nouvelle Mauritanie» promet de tout remettre en cause, de tout changer, pour nous amener vers un monde meilleur, il m’a semblé opportun de proposer « un état des lieux » de nos symboles nationaux, au tour desquels, nous nous reconnaissions et nous nous retrouvions.
Il s’agit de repères que nous sous sommes choisis, tout au long de notre histoire, en tant que peuple, en tant qu’Etat et en tant que Nation, qui faisaient notre fierté et le creuset de notre unité.
L’Islam, la religion de tout notre peuple, bâtie au tour d’Al QURÂAN, La Parole d’ALLAH. Le serment de notre IMANE (foi), spontané, sincère et éternel, fait de nous, tous, des esclaves d’Allah et de fidèles adeptes de la Sounna de Son Prophète Mohamed (PSL).
Cet Islam, dont l’enseignement et la pratique ont traversé les siècles et les continents, avec ce que cela comporte comme risque de déformation et de « révision », demeure le référentiel et le recours de tous les Mauritaniens, même si ses « différentes écoles » et leur proximité matérielle avec les pouvoirs politiques, suscitent de nouveaux questionnements au niveau de la jeunesse.
La mondialisation et les événements religieux qui secouent le monde, génèrent des conflits idéologiques que l’Islam est entrain de subir de plein fouet.
Face à de tels dangers et à leurs effets sur les populations Mauritaniennes, nous devons faire nôtre, le célèbre dicton qui dit : « Dieu protégez moi de mes amis, mes ennemis je m’en occupe».
Le drapeau, ce morceau d’étoffe, « quelconque », auquel nous avons attribué une force et une considération qui en font la MALHAFA (voile) de notre dignité, de notre nudité et la symbiose des éléments qui glorifient la diversité et l’unité de la Mauritanie : l’Islam (étoile et croissant), la verdure des régions agropastorales du Sud et le jaune-Sahara, des grands déserts du Nord.
Au cours de notre courte histoire, en tant que Nation, ce drapeau a failli se « déchirer » à plusieurs occasions : 1966 (conflit interethnique), 1975 (guerre du Sahara), 1989 (répression et expulsion des populations négro-africaines).
Aujourd’hui, ce drapeau, auquel les «néo- résistants » ont tenu à marquer de « leur sang », est de nouveau menacé.
Il devra sa survie, et la reconquête de sa symbolique, à un seul homme, un Général, s’appuyant sur un certain référendum, aux résultats contestés.
Combien de temps faudra-t-il pour que le nouveau drapeau prenne la place et le poids psychologique, de l’ancien, dans les cœurs de tous les Mauritaniens ?
L’hymne national, cet appel à la résistance idéologique et à l’Amour d’Allah, écrit par un des plus célèbres Muftis et poètes de notre pays, Elmarhoum Baba Ould Cheikh Sidiya, peut effectivement sembler, aujourd’hui, « désuet », aux yeux de ceux qui estiment qu’il faut ménager nos « partenaires au développement » et autres bailleurs de fonds occidentaux, qui ne doivent pas apprécier « KUN LIL ILAHI NASSIRA… » (Glorifies Allah), premier vers de notre hymne actuel.
On comprend alors que, face au « pragmatisme » du pouvoir en place et de ses théoriciens, ce passage ne soit pas le meilleur argumentaire pour séduire les investisseurs étrangers, y compris certains Arabes, dont le livre de chevet est désormais le très contraignant lexique de la BM et du FMI.
Soit. Mais de là à « taxer » l’auteur de l’Hymne national de « Goumier », il restait un pas à franchir.
On a donc changé l’hymne de façon radicale, tout en oubliant un petit détail qui n’aurait pas dû échapper aux…poètes: « celui qui conteste un vers, doit en proposer un, à la place ».
En tout état de cause, le commun des mortels, peut constater la mort de l’ancien hymne, sans « vibrer », nécessairement, aux notes du nouveau.
La monnaie nationale, a été créée en appui à la nationalisation de la MIFERMA, ex-société française exploitant les mines de fer de Mauritanie, devenue la « SNIM », et pour marquer notre sortie de la Zone franc (CFA), autre symbole de souveraineté vis-à -vis de l’ancienne puissance coloniale.
Sa valeur psychologique a toujours, et de loin, dépassé sa valeur monétaire réelle, face aux grandes devises étrangères.
Mais la charge « affective » que son évocation éveille chez les Mauritaniens, est-elle que « EL OUMLA » (la monnaie) était devenue quasiment sacrée.
C’est probablement ce qui lui a valu d’être épargnée (physiquement) par le vent du changement qui souffle, en ce moment, sur tout ce que le pays compte comme symboles, historique et culturel.
C’est, probablement, grâce au respect traditionnel que la société Mauritanienne voue aux « grandes dames », que l’Ouguiya a pu sauver sa peau, au détriment de sa valeur.
Une telle opération n’est pas sans rappeler « KERYIT MOUNDRICH » qui a souvent été proposée à Moundriche, cette gentille petite bête qui vit dans le désert, et dont il a souvent différer l’exécution : échanger sa chair contre la contenance de sa peau en pièces d’Or. (meliet jilou min edh-heb).
Si nos symboles ont toutes les raisons d’avoir des réserves sur la fiabilité de la « Nouvelle Mauritanie », ils doivent la remercier de leur avoir laissé la possibilité d’exprimer leur état d’âme.
Ahmed OULD MOHAMED