20-01-2018 08:29 - Mauritanie : Quand la SNIM s’endette

Mauritanie : Quand la SNIM s’endette

Afrimag - Le 22 novembre 2017, le conseil d’administration du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a accordé un prêt de 50 millions de dollars EU au profit de la Société nationale industrielle et minière de Mauritanie (SNIM). Une opération anodine, peut-on penser. Mais, dans les faits, cela cache mal les difficultés financières, structurelles même, que connait la première entreprise de Mauritanie depuis 2014.

La justification de cette opération: la SNIM cherche à « améliorer sa compétitivité. » Accordé sur le guichet secteur privé de la BAD, le prêt va permettre « le financement de l’approfondissement et de l’élargissement d’un chenal d’accès de 25 km au port minéralier de Nouadhibou », la capitale économique du pays.

SNIM La réalisation du dragage du chenal a, notamment, pour objectif de permettre à la SNIM d’augmenter ses exportations de fer à travers le renforcement des infrastructures portuaires qui, à terme, seront en mesure d’accueillir des navires d’une capacité allant jusqu’à 230.000 tonnes, contre un maximum de 150.000 tonnes actuellement.

La SNIM, a manqué de vision stratégique ces dernières années, essaie de se rattraper. En s’endettant. Une situation qui rappelle, à bien des égards, la fable de la Fontaine : La cigale et la fourmi.

La cigale ne mange pas de mouches ou de vers et meurt à la fin de l’été ; elle ne peut donc « crier famine » auprès d’une fourmi qui est carnivore et n’amasse donc pas de grain. »

Avoir investi 15 millions d’euros (5 milliards d’ouguiyas) dans un siège de prestige à Nouakchott était, de l’avis de bon nombre d’experts, une grossière erreur. Mais la SNIM répondait à l’injonction de son maître.

Le gouvernement avait décidé que le centre-ville de la capitale du pays doit avoir un nouveau look. Pourtant, la Banque centrale de Mauritanie (BCM) soumise à la même injonction, tarde encore à viabiliser le lot qu’elle avait acquis en 2011. Sans doute tient-elle compte des difficultés économiques que traverse le pays, et qui ne favorisent pas un tel « gaspillage ».

La SNIM a aussi sur les bras le projet de construction d’un hôtel 5 étoiles, à côté du Palais des congrès de Nouakchott. Un autre fiasco puisque la construction de cet hôtel, très en retard, devrait coûter la bagatelle de 60 millions de dollars, selon certaines sources !

Ce sont sans doute ces dépenses fastes et cet éparpillement (c’est la SNIM qui a aussi financé, à coups de milliards, la construction et l’équipement de l’hôpital des spécialités de Nouadhibou) qui ont « déréglé » les finances de l’entreprise.

Toujours est-il que le prêt accordé par la BAD est le bienvenu, s’il peut aider l’entreprise à «améliorer sa compétitivité» et à se relancer. Deuxième employeur du pays, après l’État, avec près de 6400 employés et une contribution d’environ 6,1 % au produit intérieur brut (PIB), la SNIM est un maillon essentiel de l’économie mauritanienne.

Les 50 millions de la BAD devraient générer, à termes, « quelque 380 millions de dollars EU de retombées », et, précise le communiqué de la banque continentale, « le dragage du chenal vise à rendre l’économie nationale plus résiliente et moins vulnérable aux chocs extérieurs, dont la fluctuation du prix du fer».

D’un coût total de 110 millions de dollars EU, ce projet est également cofinancé par la Banque européenne d’investissement (BEI) et la SNIM, respectivement à hauteur de 55 millions et de 5 millions de dollars.

Le partenariat entre la Mauritanie et le Groupe de la Banque africaine de développement compte à ce jour 77 opérations, totalisant 790 millions de dollars EU d’engagements dont 43% de prêts sur le guichet BAD, 55% de prêts et dons du Fonds africain de développement (le guichet concessionnel du Groupe de la BAD) et 2 % de prêts et dons du Fonds spécial du Nigeria.

Depuis 1972, les secteurs de l’industrie et de l’exploitation minière ont représenté 40% des approbations de la BAD au profit de la Mauritanie, suivis par les infrastructures (eau, énergie et transports) avec 20 %, les secteurs sociaux (éducation, santé) avec 13,3 %, le secteur agricole (11,4 %) et enfin le secteur financier (4,3%).

Par Mohamed Sneïba



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