07-03-2018 10:00 - Le plan d’Aziz pour garder la main après 2019

Le plan d’Aziz pour garder la main après 2019

Le Courrier du Nord - Les évènements se précipitent pour donner une image plus claire de ce que mijote la majorité pour que son « champion », le président Aziz, reste aux commandes, après 2019, même en ayant quitté la présidence !

La restructuration du parti au pouvoir, l’Union pour la République (UPR) se précise maintenant comme une action de « récupération », exactement comme la mise à mort du sénat, en août 2017.

A la fin de son mandat, Aziz a eu deux « illuminations » : le sénat est « inutile et incertain » et le « machin » UPR ne joue pas son rôle ! Pourtant, la vérité est ailleurs. Le président aurait pu dire, tout simplement : A nouvelle situation, nouveaux moyens pour continuer à assurer ma mainmise sur le pouvoir.

L’UPR sera plus puissant que le parlement et le gouvernement si l’échafaudage imaginé par Aziz résiste aux multiples pressions (intérieures et extérieures) . Le chef du bureau exécutif de cinq membres que le parti au pouvoir suggère sera plus puissant que le président de la République. Le rôle de « coordination » est un euphémisme pour dire que cette instance sera le poste de commandement (PC) à partir duquel Aziz continuera à donner ses ordres au gouvernement et au parlement dont les patrons (le Premier ministre et le président de l’assemblée) se trouvent justement sous sa coupe au sein du triumvirat « président de l’UPR-Premier ministre-président de l’assemblée » dont le rôle est de contrôler le « pouvoir » du président de la République « élu », après avoir été désigné pour succéder à l’actuel homme fort du pays.

Mais tout doit être bâti sur la confiance pour que ce plan fonctionne. Ce montage, qui est une variante de celui élaboré par Aziz et Ghazouani (alors hommes forts de l’armée), a besoin de la conjugaison de plusieurs circonstances favorables pour fonctionner sans dérapages.

Il faut d’abord que le reste de la majorité (et même au sein de l’UPR) que tous ceux qui gravitent aujourd’hui autour du pouvoir soient sur la même longueur d’onde. A défaut de cela, le prix à payer pour la fidélisation des leaders d’opinion et des grands électeurs (chefs de tribus, présidents de partis, d’ONG, généraux, etc) sera exorbitant. D’ailleurs, cette partie de la manœuvre a déjà commencé avec la promotion au grade de général de colonels dont il faut s’assurer le soutien, et la nomination au secrétariat général de la présidence d’un « cheikh » de Boutilimit, ville de l’opposant historique Ahmed Ould Daddah.

La survie du Système passe par la mobilisation autour de ce plan que révèlent les paroles du président Aziz quand il dit : « rien ne changera, même quand je ne serai plus à la présidence ».

Il faut aussi, pour y arriver, que l’Armée soit « sous contrôle », ce qui laisse supposer que, contrairement, à ce qui se dit, le président travaillera au maintien du général Ghazouani à la tête de la Grande muette, le temps qu’il faudra pour favoriser son retour à la présidence. Ce qui laisse supposer que le président qui viendra, après 2019, sera, lui aussi, victime d’une « rectification » dont la durée sera plus ou moins longue en fonction de la situation qui prévaudra.

Ainsi, il y a de fortes chances que ce plan réussisse si le peuple (et non l’opposition) ne se dresse pas contre la situation vécue en 2008, en refusant de suivre l’UPR dans cette nouvelle mise en scène. Le calvaire vécu durant les deux mandats d’Aziz peut servir de catalyseur pour provoquer une alternance à la sénégalaise quand, le président Wade, désireux de prolonger son pouvoir, en tripotant la constitution, en 2012, a été chassé par le verdict des urnes. La seule chose que peut faire l’opposition, dès à présent, est de travailler pour que les élections se déroulent en toute transparence.

Mohamed Ould Brahim



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Commentaires (9)

  • synthetiseur (H) 07/03/2018 22:17 X

    Bertrand, "Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n'est pas victime... Il est complice !" dixit Georges Orwell, pas moi. A la fin du mandat de Aziz les mauritaniens et surout leurs tetes pensantes s'il y'en a doivent pour une fois méditer cette citation. Ils doivent savoir qu'avec le système actuel et après plus 58 ans d'indépendance, nous en sommes toujours à la manipulation des pauvres populations par des notables tribaux, des fonctionnaires, des hommes d'affaires, des politiciens, pour certains verreux jusqu'à l'os...Il faut qu'un sursaut patriotique nous pousse à aider le citoyen à se prendre en charge à se libérer de l'asservissement de l'esprit à faire l'apprentissage de l'honnete, du discernement et de la perspicacité dans le libre choix et selon sa conscience et sa conviction. Quels que seront les projets économiques mis en branle, leur effets induits seront toujours diminués sans cette prise de conscience intrinsèque par les populations de leur interets dans les modèles proposés. L'exemplarité des leaders et des leaders d'opinion est elle aussi capitale dans la construction d'esprits libérés, indépendants et engagés dans un processus de reprise en main par les peuples de leur destin. Ce message vaut aussi bien pour ceux qui ont depuis des décennies échoué dans cette oeuvre que pour ceux qui seront aux commandes en 2019.

  • yawonni (H) 07/03/2018 16:30 X

    En attendant le chant du coq gardons à la fois espérance de ce que se fera apres le chant.Traiter notre Président déja de manipulateur relève de la gratuité. Il est plus sage de se préparer pour l'accompagner vers la grande porte de sortie et de voir comment accueillir le nouveau guide. Le chant du coq nous illustrera.

  • Bertrand (H) 07/03/2018 13:54 X

    Vœux pieux. Notre problème est que nous ne sommes pas convaincu de l'opposition car ses pratiques sont anachronique. Elle ramènera le pays dans l'instabilité et nous deviendrons les otages des autres. Le pouvoir actuel est féroce, il nous donne des coups tous les jours et ses mentors mangent goulûment. Admettons que tout cela rime à quelque chose. Y a-t-il pour le moins une alternative autre que l'anarchie, donc la déliquescence de l'Etat. Au risque de vous déplaire la démocratie est une vilaine utopie. Elle était supposée être un remède, mais faut-il encore, un peuple éduqué, un citoyen conscient, qui a de quoi se nourrir, ou loger et un minimum de conditions de vie. Nous devons peut être prier pour être gouverné par un bon dictateur et les deux mots ne sont pas antinomiques. Ce sont les bons dictateurs qui ont construits les pays ceux qui sont élus sont venu pour détruire ce qui a été réalisé. Mais comme nous ne pouvons pas avoir un bon dictateur par appel à candidature, et comme les urnes ne nous ne nous sortiront que de petits parvenus otages des otages, nous avons peut être intérêt à garder Aziz et son équipe des armées, car c'est l'un des meilleurs dictateurs, démocrate à ses heures que notre pays à connu. Notre pays n'est pas encore capable de pondre un Kim Jong One, ni un Ahmedi Nejad Cherif, ni un Perwiz Moucharraf, en raison de la faiblesse de nos moyens et du poids de notre pays. Aziz vu sous cet angle n'est pas aussi mauvais que vous cherchez à nous en convaincre. Nous resteront à la traîne, sauf, peut être, à faire une fédération d'états avec le Maroc, la Tunisie, l'Algérie, le Sénégal, le Mali et la Guinée.

  • leguignolm (H) 07/03/2018 13:40 X

    Ceci est possible quand on est dans une monarchie!

  • medabdul (H) 07/03/2018 12:23 X

    @ MOHAMED OULD BRAHIM tu as tout faux;refonte de l'upr;conclave et autre refondation sont des manœuvres de rupture.de diversion ;2019 se fera a la ERDOGAN de turquie;seul le peuple est souverain;le peuple est au dessus de la constitution et de la bible si tu veux;c'est ça la botte de AZIZ a terme

  • samboy (H) 07/03/2018 11:19 X

    pour quoi pas, il se sait que les mauritaniens sont des moutons affamés il peut même faire un troisième mandat.

  • Kouleyb (H) 07/03/2018 11:14 X

    Dans l’imaginaire des deux « imaginants » (Aziz et l’auteur de l’article), il faut bien imaginer un scénario qui permettrait à Aziz de retrouver la Présidence, en 2029, avec des pouvoirs supérieurs à ceux du BPN. On imagine que ce sera difficile, si le mot « difficile » va garder son sens d’ici là.

  • mystere1 (F) 07/03/2018 10:51 X

    Waw ! non notre prési MOAZ a du force de caractère ! il s'impose sans timidité, ni peur devant tous !

  • Ya-Biladi (H) 07/03/2018 10:32 X

    Qui se croit maître de la situation de demain se trompe lourdement et gare à ceux qui croient à ce plan machiavélique d’un autre âge, Aziz se met le doigt dans l’œil, il ne sait même pas que les mauritaniens cherchent un changement en profondeur, il se trompe encore dans ses calculs de commerçant vendeur de charbon, le plan qui marchera demain serait son départ de la présidence, le futur présidence, même s’il est une marionnette de la dernière heure politique n’acceptera de se soumettre, Ghazwani ou généraux ne lui seront d’aucune utilité. La Mauritanie n’appartient à aucun d’entre nous, elle nous appartient tous, chacun vient et part, Aziz se trompe dans ses calculs et son jeu, ses proches vont le "liquider" après quelques heures qu’il est sortie du palais, il ne les reconnaîtra plus.