10-03-2018 19:30 - Mauritanie: polémique et surenchère sur la cohabitation

Mauritanie: polémique et surenchère sur la cohabitation

Le360 - Un débat relatif à la cohabitation entre communautés, hautement polémique, marqué par la surenchère, agite une partie de la scène mauritanienne suite à une déclaration du leader de l’Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Réconciliation (AJD/Mr), Sarr Ibrahima Moctar.

Dans un entretien exclusif publié cette semaine par «Sud Quotidien» le doyen des organes de la presse privée au Sénégal, Sarr Ibrahima Moctar, député, ancien détenu de la célèbre prison de Oualata, sous le magistère de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, 2 fois candidat malheureux à une élection présidentielle, n’a pas pris de gants pour dénoncer le système politique mauritanien qualifié de «féodal, ségrégationniste et raciste».

Se montrant plus précis, l’élu a même lancé un avertissement: «dans 5 à 6 ans, il n’y aura plus de noirs dans l’administration mauritanienne». Une réalité, malheureusement, que partagent de nombreux négro-mauritaniens (composante non arabe de la Mauritanie) qui intègrent de plus en plus difficilement la fonction publique à cause de leurs lacunes en langue arabe.

En effet «ce soixante-huitard reste convaincu que le système politique de son pays a atteint ses limites». Décrivant des pratiques honnies, il signale que «les gens sont cooptés à partir des grandes familles, que ce soit chez les négro-africains, ou les maures, c’est un système esclavagiste. Les autorités reconnaissent l’existence de séquelles du phénomène, mais en vérité, dans certains coins de la Mauritanie, il s’agit d’une pratique véritable de l’esclavage comme dans les temps anciens».

Face à ces propos, la réplique du gouvernement est tombée jeudi après-midi. S’exprimant à l’occasion d’un point de presse consacré aux commentaires des résultats de la réunion hebdomadaire du conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Mohamed Lemine Ould Cheikh, a répondu à la déclaration du député.

Le responsable gouvernemental a condamné «un discours extrémiste, tenu à travers des propos excessifs et de la part d’un homme politique extrémiste». Mohamed Lemine Ould Cheikh a par la suite déploré le fait que, de temps à autre, des individus reprennent pareil discours au-delà du leader de l’AJD/MR qui prétend «qu’une minorité composée de Maures blancs contrôle les commandes de l’Etat au détriment d’une majorité imaginaire».

Le débat sur la cohabitation en Mauritanie revient devant la scène à intervalle plus ou moins régulier depuis 1966 avec un épisode douloureux et sanglant à la fin des années 1980, sous le règne du président Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya. Une période marquée par une spirale de répression contre les cadres et la communauté négro africaine.

Dans le contexte actuel, le débat sur la cohabitation communautaire refait surface à moins de 18 mois d’une élection présidentielle prévue en 2019, mais aussi des législatives, régionales et municipales inscrites dans l’agenda républicain en cette année 2018.

Une période préélectorale «propice à toutes les formes de surenchères politiques et même politiciennes, pour draguer un électorat bien ciblé» déplore un analyste.

Ainsi, parmi les conclusions des journées de concertation organisées cette semaine par l’Union pour la république (UPR), principal parti de la majorité et fer de lance du président Mohamed Ould Abdel Aziz (qui ne sera pas candidat cette fois) pour les grandes conquêtes électorales, figure une recommandation relative à l’introduction des langues nationales (Peule, Soninké et Wolof) dans le système éducatif.

Répondant à cette sollicitation, le Pr Lô Gourmo Abdoul, vice-président de l’Union des forces de progrès (UFP, opposition), renvoie le parti présidentiel à ses chères études «politiciennes» en lui suggérant d’abord l’officialisation de ces trois langues au même titre que l’arabe.

Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya




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Source : Le360 (Maroc)
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Commentaires (3)

  • boubou_kibili (H) 11/03/2018 08:25 X

    L'honorable deputé Mr Sarr a parfaitement raison sur toute la ligne. Seuls les menteurs et je pese mes maux peuvent dire le contraire et c'est le cas des tenants de ce systeme inique bien connu dans notre pays dont Ould Taya a été un des champions et que ces heritiers ce parti Etat (Union pour Rien) et son parrain ont developpé, enrichi.Nous ne nous lasserons par inpressionne par ce Ministrion de la COMM car ce que dit Mr Sarr est dit haut ou bas par cette couche negroafricaine (Soninké, Pular et Wolof). Eh oui dans un pays où la division descmmunautés est devenue une stratégie du Gouvernement alors chacun s'occupe de son probleme. D'ailleurs toutes les campagnes qui vont suivrent au cours de cette année et l'année prochaine Inchaa Allah nus martelerons cela et le diront aussi fort ici en Mauritanie d'abord et à l'extérieur et qu'advienne pourra. Ce racisme d'Etat ne peut plus durer pour nous et surtout nos enfants. Alors que ce pouvoir fnisssant que le prochain le sache. La RIM sera pour tous en respectant leur droits et devoir où ne le sera pas. Point Barre.....

  • MAROU2015 (H) 11/03/2018 07:45 X

    Sarr a peut être raison concernant l unité nationale indispensable mais l esclavage n existe pas en Mauritanie pour la simple raison que ceux qui sont supposés esclaves se plaisent de leur etat et ne s empleignent pas. Ils se moquent même de ceux qui croient les défendre comme S'arrête. C est l unité nationale au il faut toujours défendre SVP.

  • gongiyanké (H) 10/03/2018 20:14 X

    Bien dit IMS.Le raciste et ethnogenocidaire de la Mauritanie incarné par le putschiste Aziz et ses quelques négrillons de service a pour but d'effacer les noirs de toutes les affaires du pays. Il nous appartient de lutter contre ce systeme pourri. Concernant les NDS, qu'ils se mettent dans la cervelle qu'ils ne seront pas à l'abri des effets néfastes du systeme fasciste mauritanien. Freres vendus, inspirez vous des Harkis algériens apres le depart des colons. Demain il fera jour. LLC