01-08-2018 11:28 - L'Editorial du Calame : Bienvenue au cirque !

L'Editorial du Calame : Bienvenue au cirque !

Le Calame - Dans un mois jour pour jour, les Mauritaniens sont appelés à élire leurs conseils régionaux, députés et maires, dans une opération qui s’apparentera plus à une foire d’empoigne qu’à des élections proprement dites.

À part une dizaine de formations qui peuvent se prévaloir de programme plus ou moins cohérent, la centaine d’autres qui se lanceront dans la bataille n’ont de partis que le nom. La décision du gouvernement de dissoudre tout parti qui ne se présente pas à deux consultations électorales successives ou n’obtient pas plus de 1 % de votants les a soudainement réveillés de leur torpeur.

Résultat des courses : certains ont cédé leurs partis gracieusement, d’autres ont carrément vendu des places sur leurs listes – les meilleures, bien évidemment –, tous ont accueilli des mécontents, particulièrement du parti/État qui n’est pas parvenu à satisfaire les demandes des milliers de candidats à la candidature.

Rien qu’à Nouakchott, plus de quarante listes se disputeront les suffrages des électeurs, dans chaque moughataa, sans compter les listes nationales qui dépassent la centaine. A l’intérieur du pays, la concurrence, aiguisée par les enjeux locaux et un tribalisme exacerbé, fait voler l’électorat en éclats.

Avec de non-négligeables risques de débordement. Face à cette inflation de candidats, de partis et de logos, comment la Commission électorale pourra-t-elle confectionner les bulletins de vote, les acheminer à l’intérieur du pays dans des délais aussi courts ; en bref, organiser des élections transparentes et crédibles ? Cela relève, au bas mot, des travaux d’Hercule.

Et, si jamais la consultation est organisée comme prévu, comment les électeurs arriveront-ils à s’y retrouver, avec autant de bulletins de vote ? Lors des élections de 2013, avec moins de formations politiques, le parti arrivé en tête fut celui des bulletins nuls.

Imaginez le pauvre citoyen perdu, derrière l’isoloir, avec des logos pleins la tête, ne sachant pas quoi faire. Ce serait un miracle si tout le monde réussissait à voter correctement. Une fois l’opération achevée, ce qui ne sera pas une mince affaire, il est illusoire de penser un instant qu’un parti pourrait obtenir une majorité à l’Assemblée nationale.

L’UPR – PRDS nouvelle version, l’argent en moins – risque de payer très cher ses mauvais choix. Il est contesté partout et certains gros bonnets n’hésitent plus à soutenir ouvertement des listes concurrentes.

L’opposition risque, elle aussi, de faire les frais de ses atermoiements et de son manque de moyens. Beaucoup de petits partis devraient, du coup, profiter de la situation et, jouant sur la fibre tribale et régionale, obtiendront des postes de maire et de député un peu partout dans le pays.

En temps normal, il aurait été pratiquement impossible de fédérer autant de monde dans une majorité parlementaire mais les choses ont changé en catimini. La loi sur la transhumance politique a été abrogée en douce et n’importe quel député peut quitter son parti et conserver son mandat.

Sentant le vent du boulet, Ould Abdel Aziz a voulu prendre les devants et préparer, comme en 2006, un bataillon de députés, issus de divers horizons, pour se constituer, au final, une majorité à sa botte. Et si tout ceci n’était, somme toute, qu’un cirque destiné nous faire avaler, au final, de nouvelles couleuvres ?

Ahmed Ould Cheikh



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Commentaires (3)

  • abdi10 (H) 04/08/2018 10:23 X

    Nous aussi nous avons besoin de savoir qui se cache derrière cette "Association main propre"? Il roule pour qui? A lire cet article de Ahmed O/ Cheikh, un de nos meilleurs journalistes, on ne peut qu'être fier de lui. Il fait une analyse sans complaisance de la situation politique du pays à la veille des consultations électorales./

  • sammbasy (H) 01/08/2018 19:25 X

    @ASSOCIATION MAIN PROPRE, heureusement tu n'as qu'une seule main propre. L'autre main, qui est forcément sale, est celle qui écrit tous tes commentaires. AOC n'a soulevé que des faits objectivement vérifiables : nombre de listes, de candidats, delai trop court, empoignades à UPR-PRDS pendant les investitures etc. Qui se sent morveux se mouche!

  • ASSOCIATION MAIN PROPRE (H) 01/08/2018 17:54 X

    Nous aimerons connaitre cette (plume) anonyme, qui écrit régulièrement pour Ahmed Ould Cheikh. Ce prête-plume ou journaliste fantôme qui est l'auteur des articles torchon signé AOC, risque d’être dévoiler au grand public. AOC n'est ni un journaliste ni un écrivain. Mais un type qui se prend tout simplement pour un journaliste. Être journaliste n’est pas facile, il faut posséder de multiples qualités, au-delà des compétences rédactionnelles, un vrai journaliste est consciencieux et s'attache à vérifier les informations dont il dispose avant de les diffuser ce qui est loin d'être le cas d’AOC. VIVE AZIZ ET VIVE LA NOUVELLE MAURITANIE