24-08-2018 21:00 - Le Maroc nomme un ambassadeur en Afrique du Sud après douze ans d’absence

Le Maroc nomme un ambassadeur en Afrique du Sud après douze ans d’absence

Jeune Afrique - Youssef Amrani a été nommé le 20 août ambassadeur du Maroc à Pretoria. Le dernier ambassadeur marocain dans le pays avait été rappelé en 2006, après la reconnaissance par l'Afrique du Sud de la République arabe sahraouie démocratique (RASD).

« Cela ne saurait tarder. On vous communiquera le nom en temps voulu… » À Rabat, depuis 2016, on répondait souvent ainsi à ceux qui demandaient si le Maroc comptait envoyer un ambassadeur en Afrique du Sud. C’est maintenant chose faite. Youssef Amrani a été nommé ambassadeur en Afrique du Sud lundi 20 août lors d’un Conseil des ministres présidé par le roi Mohammed VI.

Sahara occidental


Talal Rhoufrani, le dernier ambassadeur marocain en poste à Pretoria avait été rappelé en consultation en 2004 puis, définitivement, en 2006. La décision avait été prise dans la foulée de la reconnaissance par la nation arc-en-ciel de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), en septembre 2004.

Youssef Amrani n’est pas un inconnu. Il a été nommé ministre délégué aux Affaires étrangères dans le premier gouvernement d’Abdelilah Benkirane, en 2012. Technocrate mais partisan à l’Istiqlal, parti historique marocain, il accompagnait alors le ministre islamiste Saadeddine El Othmani, appelé à la tête de la diplomatie chérifienne, un secteur « de souveraineté » sur lequel le Palais garde la main. En 2013, Amrani a rejoint le Cabinet royal en tant que chargé de mission, poste qu’il occupe toujours.

Les relations étaient glaciales entre Pretoria et Rabat depuis une dizaine d’années. En plus de la question du Sahara occidental, plusieurs épisodes, à l’image de la compétition qui s’est jouée entre les deux pays pour l’accueil de la Coupe du monde de football de 2010, achèvent d’installer la brouille.

Liens économiques

Mais, malgré les dissensions diplomatiques, les échanges commerciaux continuent : le Maroc a ainsi importé l’équivalent de 1,8 milliard de dirhams (environ 165 millions d’euros) d’Afrique du Sud et exporté pour 654 millions à destination du pays.

Depuis 2006, les acteurs du monde économique marocain ont été nombreux en faveur d’une réouverture des relations diplomatiques. Depuis 2016, les indices laissant à penser à l’envoi éminent d’un ambassadeur se multiplient. Cette année-là, un nom est même avancé pour le poste : celui d’Abdelkader Chaoui, ancien journaliste et militant marxiste passé par la prison sous Hassan II pour son engagement politique. Des raisons de santé l’auraient cependant empêché de prendre le poste.

Dans le même temps, les voix appelant au pragmatisme et au compromis avec le géant continental se font de plus en plus audibles, aussi bien dans les couloirs des ministères marocains que dans le secteur privé et la société civile.

Réchauffement

Le retour du Maroc au sein de l’Union africaine – auquel des voix sud-africaines s’étaient opposées – facilite dès 2017 les rencontres formelles et informelles entre les parties marocaines et sud-africaines. Avec l’Afrique du Sud comme avec le Nigeria, autre soutien historique à la RASD, Rabat semble décidée à adopter une attitude marquée par le dialogue après des années de froid. En novembre 2017, Mohammed VI et Jacob Zuma s’entretiennent en marge du sommet Union africaine – Union européenne et se prêtent même à une séance de photographie symbolique.

Les récentes dynamiques internes au Congrès national africain (ANC), le parti au gouvernement en Afrique du Sud, ont aussi accéléré le réchauffement entre Rabat et Pretoria. Dans le parti, la montée en puissance de Nkosazana Dlamini-Zuma, ministre des Affaires étrangères jusqu’en 2009, ex-présidente de la Commission de l’Union africaine, froissait Rabat : elle faisait office de chef de file pro-Polisario dans son parti.

La victoire de Cyril Ramaphosa, élu à la tête de l’ANC après un duel serré face à Nkosazana Dlamini-Zuma en décembre 2017, avait soulagé au Maroc, et levé le dernier obstacle à une reprise des relations diplomatiques.

Par Jules Crétois



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Source : Jeune Afrique
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