27-10-2018 21:00 - Affaire Khashoggi : les 18 suspects seront jugés en Arabie saoudite

Le Parisien - Contrairement à ce qu’espérait Ankara, les meurtriers présumés de l’opposant au régime de Ryad seront jugés dans le royaume et non pas en Turquie, où le crime a eu lieu.
Hatice Cengiz, la fiancée de l’éditorialiste saoudien assassiné début octobre Jamal Khashoggi, a dit espérer que « tous les responsables impliqués dans cette barbarie, du plus bas au plus haut niveau, soient punis et traduits en justice. » Or ce samedi, Ryad a confirmé son refus d'extrader ses meurtriers présumés vers la Turquie, où l’opposant au régime est mort dans d’étranges circonstances au sein de l’ambassade saoudienne.
Contrairement à ce que demandait Ankara, les 18 suspects ne seront donc pas jugés dans le pays où ils ont a priori commis le crime mais plutôt dans celui qui les a potentiellement commandités, selon les craintes d’autres opposants au régime du prince héritier Mohammed ben Salmane (« MBS ») et son père.
Depuis le début, les responsables turcs estiment eux aussi que le journaliste saoudien - qui vivait aux États-Unis depuis 2017 et collaborait avec le Washington Post - a été victime d'un assassinat, soigneusement planifié et perpétré par une équipe d'agents venus d’Arabie saoudite.
Une «opération non-autorisée» par le prince
Après avoir nié sa mort, les autorités saoudiennes, sous la pression internationale, ont fini par admettre cette semaine que Jamal Khashoggi avait été tué au consulat lors d'une opération « non autorisée », soutenant que le prince héritier n'était pas au courant.
« Sur la question de l'extradition, ces individus sont des citoyens saoudiens. Ils sont détenus en Arabie saoudite, l'enquête est menée en Arabie saoudite et ils seront poursuivis en Arabie saoudite », a toutefois fermement déclaré ce samedi le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir.
Le ministre américain de la Défense a lui prévenu l'Arabie saoudite que le meurtre de Jamal Khashoggi « devait tous nous inquiéter grandement », car il affecte la sécurité dans la région. « Lorsqu'une nation cesse de respecter les normes internationales et la loi, elle affaiblit la stabilité régionale au moment où elle est la plus nécessaire », a ajouté le chef du Pentagone qui jusque là s'était montré très discret sur cette affaire.
Le corps de l’éditorialiste n'a toujours pas été retrouvé.
Reuters / Hamad Mohammed