19-11-2018 22:30 - Corentin Martins : «J’ai parfois plus peur à Paris qu’en Mauritanie»

Corentin Martins : «J’ai parfois plus peur à Paris qu’en Mauritanie»

Le Parisien - L’entraîneur français vient de qualifier la Mauritanie pour la Coupe d’Afrique des nations pour la première fois de son histoire.

Dans ce pays déconseillé aux touristes français, il estime travailler sans crainte. Le football français l’avait un peu perdu de vue depuis trois ans, mais l’ancien international (14 sélections) Corentin Martins s’est rappelé à son souvenir en entrant le week-end dernier dans l’histoire de la Mauritanie.

Sélectionneur du pays depuis février 2015, il a réussi l’exploit de le qualifier pour la prochaine Coupe d'Afrique des nations (du 15 juin au 13 juillet 2019 au Cameroun) après un succès face au Botswana (2-1), à Nouakchott. La Mauritanie, 104e au classement FIFA, n’avait jamais réussi une telle performance.

Alors que le pays est classé à risques par la diplomatie française depuis l’attentat suicide perpétré contre l’ambassade de France le 8 août 2009, Martins revient sur ses performances et ses conditions de travail.

Vous avez réussi le doublé Coupe-championnat avec Auxerre en 1996. L’exploit avec la Mauritanie est-il aussi fort dans votre panthéon sportif ?

CORENTIN MARTINS.
C’est en tout cas celui qui m’a donné le plus de satisfaction dans ma vie sportive. La Mauritanie était vraiment un Petit Poucet et cet exploit est majeur dans la vie de ce pays. Les larmes des joueurs, des dirigeants et des supporters après le match me l’ont confirmé. C’était beau.

Dans quelles conditions vous êtes-vous retrouvé à ce poste ?

Je venais d’être licencié de mon poste de directeur sportif à Brest (Ligue 1) et le président de la fédération mauritanienne m’a contacté. Il savait que j’avais côtoyé deux Mauritaniens (Diallo Guidileye et Adama Ba) à Brest. Au feeling, j’ai eu envie de me lancer dans cette aventure.

Quelles conditions de travail avez-vous trouvé ?

(Sourires) Ça changeait de la France ! À Nouakchott, quand je suis arrivé, il y avait onze équipes de première division et… trois terrains synthétiques seulement ! Il fallait trouver les bons créneaux pour s’entraîner. Maintenant, il y a des terrains en plus. Et, surtout, alors qu’il n’y avait qu’un seul championnat, il existe désormais une deuxième division et des compétitions de jeunes.

Concrètement, comment travaillez-vous ?

Je me rends environ une fois par mois en Mauritanie observer le championnat local dont le niveau est près du National 2 en France. Mais il y a plein de joueurs qui évoluent en Egypte, au Maroc, en Tunisie, en France, en Géorgie ou en Azerbaïdjan. Eux, je les observe à travers une base de données et je les ai régulièrement au téléphone. Dans ma sélection, il y a 17 joueurs qui sont expatriés.

Souffrez-vous de problèmes de sécurité ?

Ça, c’est un cliché. Croyez-moi, j’ai parfois plus peur à Paris qu’en Mauritanie ! Je me déplace en voiture sans soucis. Mais en France, on reste bloqué sur les attentats de 2009. Pour construire mon staff, j’avais contacté deux personnes qui ont refusé de me suivre car leur famille avait peur. Mais, je le répète, je ne me sens pas en danger.

Cette qualification peut-elle vous ouvrir des portes en France ?

Je serai en fin de contrat en décembre et la fédération mauritanienne souhaite me prolonger. Mais je sais bien que quand un entraîneur a des bons résultats, des portes peuvent s’ouvrir. Pour citer Marcelo Bielsa : « J’irai où le football m’emmènera. » Je suis mon instinct.

Christophe Bérard



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