13-01-2019 08:46 - Appel à la résistance au coup d’Etat contre la Constitution| Par Mohamed Ould Bouamatou

Mohamed Ould Bouamatou - La gestion désastreuse du régime au cours de ces dix dernières années s’est soldée par un échec retentissant sur tous
les plans.
Les richesses minières et halieutiques ont été bradées au profit d’une poignée d’intermédiaires et de prête-noms qui
accumulent des fortunes immenses au moment où la majorité des Mauritaniens vit dans l’extrême pauvreté, sans
accès au service minimum de santé et d’éducation.
Les marchés de l’Etat sont captés par les mêmes réseaux de prédation.
Des centaines de milliers de jeunes, victimes du chômage, sont privés d’avenir et d’espoir.
Les prix ne cessent de grimper sous l’effet conjugué de la dévaluation de l’ouguiya et du monopole d’importation
accordé à quelques individus dans l’entourage du président. La dette extérieure culmine autour de 100% du PIB. Les
entreprises publiques sont liquidées à la sauvette, les unes après les autres, laissant des milliers de travailleurs sans
revenu.
Les opposants politiques sont persécutés et font systématiquement l’objet de poursuites et d’arrestations arbitraires.
L’unité nationale est menacée par l’incurie et l’impudence du régime.
Après avoir conduit notre pays au bord de la faillite économique et de l’explosion sociale, le dictateur s’entête
aujourd’hui à s’accrocher au pouvoir au mépris de la Constitution qui lui interdit de briguer un troisième mandat.
Non content d’avoir profané et foulé au pied tous les symboles de la Nation que représentent l’hymne, le drapeau et
la monnaie nationale, il vient de franchir une étape supplémentaire dans la réalisation de son plan diabolique visant
à réviser la Constitution pour lever la limitation à deux mandats présidentiels et ouvrir ainsi la voie à une présidence
à vie ou tout simplement, comme il l’a évoqué lui-même à plusieurs reprises, à l’instauration d’un régime
monarchique.
Pour ce faire, le dictateur a recours cette fois à une soi-disant initiative parlementaire animée par une poignée de
parvenus ayant trempé dans tous les crimes économiques du régime.
Face à la situation gravissime ainsi créée et aux dangers redoutables qu’elle fait courir à l’unité et à la stabilité de
notre pays , je lance un appel à tous les députés attachés à la démocratie et au principe de la séparation des pouvoirs
afin de barrer la route au coup d’Etat que le dictateur putschiste tente de fomenter, une fois de plus, contre la
Constitution.
Les sénateurs de la Haute Chambre, dissoute par un référendum anticonstitutionnel en Août 2017, doivent se joindre
aux forces vives de la Nation pour défendre la démocratie et la liberté contre la tyrannie d’un régime finissant. Ils sont
les élus légitimes du peuple et doivent, à ce titre, prendre leurs responsabilités dans les circonstances graves et
exceptionnelles que traverse notre pays.
Je lance un appel aux partis politiques, aux syndicats et aux organisations de la société civile pour prendre part à la
résistance du peuple contre la tentative désespérée du dictateur de rester au pouvoir.
J’appelle tous les jeunes et tous les citoyens attachés à la liberté et à l’alternance démocratique à résister à ce nouveau
coup d’Etat contre la Constitution en occupant le parlement afin de défendre les acquis démocratiques arrachés de
haute lutte par notre peuple au prix d’efforts et de sacrifices vaillamment consentis par des générations de
Mauritaniens depuis l’accession de notre pays à l’indépendance.
Je lance un appel à tous les jeunes écœurés et révoltés par l’injustice et l’arbitraire et à tous les citoyens mauritaniens
épris de dignité afin de créer un large mouvement « Balai citoyen » pour débarrasser notre pays des réseaux politicomafieux
qui ont détourné les biens de l’Etat et pillé les ressources du pays. Notre combat s’identifie à celui des
peuples qui, par la lutte héroïque de leur jeunesse, ont libéré leur pays et chassé les dictateurs. L’heure est venue de
nettoyer les écuries d’Augias de ce régime en fin de règne qui empeste la corruption , la prévarication et le népotisme.
L’Appel du 12 Janvier 2019
Mohamed Ould Bouamatou