27-02-2019 16:33 - Les bandes criminelles dictent leur loi en Mauritanie

Les bandes criminelles dictent leur loi en Mauritanie

L'Authentique - Avec le départ massif à la retraite ou pour d’autres raisons de la vieille école, celle qui a longtemps fait la fierté de la police nationale et de la gendarmerie, et avec l’arrivée d’une nouvelle génération de têtes peu formées, peu expérimentées et peu consciencieuses, les gangs et autres bandes criminelles se la donnent à cœur joie, livrant Nouakchott à une criminalité contre laquelle butte nos traqueurs endimanchés. Résultat, des dossiers de crimes, cambriolages, viols et autres larcins non élucidés.

Les braqueurs de la banque Attijari de Bouhdida (juin 2018) courent toujours avec leur butin. Beaucoup d’autres crimes sont restés des énigmes non élucidés, comme le meurtre du professeur Cheikh Ould Hormatallah (mai 2018) ou plus récemment celui du jeune cambiste Ould Berrou, enlevé, poignardé puis brûlé.

C’est le cas encore de ces dizaines de disparitions mystérieuses d’enfants, de jeunes filles, la recrudescence des vols à mains armées en plein jour, des cambriolages organisés avec effraction, suivis souvent de viols crapuleux.

La police ne sait plus à quel saint se vouer et les citoyens sous quelle citadelle se cacher, tellement la criminalité semble être l’activité la plus lucrative dans un pays où le taux de chômage des jeunes frisent les 70%, face à l’échec de toutes les politiques d’emploi.

Aujourd’hui la population mauritanienne dans les grandes villes, Nouakchott, Nouadhibou, Rosso n’est plus la seule visée. Des localités jusque-là épargnées, celles de l’intérieur du pays, ne sont plus en sécurité face à une criminalité qui a étendu ses tentacules partout.

Kiffa,Tintane, Aïoun, Timbédra, et récemment Sélibaby, à l’extrême pointe orientale et sud du pays, ont été frappées par des vagues d’insécurité et de viols d’enfants. Toute la Mauritanie semble aujourd’hui vivre dans une psychose sous l’assaut de bandes criminelles de plus en plus hardies, de plus en plus professionnelles, à l’heure où les appareils sensés les contenir s’empêtrent dans l’incompétence, l’absence de jugeote et de flair. Le gibier criminel semble ainsi avoir toujours une longueur d’avance sur ses traqueurs.

Cette peur latente et insidieuse qui sévit dans le pays a de quoi légitimer cette levée de boucliers et ces milliers de voix qui crient contre l’insécurité, face à une terreur nationale qui a étalé ses tentacules partout, jusqu’aux hameaux les plus reculés, bousculant des habitudes de vie bâtie jusque-là sur la quiétude et un sentiment de plénitude sécuritaire.

Il est hélas fort probable que d’ici peu de temps, les campagnards qui avaient jusque-là l’habitude de dormir sous la belle étoile en laissant portes et fenêtres ouvertes n’aient plus cette même insouciance.

Conséquence de cet état de fait, ce sont les risques de voir s’organiser une justice parallèle, la justice personnelle et celle de la rue, avec une population de plus en plus surarmée pour se défendre et défendre leur famille, à l’heure où l’Etat semble avoir démissionné de ses pouvoirs régaliens, incapable qu’il est d’assurer la sécurité publique et garantir la paix sociale.

La Mauritanie, pays islamique, ne l’est en réalité que de façade. On n’y coupe ni les mains des voleurs, encore moins y exécuter les pires criminels sanguinaires. C’est un havre de paix pour les criminels de tout acabit qui ne courent comme risque, même au pire de leurs forfaits, qu’un séjour dans une prison où on ne leur demandera que de dormir, manger, s’engraisser, le temps de trouver une combine pour sortir et recommencer.

Nouakchott est en passe de devenir la capitale la plus dangereuse du continent, au vu du rythme des crimes et délits qui y sont recensés chaque jour et chaque nuit. Pas un quartier n’est épargné, même si les trois quart de la population sont aujourd’hui armées, avec un marché d’arme aussi florissant qu’en Floride.

On y trouve toutes sortes d’armes, armes de poing, type 9 mm, des pistolets de fabrication turque ou russe, des Kalachnikov, des Seminov… Il y en a pour toutes les bourses. Certains vous vendent même une arme plus l’autorisation de son port. En face, de plus en plus de criminels aussi se ravitaillent dans ce marché d’armes. On est assis sur une poudrière.

Cheikh Aidara



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Commentaires (3)

  • hayerim (H) 28/02/2019 10:19 X

    On est où, là ? Et comment résoudra -t-on ce problème? Il faudrait peut être organiser des assises nationales sur la question mais en attendant il est impératif de nommer des nouveaux ministres de l'intérieur, des chefs de police et de renseignement ainsi que celui de la défense avec un cahier des charges bien précis et des délais pour épurer le pays des minables et misérables qui polluent le pays et terrorisent les populations. Sinon comme le dit ce journaliste, le peuple se fear justice lui même et là ce sera le far west et tous les maux que cela pourrait entrainer !

  • Bertrand (H) 28/02/2019 09:04 X

    Cheikh Aidara, J'apprécie votre article qui vient à point nommé.oui cela devient une psychose et à certain moment se dit qu'il faut bien qu'il ait une arme pour transformer en passoire ces criminels monstrueux au premier contact. Nous sommes devenu une société bâtarde. Nos règles sont faites ailleurs, là ou les criminels ont accédé au pouvoir et légifèrent, la ou celui qui tue, viole, découpe et mange des être humains a droit à une prison 5 étoile. Si l'Etat ne fait pas un peu de son boulot, la justice sociale prendra le relais. Le tueur sera tuer sur place et le voleur amputé et le violeur amputé lui aussi de ses organes génitaux et s'il s'agit de viols de mineurs ou de garçons, ses yeux doivent êtres crevés et sa langue coupée.

  • sybasarr (H) 27/02/2019 17:18 X

    Vous avez bien dit: "gangs et autres bandes criminelles se la donnent à cœur joie, livrant Nouakchott à une criminalité contre laquelle butte nos traqueurs endimanchés. Résultat, des dossiers de crimes, cambriolages, viols et autres larcins non élucidés" Que dites vous des criminels qui dirigent notre pays depuis quatre decennies? Combien d'innocents ont ete massacres, deportes, tortures, emprisonnes, violes par ces autorites? La Mauritanie est pays pourrie, viciee, polluee par sa direction militaire, son administration tribalisee, ses milices communautarisees. Quand nous crions apartheid mauritanien, on diabolise. Le resultat est la, ce pays est devenu une jungle depuis 1986-1990 telle l'Afrique ou le systeme simulaire a seme la pauvrete, les crimes, la drogue, la prostitution, le chomage a traves les couches dites de seconde citoyennete. Le pire est a venir. Qui seme le vent recolte la tempete. Qui regne par les armes et le sang, perira par le feu. Un militaire sans foi, ni loi est un criminel en puissance.