25-03-2019 11:45 - A la Une: le Mali sous le choc

A la Une: le Mali sous le choc

RFI - L’émotion est intense au Mali après le massacre d’au moins 134 personnes, dont des femmes et des enfants, dans un village peul, dans le centre du pays. Le gouvernement a décidé de limoger plusieurs haut-gradés de l’armée et de dissoudre la milice dogon Dan na Amassagou, accusée d’avoir mené cette attaque, la plus meurtrière depuis le début de la crise au Mali, en 2012.

« Après Koulogo, Dioura, maintenant plus 130 personnes tuées à Ogossagou dans le cercle de Bankass : c’est l’échec patent du plan de sécurisation intégré des régions du centre ! », s’exclame Le Pays à Bamako. « Les autorités doivent changer leur fusil d’épaule en termes de sécurisation des personnes et des biens, poursuit le quotidien malien. (…) Il est déplorable que de véritables enquêtes ne soient pas menées et quand bien même elles sont menées, les véritables coupables sont rarement inquiétés. »

L’Aube dénonce également ce qu’elle appelle l’inaction du pouvoir de Bamako : « face au drame d’Ogossagou et surtout face aux graves menaces d’une guerre civile qui pourrait avoir des conséquences incalculables sur le Mali, des voix s’élèvent pour condamner la passivité des autorités maliennes. Le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta affiche son incapacité à protéger les populations du Centre en proie à un véritable pogrom. »

Dissolution et limogeages

La milice dogon Dan na Amassagou est donc montrée du doigt : elle a été dissoute par les autorités. « Cette milice dirigée par Youssouf Toloba avait annoncé le 20 mars dernier, rappelle Maliweb, la reprise de ses activités suite à des 'exactions commises contre les populations Dogon' dans le centre du Mali. »

Toutefois, l’un des porte-parole de cette milice, cité par plusieurs médias maliens, dément formellement : « nous n’avons rien à voir avec ce massacre que nous condamnons. Nous ne sommes pas impliqués là-dedans ni de près, ni de loin. Nos villages sont aussi attaqués, brûlés et des gens tués, c’est pour cela que nous avons repris les patrouilles. Ce qui est arrivé est terrible mais nous ne sommes pas responsables de ces massacres. »

Autre mesure radicale prise par les autorités maliennes : les principaux chefs militaires ont été limogés… « La hiérarchie militaire décapitée », s’exclame L’Indicateur du Renouveau. Notamment, « le chef d’état-major des armées, Bemba Moussa Keïta, a été remplacé par le général de division Abdoulaye Coulibaly, son adjoint. »

« Plus que des oukases »

Dans la presse de la sous-région, c’est la consternation et on s’interroge…

Pour Ledjely en Guinée, « ces mesures seront-elles suffisantes pour calmer le flot de condamnation et sécher les larmes des victimes ? Surtout, pourront-elles mettre un terme à ces affrontements intercommunautaires qui, se synchronisant au péril terroriste, inondent toute la région ? De toute évidence, il faudra faire mieux, estime le site guinéen. Il faudra notamment soigner le mal à la racine.

Ce qui suppose que le Mali et ses partenaires, dont la France, prennent des décisions plus hardies. Parce que ce à quoi on assiste est le fruit d’une irresponsabilité aussi bien des autorités maliennes que de la communauté internationale. »


Aujourd’hui au Burkina renchérit : « face à un vide sécuritaire, à des incursions sporadiques djihadistes, et à des communautés dont le vivre-ensemble est inversement proportionnel à des haines recuites, il faudra plus que des oukases de dissolution pour arrêter les massacres. »

« Il n’est pas sûr, complète L’Observateur Paalga, que les dernières décisions du gouvernement malien soient la solution à ces graves problèmes. En effet, c’est connu, au Mali, la communauté peule est indexée, à tort ou à raison, d’avoir des relations coupables avec les terroristes surtout par le biais du Front de libération du Macina d’Amadou Koufa.

Mais, à l’évidence, pointe le quotidien ouagalais, tous les Peuls ne sont pas des terroristes et il faut dénoncer les amalgames qui conduisent à faire souffrir le martyre de la victime expiatoire des péchés commis par quelques brebis galeuses à toute une communauté. »


Par Frédéric Couteau



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Source : RFI
Commentaires : 5
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Commentaires (5)

  • a.bennan (H) 26/03/2019 02:16 X

    Ces massacres ne sont pas nouveaux: les Arabes et Twaregs maliens ont etaient massacrés les années passées et leurs réfugiés sont présents à ce jour en RIM.La mémoire doit nous rappeler tout ceci...Le Mali est foutu:guerre intestine et civile et le G5 ne peut y jouer les arbitres car sa mission est claire:défendre seulement l'intégrité territoriale de ce fichu pays.

  • Participant (H) 25/03/2019 16:23 X

    Le G5 Sahel est une création diabolique de la Mauritanie. L’objectif est d’affaiblir les Peuls de la sous-région. Pour réussir ce plan maléfique, le G5 Sahel instrumentalise la France qui à son tour pousse l’armée malienne à collaborer avec les milices locales pour affaiblir la puissance sociale et économique et préparer la partition du Mali. La prochaine carte géographique est diviser le pays en deux : le nord et le centre du pays deviendront l’Etat Azawad. Le sud restera le Mali. Une fois les Peuls affaiblis, l’AZAWAD sera le seul maitre du Nord et le Centre du pays. Pour cela, il faut créer un conflit communautaire pour que les Dogons et Peuls s’exterminent pour faire place à une autre communauté : Azawadis. Donc il faut voir le massacre des Peuls comme une situation géopolitique, une manière de préparer le terrain à l’AZAWAD soutenu indirectement par la Mauritanie.

  • Adiekodda (H) 25/03/2019 13:57 X

    Les dirigeants des pays limitrophes du Mali observent un silence complice depuis plus deux ans . Soumis au conseils du colonisateur (France) ils ont creé le G5 Sahel pour aider la milice dogon à achever les peuls . Oui les peuls sont tués en masse mais ils ne se laisserons pas faire. "Celui qui domine et frappe un peul ne dormira pas tranquille chez lui ." Le temps nous le dira inchallah.

  • ELVALLI (H) 25/03/2019 12:50 X

    RFI connait, elle a perdu des journalistes qui se sont rapprochés de la vérité. Depuis l’assassinat de Kadhafi et la distribution de son arsenal de guerre, tous ces crimes odieux sont organisés par les services secrets français. Tantôt leur milice attaque les forces régulières et on crie au loup jihadhiste-islamiste, tantôt cette même milice massacre de paisibles civils désarmés et on crie au diable africain ethnissiste et sauvage. Tout cela pour détruire le tissu social des populations sahéliennes, diviser pour, occuper militairement et, régner. C’est le système colonial dans son hideux visage. Les capitalistes et leur armée reprennent leurs colonies mais cette fois en tuant tous les esclaves africains, la mécanique peut faire leur travail… L’hexagone a besoin de nos richesses et nos territoires. Allons-nous rester tel un troupeau de gnous qui court puis s’arrête pour regarder, résigné, le prédateur tuer nos frères. Le comble c’est que la mission Onusienne est présidée par la France qui choisit le timing pour attaquer l’armée malienne et les peulhs d’Ogossagou pour montrer du doigt les armes et les guenilles de Dan Nan Ambassagou. Allons-nous faire comme le chien qui court après la pierre et épargne celui qui lui a jeté cette pierre, proverbe maure ?

  • mystere1 (F) 25/03/2019 12:44 X

    Le Mali a besoin de secours et de solidarité pour ses confrères de pays voisins, sa situation est désastreuse, nos dirigeants ne doivent pas rester sans rien faire, on dirait qu’ils ont les mains et pieds liés, sinon ces massacres monstreuses continuent, le pays de Soundjata Keîta, risquera de se transformer en « une Syrie africaine », attendons nous ici en Mauritanie, au sénégal et ailleurs en afrique à reçevoir des réfugiés, ainsi chacun de ces dirigeants africains doit coopérer, en étant humain et diplômate, donc remercions Dieu de la paisibilité que nous avons ici, malgré nos différences sociales, oui disons Alhamdoulillah, car vraiement le cas du Mali est à plaidre sérieusement !