17-04-2019 19:30 - Présidentielles en Mauritanie : Le Maroc parierait-il sur Ould Boubakar face au candidat privilégié des Emirats ?

Yabiladi - Les élections présidentielles en Mauritanie revêtent une importance capitale pour le Maroc. Il ne devrait pas cacher sa satisfaction en cas de victoire du candidat Mohamed Ould Boubakar, notamment si la crise avec les Emirats se poursuivait.
C’est désormais officiel. Le premier tour des élections présidentielles en Mauritanie aura lieu le 22 juin et le second tour le 6 juillet. Ce scrutin se résume en un duel opposant un militaire et un civil. D’un côté, il y a l’ancien chef des armées et ex-ministre de la Défense, le général Mohamed Ould Ghazouani, qui porte les couleurs du parti de l’Union pour la République, fondé en 2009 par l’actuel chef de l’Etat Mohamed Ould Abdel Aziz.
De l’autre côté, Sidi Mohamed Ould Boubacar, qui fut à deux reprises chef du gouvernement de deux présidents issus des rangs de l’armée, Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya et feu Ely Ould Vall. Celui-ci, décédé en mars 2017 d’une «crise cardiaque», représente un cas particulier dans l’histoire mouvementée du voisin du sud.
Il est en effet le seul militaire arrivé au pouvoir par un coup d’Etat et n’est resté aux commandes du pays que vingt mois seulement, le temps de remettre les clés du palais présidentiel à un civil, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi, démocratiquement élu.
Le Maroc soucieux de préserver ses relations avec la Mauritanie
De sa participation à la phase de transition, entre août 2005 et avril 2007, Ould Boubakar a tenté d’en tirer profit en louant les «acquis démocratiques» réalisés durant cette période. En témoigne son discours prononcé lors de son premier meeting électoral du 30 mars à Nouakchott.
«Malheureusement, ce processus a été très vite travesti par ceux (…) qui nous font croire que le changement est impossible (…) C’est pour mettre fin à cette situation que j’ai décidé de me présenter à l’élection présidentielle», a-t-il précisé devant une assistance que la presse locale a estimée à plus de 10 000 personnes.
Pour le Maroc, cette élection en Mauritanie est capitale, d’autant que les relations entre les deux pays commencent à retrouver des couleurs après des années de tension déclarée. Sans doute le royaume entend-il préserver ses liens avec la Mauritanie de tout retour en arrière.
Néanmoins, le royaume ne devrait pas cacher sa satisfaction en cas de victoire de Mohamed Ould Boubakar, notamment si la crise politique avec les Emirats arabes unis venait à s’installer dans la durée. En effet, la proximité du général Mohamed Ould Ghazouani avec l’homme fort à Abou Dhabi, le prince héritier Mohamed Ben Zayed, est un secret de Polichinelle. Les deux hommes se sont rencontrés à maintes reprises. Les médias émiratis ont d’ailleurs déjà choisi leur candidat.
A ce facteur, il faut rappeler que c’est au cours des vingt mois de la présidence de feu Ely Ould Vall et du Premier ministre Ould Boubakar, que Rabat et Nouakchott étaient au diapason sur de nombreux dossiers.