16-06-2019 22:30 - Quels sont les facteurs clés de succès qui ont permis la réussite de 8 étudiants de l’IPGEI au concours de l’Ecole Polytechnique de Paris (X) ?

Quels sont les facteurs clés de succès qui ont permis la réussite de 8 étudiants de l’IPGEI au concours de l’Ecole Polytechnique de Paris (X) ?

IPGEI - Suite au court Posting que nous avions fait sur les résultats des éléves de l’Institut Préparatoire aux Grandes Ecoles d’Ingénieurs (IPGEI) de Nouakchott au concours d’entrée à l’Ecole Polytechnique de Paris, j’ai été sollicité par beaucoup de nos compatriotes qui voulaient en savoir un peu plus sur l’IPGEI et sur l’Ecole Superieure Polytechnique (ESP) de Nouakchott en général , et surtout sur les facteurs clés qui ont permis ce succès.

Le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique(MESRS) a mis en place, en 2015, une stratégie de rénovation des formations d’ingénieur existantes avec pour principal objectif de mutualiser les moyens disponibles tant matériels qu’humains afin d’en tirer une meilleure efficacité et surtout d’arrimer ces formations aux standards internationaux en la matière.

Ainsi donc, l’IPGEI a été créé, à partir de Septembre 2015. Et à la rentrée 2016, les 3 écoles d’ingénieurs existantes ont été fusionnées/absorbées par l’ « École Supérieure Polytechnique » avec une gouvernance rénovée et une allocation conséquente de moyens.

En effet, le nouveau décret régissant l’ESP l’a mis sous double tutelle du MESRS et du Ministère de la Défense Nationale, ces 2 entités travaillant en parfaite synergie, chacun dans son cœur de métier, pour la réussite de ce projet novateur. C’est en fait là que se situe, un des premiers facteurs de succès.

Ce montage a fait des émules et l’ESP dispose, aujourd’hui, outre le cycle ingénieur, des composantes ci-après :

-un Institut Préparatoire aux Grandes Ecoles d’Ingénieurs (IPGEI, 2015)

-un Institut Supérieur des Métiers du Bâtiment, des Travaux Publics et de l’Urbanisme (ISM-BTPU) créé en 2016 et situé à Aleg

-un Institut Supérieur des Métiers de la Mine (IS2M) créé en 2018 et situé à Zoueratt.

-Un institut Supérieur des Métiers de la Statistique est prévu pour Octobre 2019.

L’IPGEI a pour mission essentielle de préparer, en deux ans de formation, aux concours d’entrée aux écoles d’ingénieurs tant au niveau national (cycle ingénieur ESP et Académie Navale pour le moment) qu’au niveau international (Ecoles d’Ingénieurs Françaises, Tunisiennes et Marocaines).

L’accès en Première Année Maths/Physique/Sciences de l’Ingénieur (MPSI) de l’IPGEI se fait sur orientation par le MESRS. La seule condition requise est de disposer d’un baccalauréat série Mathématique de l’année en cours avec au moins la mention assez bien.

L’IPGEI compte pour l’année 2018/2019 en cours, 133 élèves en Première Année et 110 en Deuxième Année dont 20 sont inscrits en « classe étoile », en fait les 20 premiers à l’issue de la Première Année.

Donc, deuxième facteur de succès, le niveau des élèves à l’entrée et la qualité de la sélection pour passer en classe étoile.

Le troisième facteur de succès est le Corps Professoral. En effet, avec la création de l’IPGEI, un corps de professeurs agrégés a été mis en place. C’est un corps d’élites que l’on retrouve partout dans les Classes Préparatoires en Tunisie, au Maroc et en France. Quand on aura une masse critique de professeurs agrégés, certains pourraient être affectés dans les lycées d’excellence, en Terminales C notamment comme c’est d’usage dans les pays cités.

Une vingtaine de mauritaniens titulaires d’un master en Mathématiques, Physique, Informatique ou en Ingénierie sont envoyés annuellement depuis 2015 au Maroc ou en Tunisie pour préparer en 2 ans l’agrégation. Ceux qui réussissent sont automatiquement intégrés à l’IPGEI avec une prime d’intéressement conséquente pour leur motivation. Ils sont généralement envoyés pour un mois, dés leur recrutement en immersion en France dans des Prépas partenaires, grâce à l’appui de la coopération Française.

Actuellement l’IPGEI dispose de 5 professeurs agrégés de Mathématiques (3 Tunisiens et 2 Mauritaniens), de 5 professeurs agrégés de Physiques (tous Tunisiens) et d’un professeur mauritanien agrégé de Français. Signalons que les stagiaires agrégatifs envoyés au Maroc ont passé le concours 2019 d’agrégation. Trois sont admissibles en Mathématiques, deux le sont en Sciences de l’Ingénieur et un en Physique (le premier mauritanien à être admissible en Physique sur les 3 promotions envoyées, mais ceci pourrait nous amener vers un autre débat).

Ils devraient donc s’ils réussissent leurs oraux venir étoffer le corps professoral mauritanien à l’Institut. J’insiste là-dessus ; c’est là à mon humble avis, un facteur de succès décisif : point de bonne formation sans enseignants de qualité, motivés et valorisés. Tous les gens de notre génération ont connu ce type d’enseignant au primaire, qui nous faisait travailler même les weekends juste par amour de leur métier et pour avoir les meilleurs taux de réussite à l’entrée en sixième. Nos compatriotes regorgent de talents. Ils ne demandent qu’à être encadrés.

A titre d’exemple, l’un de nos professeurs agrégés de Mathématiques était classé il y a de cela deux ans, major à l’Agrégation au niveau du Maroc, et soixantième au niveau global (candidats français, marocains et tunisiens réunis). En effet, les épreuves écrites d’agrégation sont communes à tous ces pays et les jurys des oraux sont mixtes également. C’est cela l’ultime arrimage à l’international dont nous vous parlions tantôt !

Et c’est un gage de validité de nos diplômes pour leur reconnaissance internationale dans une société de la connaissance globalisée, donc de forte mobilité, et c’est cela qui permettra à nos cadres de haut niveau de pouvoir occuper de gros postes à l’international et d’être en plus de nos artistes, de nos footballeurs, de nos banquiers,… d’excellents ambassadeurs de notre pays.

Voilà brièvement quelques uns des facteurs de succès que nous avions voulu partager avec vous et nous pensons que ces bonnes pratiques peuvent être répliquées à différents niveaux de la pyramide de notre système de formation/éducation. Il y a aussi des méthodes pédagogiques spécifiques aux Classes Prépa dont je n’ai pas parlées : 1 devoir surveillé(DS) par semaine, des examens oraux(colles ou kholles pour les initiés organisés par les profs durant 1 heure de temps pour un groupe de 3 étudiants pour vérifier le niveau d’acquisitions des connaissances ), des DS surprise de 15 minute en début de séance,…

Avant de conclure, j’aimerais rendre à César ce qui est à César : la vision éclairée et innovante, l’engagement sans faille et le leadership du Ministre de l’Enseignement Supérieur qui ont permis dans la durée l’atteinte de ces résultats et leur consolidation année après année.

Il faut également souligner que le commandement de l’ESP n’a à aucun moment failli ; il a veillé sur le respect de la discipline par tous et a mis en place une logistique sans laquelle les résultats que nous magnifions aujourd’hui ne seraient possibles : internat et restauration gratuites pour l’ensemble des élèves, bourses conséquentes, salles de jeux et de loisirs, aires de sports, dispensaire,… bref un micro-climat propice à l’éclosion du savoir.

Nos remerciements également à la Coopération Française qui nous a beaucoup accompagnés dans la mise en place de l’institut et particulièrement l’ouverture à Nouakchott même des centres d’examens des concours des grandes écoles françaises. Enfin bravo aux élèves, aux professeurs, aux équipes pédagogiques et administratives de l’IPGEI et plus généralement de l’ESP.

DIA Amadou Tidjani

Directeur de l’IPGEI





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Source : IPGEI
Commentaires : 5
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Commentaires (5)

  • mohamed.baba (H) 17/06/2019 15:08 X

    moukhabarat (F), pour votre information, l'Ecole de Mines n'était pas du tout faite sur le modèle nord-américain. C'était une Ecole d'Ingénieurs avec des classes prépa intégrées, comme il y 'en a de plus en plus dans le système français. Et puis "envoyer la crème de nos bacheliers en Europe" ou en Amérique du Nord, quelle différence?

  • hachmi (H) 17/06/2019 13:59 X

    moukhabarat, c'est toi qui regrette le million de Taziast, habitués que vous êtes à la corruption, toi et ton mentor qui n'ont du respect que pour l'argent mal acquis. Taziat n'a mettre son million là ou je passe, mais cela ne nous empêchera pas d'avancer nous autres animés uniquement pour le bien et le futur radieux de notre Patrie martyrisés par des faussaires sans principes.

  • moukhabarat (F) 17/06/2019 11:34 X

    L'actuel ministre de l'enseignement supérieur est un pur produit du système français dont il a copié et collé les paradigmes sur la très lointaine réalité mauritanienne. Il a notamment supprimé l'Ecole de Mines et jeté ses étudiants dans la rue parce qu'elle est faite sur le modèle nord américain et avec cette désastreuse décision il a perdu et le soutien des miniers à ce projet et un million de dollars retiré par MCM. La projet d'envoyer la crème de nos bacheliers en Europe nous privera de leurs services car vite ils seront recrutés par les grands groupes internationaux. Le mimétisme béat est mortel pour les nations....

  • mohamed.baba (H) 17/06/2019 08:22 X

    Je suis, encore une fois, très fier de cette réussite, en félicite les artisans et souhaite bonne réssite aux oraux pour les élèves admissibles. C'est vraiment génial. Je souscris, sans réserve, à la stratégie de mise en place patiente mais sérieuse d'un corps professoral et d'encadrement de qualité entreprise par la direction de l'ESP. C'est le seul gage de réussite.Vous dites que c'est un autre débat, mais je ne puis réprimer mon étonnement devant la maigre moisson de nos agrégatifs.Trois promotions de 20 agrégatifs pour une préparation de 2 ans. Un promo de 20 a dû sortir l'an dernier et une autre de 20 doit avoir passé le concours cette année. Sur les 40 on a que 3 agrégés et 3 admissibles! Le taux d'évaporation est considérable. A comparer au taux de 8/11 des admissibles au concours de l'X.

  • Ibadou (H) 16/06/2019 22:54 X

    Félicitations à l'ensemble de l'équipe pour cette vision de l'éducation au haut niveau. Nous nous réjouissons de l'engagement de certains qui croient à la particularité de notre pays imbu du savoir de façon intrinsèque grâce à l'apprentissage à l'enseignement de la science religieuse, loin du destin de médiocrité que voudrait lui infliger nos dirigeants.