15-07-2019 18:00 - Les gilets noirs, des "gilets jaunes noircis par la colère"

Les gilets noirs, des

L'Express - Mobilisés depuis novembre, ces militants sans-papiers ont frappé fort, vendredi, en occupant temporairement le Panthéon, avant d'être délogés par la police. Leur action de vendredi au Panthéon a permis de faire la lumière sur leur mouvement.

Qui sont les "gilets noirs" ? Quelles sont leurs revendications ? "On est des sans-papiers, des sans-voix, des sans-visages pour la République française", écrivent les gilets noirs dans un communiqué, publié vendredi pour expliquer leur action.

"On est des gilets jaunes noircis par la colère", explique Houssam, un Marocain contacté par L'Express, qui vit et travaille en France depuis 10 ans, et qui dit reprendre les paroles de son "camarade" Kanoté. Selon lui, le mouvement compte des représentants de dix-sept nationalités.

"Chaque jour depuis le début de notre mobilisation en novembre, des nouvelles personnes nous rejoignent. Rien qu'en Ile-de-France, il y a 43 foyers mobilisés mais on reçoit aussi des témoignages de gens ailleurs en France qui veulent nous rejoindre", assure le militant.

"Ce mouvement regroupe surtout des sans-papiers issus de dizaine de foyers de travailleurs d'Ile-de-France", explique le porte-parole de l'association Droits Devant !, qui vient en aide aux sans-papiers, Jean-Claude Amara, auprès du Parisien.

"Des sentinelles de la liberté"

"On veut l'égalité, qu'on nous considère comme des humains" , affirme de son côté Boubou, originaire de Mauritanie et arrivé en France il y a trois ans. S"il explique avoir peur "d'habitude de se mobiliser", notamment à cause du risque d'être arrêté, c'est désormais derrière lui. "On en a marre et comme les gens refusent de nous écouter, on a décidé de se rassembler pour se mobiliser et ne plus avoir peur", confie le Mauritanien.

Au premier rang de leurs revendications, des régularisations : "un rendez-vous avec le Premier ministre Édouard Philippe pour obtenir des papiers pour tout le monde". "On réclame aussi des logements pour tous ceux qui dorment dans la rue", détaille Boubou, tandis que son camarade de lutte Houssam, se veut plus radical : "Si on n'obtient pas ces logements, on les réquisitionnera nous-mêmes".

Dans le communiqué publié vendredi, ils affirment que 200 000 logements seraient "vides à Paris".

Les deux gilets noirs disent ne pas lutter "uniquement pour des papiers" et pointent aussi les violences policières répétées contre lesquelles ils se battent au quotidien. "On est des sentinelles de la liberté, on sera là partout où il y aura du racisme", souligne Houssam. Impossible de savoir quelles seront leurs prochaines actions, mais les deux gilets noirs contactés affirment que le mouvement ne s'arrêtera pas. "On ne s'arrêtera que quand le dernier d'entre nous aura des papiers", promettent-ils.

21 sans-papiers placés en centre de rétention

Vingt-et-une personnes ont été placées en retenue administrative, ce samedi, après la brève occupation du Panthéon vendredi à Paris. Ces manifestants, visés "pour infraction à la législation des étrangers", devaient être placés en centre de rétention administrative en vue de l'examen de leur situation, selon la préfecture.

"On ne bougera pas tant qu'ils ne seront pas sortis", prévient Boubou. "Si on essaie de les déporter, on ira bloquer l'avion", avertit de son côté Houssam.

Un manifestant a été interpellé et placé en garde à vue pour "violences volontaires sur personne dépositaire de l'autorité publique". Il doit être présenté dimanche à un magistrat du parquet qui décidera d'éventuelles suites judiciaires, a indiqué le parquet de Paris.

Ce n'est pas la première manifestation des gilets noirs. Mi-juin, plus de 300 sans-papiers avaient investi le groupe de restauration collective Elior situé à la Défense pour dénoncer leur "business", qui serait notamment basé sur l'embauche de sans-papiers "non déclarés".

En mai, ils s'étaient rendus à l'aéroport de Roissy. Des centaines de sans-papiers avaient alors occupé le terminal 2F pour dénoncer "la collaboration d'Air France" dans les expulsions qu'ils considèrent comme des "déportations". Fin janvier, ils s'étaient rassemblés devant la Préfecture de police de Paris pour demander leur régularisation.



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