27-09-2019 07:00 - Ghazouani et le discours du million de dollars

Taqadoumy - Si j'avais été à la tête d'un pays pauvre comme la Mauritanie, je n'aurais pas participé à l'Assemblée générale des Nations Unies, qui n'est qu'un défilé de luxe pour l'échange de discours creux qui ne nourrissent, ni n’enrichissent un peuple confronté à la faim.
Si nous calculions ce que Ould Ghazouani et ses accompagnateurs ont dépensé pour son voyage à New York, avec des billets de première classe, le séjour dans des hôtels cinq étoiles, sans compter les frais de restauration, l'indemnité journalière de 25.000 dollars pour le président et celle de 5.000 pour les ministres, le coût global de ce voyage friserait le million de dollars américains, soit environ trois cent soixante-dix millions d’ouguiyas !
La Norvège et l’Autriche, qui sont deux pays riches, les ministres jamais ne voyagent en première classe sur le compte de l’Etat, mais prennent toujours place aux côtés des voyageurs ordinaires.
En septembre 2017, les français piquent une colère folle lorsqu’ils apprennent que le premier ministre, Edouard Philippe et sa délégation, de 50 membres, avaient affrété un avion spécial pour rentrer en toute urgence de Tokyo à Paris, faisant supporter à l’Etat français 350.000 euros !
Il n’en faut pas plus au Parlement français pour interroger le chef du gouvernement qui se voit ainsi sommer de démontrer la nécessité de sa présence en France avant le départ d’Emmanuel Macron en Algérie à la date du 6 septembre 2017.
Edouard Philippe répond que le président et le premier ministre ne peuvent s’absenter en même temps et que son voyage avait comme destination la Nouvelle-Calédonie, mais, comme le coût de l’affrètement d’un avion de Nouméa à Paris était de 1.000.000 d’euros, lui et son staff étaient allés à Tokyo pour affréter un avion depuis la capitale japonaise, ce qui équivaudrait alors au tiers du montant ! Le parlement de France est convaincu par un premier ministre soucieux de la rationalisation des dépenses publiques.
Avec un tel esprit de respect de l’argent public, les pays peuvent se développer, croître et avancer. Tandis que la dilapidation des ressources publiques, à plus forte raison quand il s’agit d’un petit pays très pauvre et très endetté, telle que la Mauritanie, de telles dépenses sont tout simplement contraires à la morale et à la logique !
Il est à rappeler que l’ensemble des voyages de l’ex-président Mohamed ould Abdel Aziz du 2 octobre 2009 au 24 avril 2019 ont coûté au Trésor Public de la Mauritanie 6.256.390.686 anciennes ouguiyas.
Pour ce seul voyage à New York, Ghazouani et sa délégation ont dépensé d’un revers de main plus de 350.000.000 d’anciennes ouguiyas à seule fin de prononcer un discours creux sur les réalisations de la décennie de Ould Abdel Aziz et revenir dans un pays où l’électricité est souvent coupée, ainsi que l’eau, de même que la vie, car les hôpitaux sont de véritables mouroirs où l’on meurt pour un rien, pour une maladie bénigne, faute d’argent, car le citoyen n’a pas de quoi acheter une injection, une seringue, un gant, des médicaments !
Quelle est l’utilité, pour le citoyen, du discours vaseux de Ghazouani dans lequel il reluit les deux mandats de son compagnon d’armes ? Pour le citoyen qui nécessite des écoles, des hôpitaux, des maternités, car nombreuses sont les femmes mauritaniennes parturientes à rendre l’âme lors de l’accouchement, à force de déplacements laborieux d’un campement à l’autre, d’un ksar ou depuis l’adabaye, jusqu'à la capitale régionale autant de lieux du rif où elles aspirent à pourvoir donner vie à des enfants vivants dans des cases de maternité, comme il en existe partout ailleurs !
Combien d’écoles, emportées par les inondations de cet hivernage, ce montant aurait pu réhabiliter ? Et combien de cases de maternité dans nos provinces démunies ?!
Par Hanevy Dahah
Traduction : Med Yahya Abdel Wedoud