02-10-2019 13:51 - Propriété industrielle : plaidoyer pour une Structure Nationale de Liaison autonome

Propriété industrielle : plaidoyer pour une Structure Nationale de Liaison autonome

Mohamed Ahmed EL KORY - Pour les non initiés, il est important de souligner que la Propriété Intellectuelle désigne les créations de l’esprit, à savoir : les inventions, les œuvres littéraires et artistiques et les symboles, noms, images et dessins et modèles utilisés dans le commerce.

Elle se divise en deux branches : la propriété industrielle, qui comprend les inventions (brevets), les marques, les dessins et modèles industriels et les indications géographiques; et le droit d’auteur, qui se rapporte aux œuvres littéraires et artistiques telles que romans, poèmes et pièces de théâtre, œuvres cinématographiques et musicales ou encore œuvres relevant des arts plastiques comme les dessins, les peintures, les photographies et les sculptures ainsi que les dessins et modèles architecturaux.

Il existe également des droits attachés au droit d’auteur appelés « droits connexes » ou « droits voisins » qui eux concernent, au premier chef, les artistes interprètes ou exécutants et les producteurs de phonogrammes et vidéogrammes.

La propriété intellectuelle revêt de nos jours une importance considérable en raison du rôle qu’elle joue dans le développement des activités économiques en général et industrielles en particulier.

La protection des Droits de la Propriété Intellectuelle (DPI) encourage les entreprises à innover, favorise la croissance de l'économie et permet ainsi de créer et de préserver des emplois.

Aujourd’hui, les DPI sont vitaux pour les Petites et Moyennes Entreprises (PME), puisqu'ils protègent leurs investissements dans de nouveaux produits et services, les aidant ainsi à obtenir des financements tout en favorisant une concurrence loyale.

Membre fondateur de L'organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI), la Mauritanie ne compte qu’un seul cadre au sein de cette institution qui regroupe actuellement 17 États membres à savoir : Le Bénin, le Burkina-Faso, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, la Côte d'Ivoire, le Gabon, la Guinée, la Guinée Bissau, la Guinée Équatoriale, les Îles Comores, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad et le Togo.

Pour rappel, la 56ème session ordinaire du conseil d’administration de l’OAPI, tenue à Nouakchott, le 7 décembre 2016, a été marquée par la nomination d’un nouveau bureau, composé d’un Directeur Général, un Directeur Adjoint et d’un Contrôleur Financier. Le poste du Directeur Général revenant à l’Afrique de l’Ouest, la Mauritanie, contre toute attente, n’ayant pas présenté de candidat, c’est finalement la Côte d’Ivoire qui a vu un de ses hauts cadres désigné à la tête de cette institution régionale.

Dans chaque Etat membre, une Structure Nationale de Liaison (SNL) qui relève, généralement, du ministère en charge de l’industrie ; joue un rôle de relai entre les utilisateurs nationaux et la Direction Générale de l’OAPI dont le siège se trouve à Yaoundé au Cameroun.

Dans la majorité des Etats membres de l’OAPI, les SNL sont logées dans des Centres de documentation construits par cette institution régionale, et dédiés à la propriété industrielle ; ce qui rend les SNL beaucoup plus visibles.

En Mauritanie, la construction d’un Centre de documentation ayant pris du retard, à cause de certaines lourdeurs bureaucratiques, la SNL continue d’être logée au sein du Ministère en charge de l’Industrie, ce qui la rend quasi-invisible.

La preuve est que je suis le seul ressortissant mauritanien à avoir participé, en 2013, au programme de Master II en propriété intellectuelle offert conjointement par l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI), l’OAPI et l’Université Yaoundé II.

Ce programme de formation, soutenu par un financement du fonds fiduciaire du Japonais pour la propriété industrielle pour l’Afrique et les pays les moins avancés, a donné à chaque Etat membre de l’OAPI l’opportunité de former une masse critique d’auditeurs.

Ce programme, notons-le, est actuellement à sa 9ème promotion, et la Mauritanie ne compte toujours qu’un seul lauréat, ce qui montre un manque cruel d’ambition et d’opportunisme de cette SNL.

Membre actif du Réseau de compétences et de partenaires Techniques du FPI/OAPI, je milite pour la prise en considération de l’expertise nationale, car un Diplôme n’est pas fait pour rester dans un tiroir…surtout si des débouchés existent !

Aujourd’hui, il revient au Ministre de tutelle, fort de l’importante marge de manœuvre accordée au gouvernement par le Président de la République, SEM Mohamed Cheikh Ghazouani, de prendre les mesures qui s’imposent pour redorer le blason de la Structure Nationale de Liaison de l’OAPI en Mauritanie afin de vulgariser la culture de la propriété industrielle dans le pays.

De leur côté, les opérateurs économiques doivent prendre conscience de l’importance de la valeur commerciale des actifs de propriété intellectuelle (brevets, dessins et modèles industriels, marque de fabrique, indications géographiques, protection contre la concurrence déloyale, etc.) qui représentent également une source de richesse, de bien être et de progrès technique et économique pour les Etats.

Il est édifiant de constater que nombre de pays ont déjà intégré les DPI comme facteurs de croissance économique vu leurs impacts positifs en termes de drainage de l’investissement étranger direct (IDE) et la recherche-développement, et ce particulièrement dans les domaines industriel et scientifique

Mohamed Ahmed EL KORY

Économiste
Titulaire d’un Master II en Droit de la Propriété Intellectuelle
medahmedd@yahoo.fr



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Commentaires (3)

  • Kanou_matam (H) 03/10/2019 14:07 X

    Félicitations cher collègue pour cet article bien fouiné qui est bien édifiant sur cette discipline encore balbutiante dans notre pays ! J’attire votre attention sur le fait que si la branche « propriété industrielle » dépend du Ministère en charge de l’industrie, l’autre branche « propriété littéraire et artistique » est logée, quant à elle, au Ministère de la culture. Je vous connais pour avoir travaillé avec vous au sein de la « Cellule de contenu » dans le cadre des « Initiatives de soutien au candidat Ghazouani ». Il est de notre devoir à tous, chacun dans son domaine, de contribuer positivement à la réussite du gouvernement en balisant la route aux nouveaux Ministres, qui, dans bien des cas, ne maîtrisent pas encore les arcades de leur secteur.

  • Marouane (H) 02/10/2019 23:09 X

    Avec la nouvelle ère politique qui s’annonce sous le régime du Président Ghazouani, il y a lieu d’exploiter pleinement tous les cadres valables qui ont été de surcroît formés par le pays. Les vieilles habitudes de certains responsables (fonctionnaires) qui se contentent d’aller de séminaire en séminaire pour ensuite revenir ranger la documentation dans des tiroirs devront être à jamais bannies. Aucun responsable ne devrait laisser ses propres intérêts prendre le pas sur ceux de l’Etat…seul le travail en équipe paye ! Les organigrammes de plusieurs Ministères devront remodelés pour éviter certaines situations de monopole de certains dossiers par un seul responsable…et les exemples sont nombreux. C'est très frustrant de voir des cadres compétents laissés en rade alors que leurs expertise est rare et recherchée !

  • Mouvement indignés RIM (H) 02/10/2019 22:36 X

    S’il y a une discipline qui est méconnue en Mauritanie, c’est bien la Propriété Intellectuelle. Comment se fait-il que sur 9 promotions, un seul mauritanien soit formé ? Est-ce que c’est parce que cette formation nécessite un certain niveau qui fait fuir les candidats potentiels ou bien c’est imputable à la négligence de certains responsables du Ministère du commerce ? Dans tous les cas de figure, nous pensons qu’avant de faire appel à la Diaspora, il serait plus judicieux d’exploiter l’expertise locale qui existe dans de nombreux domaines vitaux pour le pays. Nous avons des préjugés favorables à l’endroit du nouveau Président Ghazouani à qui nous demandons solennellement de mettre en place une nouvelle approche consistant à identifier l’expertise nationale non exploitée en vue de créer un panel d’experts nationaux mobilisables à tout moment dans leurs domaines de prédilection.