08-02-2020 08:29 - Mauritanie : Des hommes qui fêtaient un anniversaire ont été condamnés à des peines de prison

Mauritanie : Des hommes qui fêtaient un anniversaire ont été condamnés à des peines de prison

Human Rights Watch - Le procureur les a accusés d’avoir « imité des femmes »

Le 30 janvier 2020, un tribunal mauritanien a condamné à deux ans de prison huit hommes pour « outrage public à la pudeur » et « [incitation] à la débauche », après la diffusion d’une vidéo les montrant en train de fêter un anniversaire dans un restaurant, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch.

La police avait arrêté les huit hommes ainsi que deux autres personnes le 23 janvier, trois jours après la diffusion de la vidéo sur les réseaux sociaux.

Le commissaire de l’ouest de Nouakchott, Mohamed Ould Nejib, a reconnu dans une interview télévisée le 22 janvier que l’événement n’était pas un mariage homosexuel, comme cela avait été indiqué dans un premier temps sur les réseaux sociaux, mais une fête d’anniversaire ; cependant, il a déclaré que les personnes avaient été arrêtées pour avoir « imité des femmes » et « porté atteinte à la moralité publique ».

« Les autorités mauritaniennes n’ont pas à envoyer un individu derrière les barreaux parce qu’il a assisté à une fête d’anniversaire paisible », a déclaré Graeme Reid, directeur de la division Droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) à Human Rights Watch. « Elles devraient immédiatement remettre en liberté tous ceux qui ont été condamnés à deux ans de prison pour avoir assisté à cette fête. »

Les huit hommes ont été condamnés à deux ans de prison pour « outrage public à la pudeur » et « [incitation à] la débauche » en vertu des articles 264 et 306 du code pénal. Une femme a été condamnée à un an de prison avec sursis pour avoir pris part à l’incitation à la débauche par sa seule présence à l’événement. Le propriétaire du restaurant a été acquitté.

Human Rights Watch s’est entretenu avec Mohammed Ould Obeid, l’avocat des accusés, et examiné le rapport de police, qui fait présentent les huit des hommes arrêtés pour leur participation à la fête comme des « sodomites » qui « imitent les femmes ».

D’après le rapport de police, les huit hommes « ont avoué être homosexuels » lors d’interrogatoires au cours desquels ils n’ont pas eu accès à un avocat. Ould Obeid a déclaré qu’à leur procès, les accusés ont plaidé non coupables de toutes les chefs d’inculpation et nié les allégations relatives à leur orientation sexuelle.

L’article 308 du code pénal mauritanien interdit les comportements homosexuels entre adultes musulmans, pour lesquels est prévue la peine capitale pour les hommes. Personne n’a été condamné à mort ces dernières années pour homosexualité, à la connaissance de Human Rights Watch, et un moratoire de facto reste en vigueur à ce sujet.

Le 30 janvier, après que l’affaire a été considérée comme relevant du flagrant délit sur la base de la vidéo mise en ligne, le procureur a directement renvoyé l’affaire en justice le jour même plutôt que d’ouvrir une enquête judiciaire préliminaire.

Human Rights Watch a examiné la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Elle montre un groupe de gens lors d’une fête en train de chanter et de danser, mais personne ne s’y livre à un comportement qui puisse être raisonnablement considéré comme illégal.

Le 3 février, Ould Obeid a déposé un appel au nom des accusés.

La police semble avoir arrêté les hommes sur la base de leur apparence physique et de leur comportement, son rapport au tribunal les décrivant comme « efféminés » et « sodomites ».

L’Article premier de la constitution mauritanienne garantit l’égalité de tous les citoyens, et l’article 10 garantit le droit à la liberté d’expression. Ce droit devrait être reconnu pour tous, et non seulement pour les personnes qui se conforment aux identités de genre jugées acceptables par les autorités mauritaniennes, a déclaré Human Rights Watch.

Des recherches antérieures de Human Rights Watch ont révélé que les autorités mauritaniennes ont violé à plusieurs reprises le droit à la liberté d’expression en ayant recours à un arsenal de lois répressives.

La Mauritanie a ratifié la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, qui affirme le droit à la non-discrimination, et rejoint la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples.

En tant qu’État partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), la Mauritanie est tenue de protéger la liberté d’expression de chacun, quelle que soit son orientation sexuelle ou son identité de genre.

Le Comité des droits de l’homme, qui interprète le Pacte, a indiqué sans ambigüité qu’il est interdit de discriminer sur la base de l’orientation sexuelle et que tous les droits protégés par le traité doivent être respectés, y compris celui à la liberté d’expression.

Le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a pour sa part estimé que les arrestations fondées sur l’orientation sexuelle constituent, par définition, des atteintes aux droits humains.

La nouvelle loi contre la discrimination adoptée en 2017 par le Parlement contient des dispositions qui pourraient être invoquées pour infliger des peines de prison à des individus accusés de discours non violent.

Le 17 octobre 2019, l’Assemblée générale des Nations Unies a confirmé sans difficulté la candidature de la Mauritanie au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies pour la période 2020-2022, malgré son bilan en matière d’emprisonnement et de répression des critiques envers le gouvernement.

« Les autorités mauritaniennes ont manifestement mis en prison les huit accusés au motif que chanter et danser lors d’une fête d’anniversaire constituerait un crime en Mauritanie », a conclu Graeme Reid. « La Mauritanie ne peut se soustraire à ses obligations de protéger les droits fondamentaux de tous ses citoyens, sans discrimination.»



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Commentaires (2)

  • Belphegor (H) 12/02/2020 08:38 X

    @Mafia974 C'est une abomination que l'Occident veut imposer au reste du monde, passe encore si ils se contentent d'en faire la promotion uniquement chez eux mais non, lisez ce texte édifiant ci-dessous où les institutions monétaires internationales conditionnent leur éventuelle aide au Ghana si ils légalisent les LGBT PASTEUR OQUAYE Face à la pression des lobbyistes hommosexuels au sein des institutions internationales à l'endroit des africains, la réponse ghanéenne est claire : « Si maintenant la Banque Mondiale doit nous imposer l'homosexualité en échange de son aide, nous nous en passeront aussi. Le FMI n'y est parvenu, ce n'est pas la banque mondiale qui va le faire ». Et d'ajouter : « De tels actes interfèrent avec la liberté culturelle des pays du tiers monde, en particulier en Afrique. la Banque mondiale doit se dissocier de certaines de ces réinterprétations modernes des droits de l’homme et avec une référence particulière à la propre conceptualisation de l’Afrique, les droits des homosexuels. Si nous ne l’aimons pas, nous ne l'aimons pas et toutes les enquêtes d'opinion nationale l'ont démontré » . Aaron Mike Oquaye, est né à Assamankese dans l'est du Ghana. PhD, enfant il a été au petit séminaire catholique, puis dans une école presbytérienne d'Accra. Il est pasteur de l'église Batiste et demeure être l'une des voies parmi les plus respectées dans son pays. Il s'exprimait lors d'une visite de courtoisie au directeur pays de la Banque mondiale, Pierre Frank Laporte. Ce dernier réputé pour avoir fait de son cheval de bataille ( voir lien ) l'acceptation par les pays africains de l'homosexualité en est resté complètement stoïque. Au fait, le professeur Mike Oquaye, PdD, n'est pas « que » pasteur, il est l'actuel président du parlement ghanéen. https://www.banquemondiale.org/fr/topic/socialdevelopment/brief/sexual-orientation-and-gender-identity

  • Mafia974 (H) 11/02/2020 16:54 X

    Les autorités mauritaniennes ont manifestement mis en prison les huit accusés au motif que chanter et danser lors d’une fête d’anniversaire constituerait un crime en Mauritanie », a conclu Graeme Reid. .... Oui Graeme Reid je suis triste qu'ils aient écopés de juste 2 ans . J'aurai été le procureur je vais tous les condamner à MORT . Nous sommes des musulmans nous, rentrer chez vous avec vos histoires de LGBT et autres. Quand Adam sait sentis seul Dieu tout Puissant tout Miséricordieux n'a pas créer à partir de la côte d'Adam un autre Adam mais une FEMME Ève sans quoi ni moi ni toi ne serrai de ce monde aujourd'hui