Diallo Amadou - La Moughata de Maghama (Gorgol), se trouve entre le marteau du confinement et l’enclume du dénuement depuis la fermeture de la frontière avec le Sénégal par les pouvoirs publics dans le cadre des mesures de prévention contre la pandémie du Covid 19.

Les habitants de la Moughata souffrent des conditions difficiles liées à une pénurie et une hausse du prix des denrées alimentaires. En effet, à Maghama, certains commerçants véreux profitent de la situation de crise provoquée par le coronavirus pour renchérir le prix des denrées alimentaires telles que le riz (vendu entre 11500 et 15000 MRO), le sucre (11000 MRO), l’huile (9000 MRO) etc.

Même les bouchers sont entrés dans la danse spéculative en vendant le kilo de viande de mouton à 2000 mro et celui du bœuf à 1600 mro, avant que les autorités administratives locales n’interviennent pour les recadrer, à respecter les prix homologués, respectivement 1600 et 1000 mro.

Pourtant, l’Etat a pris toutes les dispositions pour approvisionner les marchés en produits de première nécessité afin d’éviter la hausse des prix et la spéculation.

La fermeture de la frontière avec le Sénégal a également accentué considérablement la crise alimentaire dans la Moughata, particulièrement pour les communes de Sagné, Wali, Toulel, Daw et Dolol. En fait, la majeure partie de la population se ravitaillait à partir du Sénégal voisin. Ainsi les légumes, fruits et d’autres produits de consommation courante sont introuvables. L’arrêt du trafic transfrontalier a également des conséquences sanitaires. Certains habitants, préfèrent évacuer leur malade à Matam (située à 60 km de Maghama) plutôt qu’à Kaédi la capitale régionale (120 km) ou à Nouakchott (530 km).

La souffrance et le désarroi sont visibles chez les travailleurs informels (tailleurs, menuisiers, vendeurs d’échoppes, cireurs, restaurateurs etc.) privés de leur gagne-pain quotidien, ne sachant plus à quel saint se vouer. La diaspora qui contribuait largement aux dépenses quotidiennes de nombreuses familles, reste elle aussi confinée à l’étranger.

Ce qui constitue une grave inquiétude pour les familles. Du fonds de Solidarité et des mesures d’urgence annoncées par le Président de la République, la population n’entend que les échos sur les médias d’Etat. Concrètement, rien n’est encore arrivé dans la moughata pour soulager la population en cette période de confinement et de raréfaction des fonds de la diaspora.

Malgré les conditions de vie difficiles, des groupes et associations de jeunesse, en coordination avec le maire de Maghama, Mr Thiam Hamet Abdel Kader se sont mobilisés pour la sensibilisation et la prévention contre le Covid 19, en appelant la population au respect des mesures barrières. Ainsi un groupe de jeunes volontaires dirigés par Moussa Demba Thiam ont installé des kits de lavage de mains dans différents lieux publics : marché, centre de santé et les carrefours de Maghama.

Dans la commune de Sagné, l’OIM (Organisation Internationale des Migrations) a procédé à la distribution des produits d’hygiène (savons, gel, eau de javel) à Sagné, Loboudou et Koumbou pour contribuer à la prévention contre le Covid 19. Enfin, les maires des différentes communes de la Moughata, lancent un vibrant appel à l’Etat, aux ONG et aux hommes de bonne volonté, de faire vite pour voler au secours des citoyens.

Diallo Amadou