29-04-2020 01:00 - |Libre Expression| L’Afrique : hier, aujourd’hui et après le coronavirus

|Libre Expression| L’Afrique : hier, aujourd’hui et après le coronavirus

Mamadou Aliou Dia - Dans cet écrit, j’analyse l'impact du coronavirus, appelé Covid-19 sur la situation socioéconomique et géopolitique des pays en développement.

Dans un premier temps, je m’intéresse à la situation qui prévalait avant cette pandémie. Quel était notre niveau de développement, comment est-ce que notre économie est générée et quel était notre mode de gouvernance pour assurer le bien-être de la population et de la gestion de la santé publique ?

Dans un second temps, je m’attarderais sur les effets de cette pandémie et de son impact potentiel dans les pays en développement. Enfin, je ferai en perspective une description des leviers sur lesquels il faut s’appuyer pour faire face à la situation dans laquelle nous aura laissé la pandémie.

Pour commencer, la plupart des pays en développement se caractérise par des économies peu performantes et généralement très endettés.

Leurs PIB sont faibles et leurs systèmes de gouvernances sanitaires très limités en termes de prise en charge sociale et de moyens matériels pour la recherche… Les infrastructures sociales de base (hôpitaux, laboratoire de recherche, centre de santé, école ...) sont très peu existantes dans certaines localités et les services sociaux de base également sont moyennement développés (eau, électricité, éducation, santé, assainissement...). La Mauritanie n’échappe pas à cette description.

En Mauritanie, l’économie est essentiellement orientée sur la pêche, l'élevage, l'agriculture et l'extraction minière. Les ressources financières du Gouvernement viennent majoritairement des recettes et taxes des activités précitées dans sa plus grande partie avec une économie informelle qui représente une grande fourchette.

Il y a également les contributions des PME en termes d’impôt et aussi de toute la population mauritanienne qui joue un rôle non sans importante sur le portefeuille de l’Etat mauritanien. Bien évidemment, ce portefeuille n'est destiné qu’à la mise en place des plans de développement multisectoriels dans le pays. Aujourd’hui, nous pouvons constater que le pays est néanmoins en sentier sur plusieurs plans en termes d'infrastructure et de SSB.

En effet, par manque de ressources financières entre autres, les pays en développement n'ont pas assez de projets d'infrastructures à grande échelle, ils font recours auprès des institutions internationales comme la Banque mondiale, le FMI etc. qui leur allouent des dettes à long terme. Ces dettes peuvent être remboursables pendant des vingtaines d'années voire plus, mais cela se repose sur l'évolution de l'économie du pays. Pour illustrer ces faits, nous avons assisté récemment à l'octroi des permis miniers pour rembourser la dette de l'Etat Koweïtien 30 ans après son accord.

Des milliers de milliards de dollars pourraient être comptés dans les budgets desdits pays si depuis toutes ces années les gouvernants avaient bien utilisé ces fonds pour mettre en place des infrastructures de base. Les prévisions sur l'impact de ces types de pandémies ou « catastrophe naturelle » seront de moindres. Pourtant, ces Etats arrivent parfois à obtenir des financements remboursables pour la mise œuvre des certaines politiques et programmes des institutions en prévision du bien-être des citoyens et l'avenir des hommes.

Par ailleurs, il y'a des activités qui génèrent des recettes très importantes pour les pays depuis plusieurs dizaines d'années et pourtant et pourtant…Aujourd'hui, nous vivons dans un marasme total, le baril du pétrole est vendu à 20 dollars américains, soit à son prix le plus bas observé depuis 2008. Cette situation est en train de mettre plusieurs sociétés en difficulté.

Etant donné que la pandémie perdure, cela peut amener plusieurs sociétés également en récession. L'économie primaire ne fonctionne plus comme avant. Les marchés sont fermés. Certaines Petites et Moyennes Entreprises sont en arrêt. Les citoyens ne sont plus mobiles. La vie dans la société a complètement changé. Les hommes se retrouvent dans l'obligation de se confiner.

Ces changements de comportement et ce mode de vie arrivent avec des situations économiques très particulières et difficiles. Plusieurs personnes se retrouvent en chômage, les moyens de subsistance sont devenus très rares. Tout a changé, même la vie conjugale, l'éducation des enfants dans les foyers, même la relation entre certains couples et leurs enfants. Beaucoup d’habitudes aussi ont changé, personne ne se rapproche de l'autre, chacun cherche à sauver sa peau...

Tout le monde reste focus sur une seule chose qui est de vaincre le Covid-19 par tous les moyens à leur disposition. Les mesures d'hygiène et de sécurité sont scrupuleusement respectées et partout. On ne parle plus de guerre, ni de crise climatique, ni de terrorisme, j'en passe. Mais plutôt, de crise sanitaire et biologique qui est dore et déjà à l'origine de plusieurs autres crises sur plusieurs plans. Toutes les écoles et universités sont aussi fermées. Plusieurs programmes et projets sont inactifs. Les effets de cette pandémie entretiennent des liens étroits. Les uns débordent sur les autres. Aucun secteur n’est mis à l'écart, les institutions publiques et privées, les organisations nationales et internationales etc.

A l’heure actuelle, le débat est centralisé autour de la crise sanitaire. Celle-ci constitue le noyau de la gouvernance. Plusieurs thématiques doivent être revues à l’occasion de cette pandémie.

A commencer par les politiques de gestion du système de santé et de l’action sociale pour les pays en développement, la mise en place des centres et des laboratoires de recherches de qualité, la promotion de l'innovation technologique dans le domaine de la santé…Tout le monde est d’accord que le respect des règles d’hygiène et d'assainissement est fondamental pour le bien être de l'humanité. Certaines organisations constatent déjà que l'impact de cette pandémie pourrait conduire à la pauvreté et au maintien de celle-ci pendant plusieurs années. La solidarité internationale commence à s’exprimer avec la possibilité d’annuler les dettes de certains pays.

Comme je l'ai souligné un peu plus haut, les impacts de cette crise ne s'arrêtent pas là. Parler de l’après COVID-19 serait un peu tôt (espérons que ça s’arrête à ce niveau), mais nous continuons à espérer que les choses vont évoluer positivement. Alors, j'espère qu’après cette crise, les habitudes vont changer et que des mesures rigoureuses vont être envisagées pour que celles qui sont bonnes perdurent. Les politiques, les programmes et les projets de gouvernance dans les pays en développement vont être revus et améliorés en considération de cette crise.

Les Etats hôtes qui ont pour principal rôle de prévoir et d'anticiper les actions pour le bien-être des populations doivent être améliorés ainsi que leur leadership. J'espère que les appuis aux aides internationales vont être bien investis au profit de populations cibles. J’espère que les appuis et accompagnements des populations pauvres victimes de l’impact de cette pandémie ne vont pas s’arrêter qu’à la distribution des vivres, mais persévérer et aller au-delà en les enseignants comment pêcher au lieu de leur donner simplement du poisson (…) J'espère que les dettes qui seront contractées iront à bonne destination conformément à leurs motifs. J'espère que les infrastructures sociales de base sophistiquées vont être mise en place dans toutes les régions du pays. Notamment sanitaires, éducatives et commerciales etc.

J’espère que les entreprises (grandes, petites et initiatives…) vont être soutenues par les gouvernements en termes d’exonération, de réduction de taxe douanière et d'impôt etc. Pour leur permettre de poursuivre leurs activités naturellement et d'agir en réponse aussi afin de minimiser l'impact de cette crise. Un dumping pour les entreprises locales exportatrices est souhaité. La gestion des services sociaux de base doit également être revue et améliorée. Notamment dans le secteur de la santé et autres.

Malheureusement, en Afrique, il n'y a que ceux qui travaillent dans les grandes boîtes qui disposent d’une couverture médicale gratuite et quelque fois dans la fonction publique. Mais qu’en est-il pour les retraités et aussi ceux et celles qui ne travaillent pas dans les structures précitées etc. Alors, espérons que l’assurance maladie sera gratuite pour tous dans ces pays. Que la recherche sur le secteur de la santé va être développée avec des laboratoires de qualité.

L’Union Africaine doit dorénavant jouer un rôle déterminant dans l'appui à la certification de la qualité des produits de recherche des africains pour le monde entier. L’action sociale doit être mise au cœur du débat à l’image de ce que font les Sénégalais dans le secteur de la santé publique. La culture hygiénique que cette pandémie nous a enseignée doit demeurer ainsi que toutes les bonnes habitudes qui en découlent. J’espère que ces slogans de « stay at home » et « protège toi, protège les autres » nous ont permis de bien méditer sur la responsabilité de l'homme vis-à-vis de l'autre.

Que le modèle Chinois va inspirer tout le monde. La continuité des cours via téléconférence pour éviter une année blanche à l’occasion de ces types de crises... doit être davantage développée. J’espère qu'une partie de la réponse de cette pandémie sera le boom d'innovation technologique dans ces pays. Que le ZLEC sera l’un des canaux du développement économique des pays africains et minimisera l'impact économique de cette crise. Que l’Union Africaine fera la promotion des initiatives communes pour un plan de riposte africain multisectoriel.

Mamadou DIA




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