12-05-2020 18:45 - Mauritanie: la grève des acteurs de la pêche artisanale

Senalioune - Une délégation du groupe IRA/RAG a rencontré les responsables des organisations de la pêche artisanale au siège de leur coordination. La délégation était composée de :
– L’honorable députée Coumba Dada Kane,
– Ahmed Hamar Vall – membre du Conseil exécutif d’IRA – Mauritanie,
– Balla Touré – Secrétaire général du Parti RAG.
La rencontre a été couverte par Alioune Sow – Journaliste (mauritania.com).
Les responsables des organisations de pêcheurs ont, dans leurs différentes interventions, donné les raisons de leur mouvement de grève mais aussi expliqué le caractère insensé des décisions des autorités à leur égard dans le cadre de l’application des mesures barrières pour lutter contre la propagation du Covid 19.
Abdoul Karim Dieye (Secrétaire général de Fédération des pêches) et Ibrahima Sarr (Président de la Fédération Libre de la pêche artisanale), Oumar Diallo (Porte-parole des pêcheurs, membre de la Coopérative « le Mole »), Ibrahima Gaye (Vice-président de la Coopérative « le Mole »), Mame Pathé Teuw (Président de la Commission des pêcheurs) et Yali N’Diaye (Président de Coopérative « le Mole ») résument, ici, le sentiment général des responsables des pêcheurs artisanaux :
« Notre responsabilité : Conscients du danger que représenterait une propagation du coronavirus dans notre pays, nous avons été les premiers à prendre nos responsabilités et à décider de mesures pour renforcer celles prises par le gouvernement.
Nos délégués ont participé, dans trois commissions conjointes avec le Ministère des pêches et de l’économie maritime et la Marine nationale, à la campagne de sensibilisation menée le long de la côte à l’adresse des acteurs de la pêche artisanale sur les mesures barrière contre la propagation du Covid 19.
Nous avons signalé et permis la mise en quarantaine, à plusieurs reprises, des personnes qui se sont infiltrées du Sénégal par la zone de pêche.
Qu’est-ce que les autorités ont décidé ?
Elles ont décidé que désormais, à chaque sortie en mer, l’équipage doit recevoir un bon délivré au niveau du quai par la marine. Au départ, les éléments de la marine postée sur un bateau au large doivent vérifier le bon ainsi que la composition de l’équipage ; la même procédure est répétée au retour de l’équipage.
Qu’est-ce que cela pose comme risques et difficultés ?
– Ce sont des milliers de pêcheurs qui se bousculent à la caisse où les bons sont délivrés aux équipages alors que ce qu’il y a à craindre le plus en cette période de pandémie se sont les attroupements que les autorités s’emploient à éviter. Elles en créent plutôt par cette mesure insensée.
– Les pirogues qui accostent le bateau de la marine amarré au large risquent des avaries et les équipages s’exposent à des risques d’accidents dont un grave sur deux pêcheurs a pu être évité grâce à l’intervention in extrémis des membres de l’équipage d’une autre pirogue.
– Les équipages attendent deux à trois jours avant de recevoir le sésame (le bon de sortie) – c’est une perte énorme de temps qui affecte considérablement la productivité des pêcheurs.
– A côté de ces risques, il est à déplorer les injures et les menaces proférées aux pêcheurs par les éléments de la marine nationale qui collaborent de façon conflictuelle avec les garde-côtes.
Quelles sont les conséquences socio-économiques de ces mesures insensées?
Dans la pêche artisanale et ses activités dérivées, à Nouakchott, se sont deux cents vingt mille personnes qui y travaillent. Ainsi, à cause de la grève, une nombreuse population laborieuse reste sans revenus.
Déjà le poisson manque cruellement dans les marchés de vente de poisson de Nouakchott et de l’intérieur du pays – en cette période de précarité causée par la pandémie du Covid 19, les ménages, surtout ceux vulnérables, de retrouvent davantage affectés.
Qu’est-ce que nous proposons ?
Nous proposons une mesure simple et facile à appliquer. Il s’agit de l’établissement d’une zone tampon qui permettrait aux pêcheurs de la zone frontalière de s’adonner à leur activité sans possibilité de contacts entre les pêcheurs du Sénégal et les nôtres ».
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