30-05-2020 13:51 - Maroc : Abderrahmane Youssoufi, le dernier des Sages

Maroc : Abderrahmane Youssoufi, le dernier des Sages

Jeune Afrique - L’ancien Premier ministre du roi Mohammed VI et, avant lui, de son père Hassan II a rendu l’âme à l’âge de 96 ans. Personnage clé de l’Histoire contemporaine du royaume, il a inspiré des générations d’hommes politiques et de militants.

« Le Maroc a perdu un grand homme. Et j’ai perdu mon mentor et mon deuxième père » : le tweet de la Présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach, en dit long sur ce que représente Abderrahmane El Youssoufi, pour de nombreux de Marocains.

Celui qui a fini sa carrière politique en assurant la délicate transition entre Hassan II et Mohammed VI, a côtoyé les figures emblématiques de la libération, formé et encadré les futurs leaders socialistes, inspiré des générations de militants et surtout forcé l’admiration de tous, ses farouches adversaires compris.

Figure emblématique

L’histoire politique du Maroc post indépendance, Abderrahmane El Youssoufi l’a vécue et l’a même façonnée. Il a été acteur influent de tous les événements politiques phares ayant marqué le royaume ces 60 dernières années : la scission au sein du parti de l’Istiqlal et la création de l’UNFP (ancêtre du parti de socialiste), le décès du sultan Mohammed V, la première constitution et les premières élections du royaume, l’état d’exception… jusqu’à la formation du gouvernement d’Alternance politique qu’il a dirigé en 1998 après des années de tractations avec Hassan II.

Avec le monarque défunt, il aura tout vécu : la prison, les tribunaux – tant avec sa robe d’avocat comme sur le banc des accusés –, l’exil, la réconciliation et puis les secrets… beaucoup de secrets. « Dans un dîner il m’a expliqué que pour lui un ami politique est quelqu’un qui pouvait garder des secrets. Et que son ami politique le plus proche n’était autre que le défunt roi Hassan II », raconte à Jeune Afrique, Hamid Berrada. « Il a eu un parcours unique : il était à la fois un redoutable contestataire mais aussi un des grands serviteurs de la monarchie », ajoute le journaliste qui a eu des rapports privilégiés avec El Youssoufi.

D’ailleurs celui qui a accompagné Mohammed VI, durant ses premières années de règne, a cédé son fauteuil de Premier ministre en 2002 sans faire de vagues, alors que l’Union socialiste des forces populaires USFP) dont il était encore Premier secrétaire avait remporté les législatives. « Mieux encore, il a aidé Driss Jettou à former son gouvernement et a convaincu son parti à y participer, tout en déclarant en privé comme en public que cette nomination ‘ne correspondait pas à la méthodologie démocratique’ », nous confie Hamid Berrada.

Un homme discret

Sa discrétion légendaire, Abderrahmane El Youssoufi l’a cultivée jusqu’au bout. La seule fois où il s’est vraiment livré, c’est à travers la plume d’un de ses compagnons, M’barek Bouderka. Cette figure de la gauche (et un des artisans de l’Instance équité et réconciliation) a publié en 2018, un recueil de conversations avec El Youssoufi intitulé « Discussions autour de ce qui s’est passé, bribes de mon parcours telles que racontées à Bouderka ».

Riche en révélations, cette biographie autorisée ne dit cependant pas tout sur ce qu’a vécu cette figure emblématique de la politique marocaine. Il emporte dans sa tombe de grands secrets d’Etats qui ne seront peut-être jamais dévoilés…

Par Fahd Iraqi - à Rabat





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Source : Jeune Afrique
Commentaires : 1
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Commentaires (1)

  • Terrier (H) 30/05/2020 14:09 X

    On dit qu’il a sauvé le Maroc lorsque le roi Hassan 2 fera appel à ses services quelques mois avant sa mort et a conduit merveilleusement les affaires du royaume jusqu’à son limogeage par le roi actuel au lendemain de son intronisation ! Et depuis lors il vivait faisant profil bas comme incriminé en quelque chose ? Quelqu’un en sait-il plus sur ce plan ???