Kassataya - Mohamed, 7 ans, est arrivé en France pour être opéré du cœur, avec l’association Enfance et vie.

Hébergé dans une famille d’accueil à Tourcoing, il est complètement rétabli. Mais il ne peut pas rentrer, faute de vol retour. C’est un petit garçon plein de vie, avec un sourire jusqu’aux oreilles, qui ne quitte jamais longtemps son jouet Spiderman.

Pourtant, il y a encore quelques semaines, Mohamed, 7 ans, était en réanimation à la suite d’une lourde intervention chirurgicale, à cœur ouvert, au CHR de Lille.

« Quand il est sorti, à l’hôpital, on l’a appelé le miraculé. »

« L’opération s’est très bien passée mais il a fait complication sur complication, explique Valérie Lecoutre, qui l’accueille chez elle à Tourcoing et est aide soignante au CH Dron. Il nous fait quelques frayeurs…Quand il est sorti, à l’hôpital, on l’a appelé « le miraculé » Il s’est remis tout doucement. »

Arrivé en France le 16 janvier, il était censé rentrer en Mauritanie, en Afrique, le 20 mars. Mais le confinement, « il n’y a toujours aucun vol, les frontières sont fermées »

« On attend la décision du gouvernement pour que la situation se débloque, explique Marie-Pierre Delebecq, bénévole de l’association Enfant et Vie. D’habitude on ne cherche pas à ce que les enfants soignés restent trop longtemps, pour éviter que le retour dans leur pays ne soit pas trop dur. Il n’a jamais été aussi heureux. »

A son arrivée, cependant, les premiers jours été « compliqués ». «Sa vie est totalement différente, dans une sorte de grande tente, sans eau courante ni électricité, précise Valérie. Il est arrivé ici, dans une famille qu’il ne connaissait pas et qu’il ne comprenait pas »

Pour communiquer avec lui, Valérie a fait appel à des connaissances parlant l’arabe littéraire. « Je suis allé chez l’épicier de la rue Dunkerque pour pourvoir prévenir Mohamed que le lendemain, c’était le jour J, qu’il allait être opéré.» Depuis, Mohamed a appris quelques mots de français, et sait que « l’avion est fermé ».

Au départ, comme il ne «voulait rien avaler », Valérie a cuisiné des plats africains. « Maintenant, il mange de tout, même des frites ! Il a pris quatre kilos, alors qu’il était complètement dénutri en arrivant »

C’est Mélanie, 22 ans, la fille de Valérie, qui avait souhaité devenir famille d’accueil, après avoir vu un reportage à la télé. Pour cette première expérience, toutes les deux se sont attachées à Mohamed, qu’elles ont emmené en promenade en forêt, à l’école et à la foire de Tourcoing, avant le confinement. « C’était magique pour lui, se souvient Valérie. On a eu beaucoup de mal à partir ! »

En février, Mohamed a eu droit à sa fête d’anniversaire, où « il a soufflé ses bougies devant tout le monde ».

Autant de souvenirs retracés dans un album photos qu’il emportera dans ses valises, dès que son retour en Mauritanie sera possible.

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L’Association Enfance et vie dans l’expectative

Souffrant d’une malformation cardiaque congénitale, Mohamed est le 200ème petit patient pris en charge par l’association Enfance et vie, basées à Loos. « On travaille avec l’ONG suisse Terre des hommes, qui nous présente des dossiers médicaux », indique la présidente de l’association, Eléonore Laroyenne.

Cette année, huit enfants, issus de pays où ils ne peuvent pas être soignés, devaient initialement venir en France, grâce à « des chirurgiens qui opèrent bénévolement », dans le cadre d’une convention avec le CHR de Lille. Ils sont alors hébergés dans des familles d’accueil, pour deux ou trois mois maximum.

Mais en raison du confinement « le processus ne s’est pas poursuivi. » Mohamed est le moment le seul enfant pris en charge cette année. « Les dossiers de trois petits Guinéens avaient été acceptés, mais on ne sait pas encore s’ils pourront venir », regrette Marie-Pierre Delebecq, une bénévole.

Fanny Saintot

Source : La Voix du Nord (France) – Le 27 mai 2020