07-06-2020 12:39 - Editorial/Mauritanie : De la crise sanitaire à la crise économique : La politique de la main tendue

Editorial/Mauritanie : De la crise sanitaire à la crise économique : La politique de la main tendue

Initiatives News - La crise du coronavirus a été fatale à l’économie mauritanienne qui était déjà en très mauvaise posture le 1er août dernier lorsque le président sortant, Mohamed Ould Abdel Aziz a transmis le témoin à son frère d’armes et ami de longue date Mohamed Ould Cheikh El Ghazwani.

Les caisses de l’Etat étaient vides comme l’a déclaré solennellement le premier ministre le 29 janvier dernier devant le parlement. A en croire le chef du gouvernement l’équipe sortante dirigée par Ould Abdel Aziz a laissé une dette de 200 milliards d’ouguiyas dont 300 millions de dollars doivent être remboursés en 2020.

Au 1er août 2019 le compte du Trésor Public n’était crédité que du montant ridicule de 26,4 milliards d’ouguiyas dont 18 milliards disponibilisés par la Banque mondiale à titre d’appui au budget.

A l’énoncé de ces chiffres les mauritaniens et tous les observateurs tombaient des nues et le choc était d’autant plus fort que le président sortant et ses sbires entretenaient un véritable tintamarre sur leur fameuse politique de lutte contre la gabegie qui s’est avérée n’être qu’un leurre.

Et la surprise était d’autant plus grande que durant la décennie écoulée le pays a bénéficié d’une grande manne tirée des recettes du fer dont les prix ont connu une hausse historique durant une longue période. La Mauritanie a également bénéficié d’une aide internationale accrue de la part des bailleurs de fonds arabes et des partenaires internationaux.

A l’issue d’une réunion la semaine dernière à Nouakchott, le ministre de l’économie et de l’industrie, Abdel Aziz Ould Dahi, président de la commission de veille économique a fait observer que les prévisions font état d’une croissance négative qui se situera aux alentours de mois 2% devant entrainer un déficit budgétaire de 5%, une manière de dire que les indicateurs économiques sont au rouge.

Face à cette situation peu confortable, la Mauritanie ne pourrait compter que sur l’assistance extérieure. Ce n’est donc pas un hasard si le leitmotiv de l’équipe gouvernementale devient l’annulation pure et simple de la dette, une campagne lancée récemment par le président Ghazwani à l’occasion d’une rencontre par vidéoconférence avec la participation de 50 chefs d’état et hauts responsables consacrée au financement du développement pendant et après cette période de la covid-19.

Il a plaidé pour une annulation immédiate de la totalité de la dette afin de pouvoir faire face aux conséquences dramatiques de la crise. C’est dans ce contexte qu’il conviendrait d’inscrire la rencontre du premier ministre Ould Cheikh Sidiya avec les représentants du système des Nations Unies et de l’Union Européenne ainsi que l’appel lancé par le ministre des affaires étrangères Mr Ismael Ould Cheikh Ahmed qui a participé vendredi dernier, par visioconférence, à une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies.

A noter que la Mauritanie a déjà par le passé bénéficié à plusieurs reprises de l’initiative PPTE. La dernière fois c’était en 1996, lorsque le FMI et la Banque mondiale ont lancé l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) en vue d’alléger la dette de certains pays africains. Cette mesure a été complétée en juin 2005 par l’initiative d’allègement de la dette multilatérale.

Malheureusement les milliards issus de cet allègement de la dette n’ont pas servis à grand-chose et ont été dilapidés.

Comment un pays comme la Mauritanie qui jouit d’immenses richesses peut-il continuer à vivre sous perfusion aux dépens de la communauté internationale ? Comment une économie aussi précaire du fait de la mal gestion va-t-elle accusée le coup asséné par la crise du corona virus ?

Difficile de se frayer un chemin pour une économie extravertie, en coupe réglée, et entièrement dépendante des maigres subsides versées par des firmes internationales qui opèrent un pillage en règle de nos richesses halieutiques et minières.

Face à l’ampleur de la crise nos autorités ne trouvent pas mieux que leur vieille recette de la main tendue pour recevoir des miettes de la part de nos "généreux" donateurs qui en contrepartie ne se feront pas prier pour récupérer leur dû.

Il serait souhaitable que nos dirigeants tirent les leçons de cette crise mondiale et décident enfin de repartir sur de bonnes bases en vue d’une exploitation plus judicieuse et d’une gestion intégrée de nos immenses ressources.

Bakari Guèye




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Commentaires (5)

  • dauphin (H) 08/06/2020 00:46 X

    C est triste pour ce pays avec des dirigeants pourris a la moelle.

  • Marouane (H) 07/06/2020 17:07 X

    Il est trop tôt pour évaluer les conséquences économiques du Covid-19 sur la Mauritanie; surtout si on se base sur des données très générales et approximatives. C'est beaucoup plus compliqué que ça ! En effet, c'est la nature même de la mondialisation qui va, à moyen terme, radicalement changer. Les capitaux ne seront plus aussi mobiles que par le passé. La délocalisation en prendra un bon coup car c'est la couverture du marché intérieure qui sera désormais la priorité de nombreuses puissances; la Chine n'ayant pas pu jouer pleinement son rôle d'usine du monde à cause d'un petit virus. A quelques choses malheur est bon, parce que je prédis que de nouveaux ensembles verront le jour dans la sous région ouest africaine, en jouant sur la complémentarité des économies locales. Vivement la construction du pont de Rosso pour une réelle connexion de tous les pays d’Afrique depuis le Maroc jusqu’à l’Afrique du sud.

  • I come Icare (H) 07/06/2020 15:23 X

    Monsieur Gueye, c’est un très bon article, très objectif qui dite la situation qui prévaut depuis le départ d’Aziz, seulement, ce qui est très bizarre dans ce changement est que le nouveau président veut faire du neuf avec du vieux gabégiste et malhonnête, il veut faire plaisir à son prédécesseur qui cherche par tous les moyens aujourd’hui de l’agonir, monsieur GUEYE jusqu’à présent, les mauritaniens croient qu’il ne sont pas gouverné et qu’ils ont un gardien de temple, rien n’a changé et rien ne changera, comme le dit le commentaire qui vient de l’Angleterre dans l’autre article, il a raison il ne faut s’attendre à rien du tout, mais pour faire oublier aux mauritaniens cette incapacité de gouverner, il sont entrain de chercher un Biram pour tromper la vigilance. Certains savaient que Ghazouani n’était pas l’homme du changement mais de la pureté de la vie qui devient de plus en plus difficile.

  • zeni (H) 07/06/2020 13:27 X

    article sans intérêt

  • medabdul (H) 07/06/2020 13:08 X

    bakari que veux tu? c'est le règne de la mediocrite du racisme;du vol à ciel ouvert ces gens s'en foutent de Mauritanie; (***) l'essentiel c'est l'argent les grosses voitures et avoir des femmes à gogo;pour eux le reste c'est des foutaises.