18-08-2020 21:12 - Mali : le président Keïta arrêté, l’UE condamne une "tentative de coup d’État"

Sud-Ouest - Le président Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre ont été "arrêtés" en fin d’après-midi à Bamako par des militaires en révolte.
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre Boubou Cissé ont été arrêtés mardi en fin d’après-midi par des militaires en révolte, tandis que des soldats fraternisaient avec des manifestants qui réclament depuis des mois le départ du chef de l’État.
"Nous pouvons vous dire que le président et le Premier ministres sont sous notre contrôle. Nous les avons arrêtés" au domicile du chef de l’État à Bamako, a déclaré l’un des chefs de la mutinerie.
Une information confirmée dans la soirée par le directeur de la communication du chef du gouvernement malien. Les deux dirigeants "ont été conduits par les militaires révoltés dans des véhicules blindés à Kati", où se trouve le camp Soundiata Keïta, a précisé cette source.
Manifestations à Bamako
Dans Bamako, les mutins ont été acclamés par des manifestants rassemblés pour réclamer le départ du chef de l’État aux abords de la place de l’Indépendance, épicentre de la contestation qui ébranle le Mali depuis plusieurs mois, avant de se diriger vers la résidence du président Keïta.
Avant même l’annonce de l’arrestation du président et de son Premier ministre, les pays de l’Afrique de l’Ouest, la France ou encore les États-Unis avaient exprimé leur inquiétude et dénoncé toute tentative de renversement du pouvoir. Le président français Emmanuel Macron s’est entretenu de la crise qui s’est déclenchée à Bamako avec ses homologues nigérien Mahamadou Issoufou, ivoirien Alassane Ouattara et sénégalais Macky Sall, et il a exprimé "son plein soutien aux efforts de médiation en cours des États d’Afrique de l’Ouest.
"Faire taire les armes"
Le chef de l’État "suit attentivement la situation et condamne la tentative de mutinerie en cours", a ajouté la présidence française. Quelque 5 100 militaires français sont déployés au Sahel, notamment au Mali, dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, avait auparavant affirmé que la France condamnait "avec la plus grande fermeté" cette "mutinerie".
Peu avant son arrestation par les militaires, le Premier ministre Boubou Cissé leur avait demandé dans un communiqué de "faire taire les armes", se disant prêt à engager avec eux un "dialogue fraternel afin de lever tous les malentendus". "Les mouvements d’humeur constatés traduisent une certaine frustration qui peut avoir des causes légitimes", avait estimé M. Cissé, sans plus de détails sur les raisons de la colère des militaires.
Plusieurs chancelleries occidentales avaient fait état dans la journée de l’arrestation de personnalités politiques, dont des ministres, mais elles n’ont pas pu être confirmées de sources officielles, pas plus que celles concernant des haut gradés, revendiquées par les mutins.
L’UE condamne la "tentative de coup d’Etat"
Le chef de la diplomatie de l’Union européenne Josep Borrell a "condamné" mardi "la tentative de coup d’Etat en cours au Mali". "Elle rejette tout changement anti-constitutionnel. Ceci ne peut en aucun cas être une réponse à la profonde crise socio-politique qui frappe le Mali depuis plusieurs mois", a-t-il affirmé dans un communiqué.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé mardi à la "libération immédiate et sans conditions" d’Ibrahim Boubacar Keïta. Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunira de son côté mercredi après-midi en urgence à huis clos, à la demande de la France et du Niger, qui préside actuellement la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), a-t-on appris de source diplomatique.
"Le secrétaire général condamne fermement ces actions et appelle au rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel et de l’Etat de droit au Mali", a déclaré son porte-parole dans un communiqué. "A cette fin, il exige la libération immédiate et sans conditions du président Ibrahim Boubacar Keïta et des membres de son cabinet", a-t-il ajouté, exhortant "toutes les parties prenantes, en particulier les forces de défense et de sécurité, à faire preuve de la plus grande retenue".
Par SudOuest.fr avec AFP