24-06-2022 20:34 - Mauritanie : un consortium d'ONGs va lancer une campagne sur la consommation locale saine et équilibrée

Mauritanie : un consortium d'ONGs va lancer une campagne sur la consommation locale saine et équilibrée

Comment produire ? Comment contrôler nos produits locaux ? Quels sont les obstacles liés à la commercialisation de ces produits locaux ? Qu’est-ce qui explique en Mauritanie, on a un secteur privé plus importateur que producteur ? La Guerre en Ukraine ou encore le Covid-19 ont-ils suffisamment crée le déclic chez nos décideurs pour impulser la transformation de nos produits locaux ?

Ce jeudi 23 juin, l’ONG Ecodev, Amad et Actions organisaient, avec l’appui de l’Union européenne, un atelier d’échanges et de validation d’une campagne de communication sur le thème de la « Consommation locale saine et équilibrée ».

Cette campagne a pour objectif de sensibiliser la population mauritanienne urbaine et rurale sur l’importance de la consommation locale et de l’alimentation équilibrée d’un point de vue nutritionnel.

Cette campagne va être lancée le 16 octobre prochain.

Sidi Khalifou, président d’Ecodev : « On a vu les expériences dans d’autres qui ont marché. On se rend compte que le contexte mondial pousse à ça. Que ce soit avec la crise du Covid-19, on a vu les problèmes de légumes. Que ce soit maintenant, avec le problème de l’Ukraine, on a vu les problèmes du lait. Je pense que l’administration va promouvoir la production, et c’est à nous les citoyens de consommer, de porter la dynamique de consommation locale pour qu’on donne une préférence à nos produits, tout en sachant qu’on a aussi un effort d’amélioration de la qualité, la proximité, la disponibilité, la distribution qui est un processus long et complexe».

Pour Mohamed Yahya Ould Mohamed Mahmoud, chargé de mission au ministère de l’Agriculture : «Notre problème n’est pas un problème de production mais un problème de conservation et de transformation. J’ai vu de mes propres yeux ma mère verser le blé dans la rue parce qu’elle ne voulait pas le consommer et le donner à quelqu’un d’autre. Nos habitudes de consommation ont aujourd’hui changé parce que le mil qu’on consommait, on ne le consomme plus. Nous avons des contraintes écologiques pour la production de certaines denrées : le maraichage par exemple. L’hectare de maraichage peut produire 100 tonnes. Ce n’est pas donc un problème de maraichage. Les conditions écologiques font qu’on le produit dans un temps circonscrit. Dès lors, l’offre dépasse la demande. Le producteur produit et n’arrive pas à écouler. Il lui sera difficile de venir l’année prochaine. Donc, c’est une question stratégique pour que les gens continuent. Il faut qu’on consomme et c’est une tache commune qui interpelle tout le monde».

Sidi Ould Hamane, directeur de la nutrition et de l’éducation sanitaire au ministère de l’Education nationale :

« L’élaboration de cette communication va nous aider dans notre programme d’alimentation scolaire que nous venons de lancer, en 2021. Ce programme bénéficie cette année à 184.000 personnes dans toutes les wilayas et dans 1200 écoles. C’est un programme qui est financé sur le budget de l’Etat, appuyé par nos partenaires techniques et financiers comme notre ancien partenaire, le PAM, et un nouveau partenaire qui est le ministère américain de l’Agriculture. Cette stratégie va nous aider dans notre politique. Pour nous, le panier alimentaire doit être formé surtout de denrées alimentaires locales. Nous avons déjà commencé à utiliser dans toutes les cantines le riz mauritanien. Nous ne ménagerons aucun effort pour la vulgarisation de cette campagne».

Yacouba Diagana, coordinateur de l’ONG Actions : « le meilleur soutien à la production locale, c’est d’abord et avant tout la consommation. Produire oui, mais il faut d’abord consommer. Quand on consomme, les producteurs vont davantage produire et cela va impacter la qualité des produits que nous allons consommer. Notre croissance économique est basée sur les industries extractives. Elle n’est pas basée sur la production, le travail des citoyens mauritaniens. C’est pourquoi cette croissance est fragile. La véritable croissance sera celle qui sera produite par les citoyens lambda et cela passera qu’à travers la production locale et la consommation locale. En travaillant sur ce levier de consommation locale, nous touchons un ensemble d’axes et de secteurs de développement. En produisant localement, on va consommer des produits frais, on va consommer des produits qui ont subi moins de transformation chimique et du coup, nous consommerons des produits qui seront de meilleure santé pour les citoyens mauritaniens. On a un grand taux de prévalence de maladies chroniques, ceci est dû tout simplement à la malbouffe».

« Cette campagne ne va pas réussir s’il n’y a pas un engagement fort de l’Etat en renforçant le secteur de l’Agriculture. Nous avons des femmes qui, aujourd’hui, sont en train de faire un travail au niveau local parce qu’elles apportent une valeur ajoutée au niveau de l’économie locale. Ces petites productrices doivent être soutenues par le gouvernement en leur offrant des possibilités pour pouvoir fructifier leurs activités. C’est bien aussi que les producteurs puissent obtenir des intrants, qu’ils puissent accéder aux financements pour pouvoir aménager de grandes surfaces pour pouvoir produire et produire beaucoup et mieux. Si, on ne l’assure pas, on va beau parler mais les gens vont chercher les produits ailleurs. D’ailleurs, c’est ce qui se passe aujourd’hui avec les fruits, les légumes», a déclaré Amadou Seydi Djigo, représentant de l’Association Mauritanienne pour l’Auto-développement (AMAD).

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