11-12-2023 13:18 - Atelier au secteur des pêches : feuille de route, relance et espoirs s’emmêlent

Atelier au secteur des pêches : feuille de route, relance et espoirs s’emmêlent

Il y a quelques heures, Monsieur le Secrétaire General du Ministère des Pêches et de l’Economie a clôturé les travaux de l’« Atelier de concertation sur la feuille de route pour la relance du secteur des pêches et de l’économie maritime » ouvert, hier, par Son Excellence le Ministre des Pêches et de l’Economie Maritime Moctar Alhousseynou LAM.

Le présent écrit fait suite au commentaire fait hier sur la première journée de cet atelier et qui fut partagé, via les médias (https://cridem.org/C_Info.php?article=770402), avec le public sensé être intéressé par ce qui se passe dans ce secteur dont les contributions au PIB, aux recettes budgétaires, en devises, en emploi et à la lutte contre l’insécurité alimentaire, restent toujours en dessous de ses potentialités et des attentes des pouvoirs publics et des citoyens avertis.

Aussi, cet écrit tente de soulever quelques points en vue de pousser les cadres du Cabinet impliqués ainsi que les Experts auxquels monsieur le Ministre a confié, avec ses soutiens politiques impliqués, la consolidation des rapports des 5 groupes formés lors l’atelier pour étudier et enrichir le travail qui avait préalablement été réalisé par le panel des Experts.

A mon humble avis, le premier point est l’opportunité d’une feuille de route pour une période qui dépasse le mois de mai 2024. Peut-on bien comprendre que faire des propositions pour le moyen et long terme, vise à s’en servir comme ingrédients ou une source d’inspiration pour l’élaboration du futur programme électoral du candidat de l’INSAF, déjà en perspective, en l’occurrence le Président actuel de la République Mohamed Cheikh Al-Ghazouani.

Pour les pessimistes, les actions proposées pour le moyen et le long terme pourraient s’avérer soit en contradiction avec le programme électoral du Président Ghazouani ou de celui que Ghazouani et ses collègues en auront décidé la candidature, soit inopportunes si un troisième larron surgira-il d’ici-là.

Compte tenu de ce qui précède, au lieu d’une feuille de route et de cette ambition de ‘’relance’’, on aurait plutôt pu se suffire d’un plan d’action pour 2024, issu de la L2P et apportant des solutions, particulièrement aux problèmes ayant été posés à Monsieur le Ministre lors de sa visite de travail de juillet dernier à Nouadhibou.

Les participants, ont constaté que les travaux présentés pour les traduire en feuille de route et parvenir à la relance souhaitée par Son Excellence, s’appuient essentiellement sur la L2P (Objectifs, Chantiers Structurants, etc.), reconnaissant ainsi que cette L2P est, malgré tout, la seule stratégie du secteur jusqu’à fin 2024.

En somme, peut-on parler de relance sans introduire de profonds changements du genre nouveaux paradigmes ? Aussi, peut-on apporter de tels changement à une stratégie en cours de validité sans en informer, au préalable, le gouvernement à travers une communication en Conseil des Ministres ?

Le deuxième point à souligner, se rapporte à la compétence territoriale incomplète et pénalisante du ministre chargé des pêches sur le littoral, en générale et sur la zone de Nouadhibou en particulier. Le fait que la gestion du domaine public maritime, des ports et de la formation maritime lui échappe, montre combien le MPEM ne maitrise pas d’importants outils de sa politique.

D’autres exemples, en constituent les agréments donnés à certaines usines de valorisation des produits de poisson (fabrication de farine et de conserves) et l’octroi de terrains maritimes pour des usages qui pourraient être inopportuns, voire contraires à la vision du MPEM et à sa stratégie.

En ce qui concerne les travaux des groupes chargés d’étudier les rapports réalisés par les Experts privés et les cadres du Cabinet du Ministre, je n’ai accédé qu’au seul document du groupe « Axe stratégique 1-Gestion durable des pêches maritimes et des écosystèmes marins » et ce après intervention de Monsieur le Ministre en personne quand SE a donné instruction aux organisateurs pour distribuer les rapports des Experts aux 5 groupes constitués de l’Atelier.

A propos, ce geste salutaire de Monsieur le Ministre, sa présence aux travaux durant les deux jours de l’atelier et son intervention éloquente et enrichissante à la fin des travaux de l’Atelier, ont valu à Son Excellence les félicitations des participants et démontré sa volonté de voir les Experts approfondir l’analyse de leurs documents et les cadres de son département directement impliquées dans la préparation de la synthèse, intégrer fidèlement les contributions des participants.

Au sujet de ce premier groupe sur la durabilité de la ressource, je n’ose dire que les principales composantes de nos ressources halieutiques tendent vers la surexploitation et que malgré cette situation l’immobilisation du navire de recherche AL AWAM (déclaré, depuis 2019, épave par ses fournisseurs) laissera certainement ses impacts dans le domaine de l’évaluation des stocks.

Je rappelle également que les aménagistes proposent généralement, partant du droit de l’Etat de retirer l’effort de pêche (ou quotas) excédentaire, un fonds de rachat pour compenser les victimes de la mesure de retrait.

En amont, ces aménagistes proposent aussi la mise en concurrence des possibilités de pêche disponibles pour vente (pour un an ou plus) ; cependant le vrai enjeu réside dans les détails des modalités de cette mise en concurrence (éviter la concentration des possibilités de pêche entre les mains d’un nombre limité d’acteurs via les faux actes administratifs, l’absence de transparence et d’équité, etc.).

Au niveau des chaines de valeurs, on aurait voulu voir clairement l’inventaire de ces chaines pour que les acteurs du secteur aient la même compréhension de concept. Là, on doit suffisamment expliciter la place des ports (premier point de contact mer-terre du produit), de l’industrie de construction navale, de la formation maritime et de la qualité commerciale et hygiénique en tant que maillons (ou non) de ces chaines de valeur.

La création de l’AMAM par décret par rapport aux dispositions de la loi portant code de la marine marchande, semble susciter des discussions auxquelles une réponse est à apporter avant la sortie du document final de la feuille de route, objet de l’atelier du 1er et 2 décembre courant.

D’autres observateurs, se demandent si un EPIC (AMAM), peut jouer le rôle d’Autorité Maritime à la place du ministre et si aussi, au niveau central, on peut se passer d’une Direction chargée de la conception des politiques et stratégies en matière d’Affaires maritimes.

D’autres part, l’environnement et l’économie bleue, ne se limitent pas à, respectivement, la pollution marine par les hydrocarbures et les affaires maritimes (https://cridem.org/C_Info.php?article=661297 et https://cridem.org/C_Info.php?article=752606).

La présence, en ce moment même du Président de la République Mohamed Cheikh Al-Ghazouani à Dubaï pour participer aux travaux de la COP28, aurait rappelé à tous la place centrale du changement climatique non seulement dans l’application de la CCNUCC, mais aussi de la CDB et de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification.

Enfin, le dernier point qui mérite d’être davantage élucidé/traité serait-ce les relations du MPEM avec la Présidence de la République (Autorité de la Zone Franche de NDB), la Primature (PNBA) et les Ministères chargés de l’Environnement, des Mines et Energie, du Transport, de l’Aménagement du Territoire, de l’Intérieur, de la Défense Nationale, etc.

Des chevauchements de missions et des redondances, limitent fortement les performances du ministère de l’Économie maritime.

La meilleure occasion pour une reprise profonde du cadre normatif du secteur des pêches et de l’Economie maritime, sera certainement quand on aura surtout terminé les élections présidentielles de 2024 et procédé à l’évaluation de la mise en œuvre de la L2P 2022-2024.

Alors, une nouvelle stratégie sera construite à partir des engagements du Président élu dans le domaine de la pêche, des avancées induites par la mise en œuvre de la feuille de route en cours de préparation pour le court terme (déc. 2023-mai 2024) et de toute autre référence documentaire utile. Wait and see !

Dr Sidi El Moctar TALEB HAMME



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 0
Lus : 1458

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (0)