25-04-2025 00:00 - L’éditorial de La Nouvelle Expression : Moussa Fall face à l’histoire… mais son histoire

L’éditorial de La Nouvelle Expression : Moussa Fall face à l’histoire… mais son histoire

Seydi Camara -- L’actualité du pays ces derniers temps est comme ce temps qui nous rattrape ou cet autre archaïsme qui nous définit. De l’aberration et de l’abjection vis-à-vis de ce qui pourrait et devrait être un pays. Oui un pays avec tous ces attributs. La Mauritanie souffre réellement de nos turpitudes. Ici et là dans ce pays, il était vrai qu’on magnifie le voleur.

Le tricheur est applaudi et le menteur héroïsé. Et pour cela rien n’a changé. C’est réellement l’identité qui nous sied encore mieux. Mais nous le savons aussi qu’il est mauritaniennement admis que l’intègre fils de ce pays soit qualifié comme un fou, un bon à rien qui ne veut rien et même considéré comme l’ennemi du « pays, le pays du système ». Il est, coûte que coûte, l’homme à abattre.

Voici comment ce pays est pris en otage où les sangsues décident de notre devenir et l’hypocrisie gouverne notre quotidien. Voilà pourquoi, malgré les bonnes intentions d’une certaine élite qui veut se dédouaner et chercher à requinquer un passé récent peu reluisant, nous ne décollons pas. Et nous ne décollerons pas de sitôt sans un réel sursaut, une véritable et profonde rupture, tellement la vermine s’est véritablement incrustée.

Alors tout s’explique, comme ces derniers événements qui nous sont jetés en pâture. La bêtise humaine de Sélibabi. Petits, nos parents racontaient que les chiens déterraient les morts. Ainsi, la surveillance des cimetières s’accentue après chaque deuil au village.

A Sélibabi, ce n’était pas des chiens mais des personnes qui ont déterré un corps qui, selon eux, est impur et n’est pas au bon endroit… violation de sépulture ne peut être bien, c’est le summum de la cruauté bestiale… humaine je veux dire. Fiodor Dostoeievski disait : « On parle parfois de la cruauté bestiale de l’homme, mais c’est terriblement injuste et offensant pour les bêtes, aucun animal ne pourra jamais être aussi cruel qu’un homme, si habilement, si artistiquement cruel ».

A Sélibabi, ce qui s’est passé là-bas, résonnera longtemps dans notre rétroviseur collectif. Sur ce sujet, je ne peux dire plus après lecture de la magnifique plume de Pr Ely Moustapha, qu’Allah swt le garde longtemps.

Alors mon propos est, comme annoncé par le titre, s’oriente vers une tentative de décryptage sommaire de l’homme en charge du dialogue. Je me définis comme un méfiant (comme cet aveugle dont les parties intimes avaient été piétinées et qui s’affaire à écouter tout bruit de pas) contrairement à ceux qui me qualifient de polémiste.

Voilà pourquoi je suis grandement partisan de questionnements ne se laissant jamais dominer par la curiosité du public mais plutôt par l’intérêt public. Alors, qui est Moussa Fall dans l’histoire politique de ce pays ? Que peut-on attendre de cet homme ?

Un personnage énigmatique, profond et trop complexe ? S’il est le premier à s’occuper durant l’époque de feu Président Sidi la résolution d’une partie du passif humanitaire, notamment le retour et l’insertion de certains rapatriés mauritaniens qui étaient au Sénégal, on n’oubliera pas qu’il a été aussi du groupe politique transfuge de l’UFD/Ere Nouvelle pour le PRDS de Maaouya ? Qu’est-il devenu depuis ?

Avant mes réponses à ces questions, l’actualité m’autorise à donner mon opinion sur l’histoire du député Khaly Diallo, l’affaire opposant la jeune Warda à Khatri Ould Dié et la demande de pardon de Biram.

Je pense que Khaly a été la surprise des laudateurs du système en reprenant dans l’hémicycle ce que les militants d’une Mauritanie juste clament depuis plus de 30 ans. Rien de nouveau qu’une réaction aux faits et gestes continus de ce système de mépris et d’exclusion.

Et Rien de nouveau si ce n’est un certain Khatri Ould Dié du journal Maghreb-Hebdo qui vient insulter notre conscience en traitant quasiment le député Khaly de sous-homme et que le même puissant Khatri envoie une jeune dame en prison au prétexte que celle-ci l’aurait humilié. Ainsi, des hommes défilent chez lui pour qu’il retire sa plainte et, parfois, en le suppliant. Voici pourquoi nous ne décollons pas.

Un applaudisseur de tous les pouvoirs, un produit du système qui a trituré, nargue ce qu’il y a d’institution de ce pays depuis Maouya à nos jours, en voulant coûte que coûte humilier une jeune dame par la prison.

La Mauritanie, quant à elle, humiliée, pillée, saccagée et qui porte plainte contre notre conscience de citoyen de devoir ne fait pas larmoyer. C’est dans cette atmosphère qu’intervient une demande de pardon qui occupe les réseaux sociaux, une demande venue de Biram, patron du mouvement IRA. Une demande de pardon qui s’inscrit dans un registre que seul Biram sait la valeur.

Mais comme on le dit, nos hommes politiques ne pensent pas comme nous et n’analysent pas comme nous et surtout ils le font quand nous dormons. Et on ne peut que constater notre méconnaissance de jour en jour de la source de décisions ou positions voire positionnement de nos politiques sur les questions d’actualité et de leur priorisation. Le peuple subit sans comprendre et, tellement ahuri, pense toujours se tromper, voulant garder leurs héros politiques…

Alors, le Président Ghazouani, en nommant Moussa Fall Coordinateur du dialogue, veut par cet acte institutionnalisé… le dialogue. Le dialogue est une dimension de maturité politique de nature à ressasser les points de blocage de la vie et de l’existence d’un pays. Il est l’attrait d’une grandeur politique pour que les acteurs de la vie active d’un pays se parlent en vue de résoudre les problèmes du peuple.

Par le passé, les Mauritaniens se sont parlés dans le format classique. Des résolutions ont été prises, considérées comme des remèdes à notre situation. Mais comme nos magnifiques textes juridiques et/ou lois n’ont pas connu de terrain d’expression. Et les soutiens du système, sans sourciller, défendent que tout va bien au moment où le patron de l’Exécutif appelle au dialogue. On appelle ça danser plus que le son du tamtam.

N'ayant pas pu empêcher le coup d’état contre SIDIOCA, Moussa Fall va-t-il réussir à déjouer ce possible coup contre l’espoir d’un peuple désappointé vu les résultats des dialogues passés ? J’aimerais me tromper si la profondeur et l’expérience de l’homme peuvent le laisser croire mais son parcours politique jette un petit bémol.

Pour l’histoire, MF pourrait et devrait surprendre les sceptiques. Le transfuge de la plus grande formation politique de l’histoire de l’opposition a beaucoup à faire pour requinquer son image et celle du pays. Il pourrait être le mieux indiqué car connaissant les détenteurs des leviers qui empêchent ce pays de se repenser pour être admis dans les rangs des nations civilisées et développées.

Cela demande courage et détermination pour le bien-être de ce projet de pays jusque-là mal pensé. Le courage de MF nous renvoie à sa posture après le coup d’Etat contre Sidi. Est-ce suffisant pour mener à bien cette mission avec des hommes et des femmes qui disent tout va bien dans ce pays pourtant presque à terre ?

Ce sont ces hommes et femmes qui feignent ignorer la souffrance de l’exclu, de l’orphelin des années de braise, du rapatrié mais aussi de l’apatride et qui cautionnent la communautarisation de notre marche commune. Ils disent tout va bien car ils réfléchissent par et pour la tribu.

La mission de MF si, elle n’est pas impossible, est incommensurablement immense car la vérité irrite les tenants du pouvoir qui ont transformé une grande partie des opposants en plaisantins et certains d’entre nous autres (la presse) en griots béats… le griot du voleur.

Ce sont ces hommes et femmes qui narguent le bien-être commun pour leurs intérêts individuels. La Mauritanie ne les préoccupe pas car elle est pour eux comme une vache laitière qu’il faut traire pour investir ailleurs.

Ce sont ceux-là sans vergogne qui mangent dans toute les sauces, l’intérêt pour eux est que le pain soit mouillé. Ils sont aussi experts dans l’amalgame pour retarder le rayonnement de notre devenir. MF le sait. Mais sait-il comment les contraindre pour redorer leurs blasons pour la Mauritanie de nous tous ?

Pour l’histoire de la marche du pays et son histoire à lui, Moussa Fall, bien qu’armé, doit davantage s’armer pour l’écriture positive de cette page combien essentielle pour notre devenir. Le devenir d’un pays réellement en faillite.

Camara Seydi Moussa



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Source : Seydi Camara
Commentaires : 8
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Commentaires (8)

  • pyranha (H) 25/04/2025 09:08 X

    Vous dites des vérités fouillées que d'aucuns connaissent mais semblent sensurer.En vérité ces Moussa Fall et consorts n'obéissent qu'aux conditions d'avance fixées par les bénéficiaires de ce dialogue de circonstance.Ce qui intéresse réellement les citoyens n'intéresse pas ce pouvoir.

  • pyranha (H) 25/04/2025 09:03 X

    Une plume trempée dans l'encre de la vérité et du courage,y a longtemps qu'on ne vous a revu pour des articles d'une excellente écriture et d'informations crédibles.

  • Hartaniya Firilile (H) 25/04/2025 01:33 X

    Monsieur Camara, la nomination de Moussa FALL à la présidence de la commission du dialogue revêt une signification plus profonde qu'il n'y paraît au premier abord. Loin d'être un simple responsable des décisions qui émaneront de ce processus, FALL incarne davantage un rôle de facilitateur, choisi avec soin pour ses qualités intrinsèques et son parcours politique riche d'expériences. Moussa FALL comprend si Ghazoauni Bredouille quelque d'incompréhensible, mais Moussa FALL comprend Chazo.

  • Hartaniya Firilile (H) 25/04/2025 01:31 X

    L'âge avancé de Moussa FALL et son long cheminement dans les arcanes du pouvoir mauritanien lui confèrent une stature particulière. Sa nomination peut être perçue comme un choix stratégique de la part du Président Ghazouani, visant à insuffler une dose de sagesse et de modération dans un contexte politique souvent tumultueux. En effet, FALL représente une figure respectée, capable de transcender certains clivages grâce à son expérience et sa connaissance approfondie des rouages du système.

  • Hartaniya Firilile (H) 25/04/2025 01:31 X

    Cependant, il serait naïf de croire que cette nomination est dénuée de calculs politiques. En propulsant Moussa FALL sur le devant de la scène, Ghazouani cherche manifestement à projeter une image d'ouverture et d'inclusivité, notamment sur la scène internationale. Ce geste peut être interprété comme une tentative de contrer les accusations de discrimination qui ont pu entacher la réputation du régime par le passé. Néanmoins, cette manœuvre comporte des risques pour FALL lui-même, qui pourrait se retrouver dans une position délicate en cas d'échec du dialogue, sans réelle marge de manœuvre pour se défendre.

  • Hartaniya Firilile (H) 25/04/2025 01:31 X

    Il est crucial de comprendre que Ghazouani, en fin stratège politique, ne manque pas d'options quand il s'agit de choisir des facilitateurs. Son choix s'est porté sur Moussa FALL pour des raisons bien précises. FALL est perçu comme un homme intègre, peu enclin à la dissimulation ou à la manipulation des faits. Cette qualité est particulièrement précieuse pour Ghazouani, qui cherche à obtenir un tableau fidèle et sans fard de la réalité politique du pays. FALL, fort de son expérience, est capable de décrypter les véritables motivations des acteurs politiques, souvent guidés par des intérêts personnels ou régionaux plutôt que par une vision nationale cohérente.

  • Hartaniya Firilile (H) 25/04/2025 01:30 X

    Le dialogue qui s'annonce risque fort de ne pas être à la hauteur des attentes. Il pourrait se transformer en une simple réunion de façade, où les participants, liés par des intérêts communs ou des alliances de circonstance, se contenteront d'échanges superficiels sans réelle volonté de changement. Cette perspective souligne le cynisme qui imprègne parfois la vie politique mauritanienne, où les apparences de dialogue peuvent masquer une absence de volonté réelle de réforme.

  • Hartaniya Firilile (H) 25/04/2025 01:30 X

    Dans ce contexte, la lucidité de Ghazouani quant à la nature de ses relations politiques est frappante. Il semble parfaitement conscient que dans l'arène politique, les allégeances sont souvent temporaires et dictées par l'intérêt personnel plutôt que par une véritable loyauté. Cette compréhension aiguë des dynamiques en jeu lui permet de manœuvrer avec habileté, utilisant les ambitions et les faiblesses de chacun à son avantage.