28-04-2025 21:45 - Moulay Abbas, PDG de BMCI : « Nous Sommes N° 1 Dans Le Financement Du Trade »

FORBES AFRIQUE - Aux commandes de la Banque mauritanienne pour le commerce international (BMCI) depuis plus d’une décennie, Moulay Abbas, fils de Sidi Mohamed Abbas, peut s’enorgueillir du succès de la banque digitale lancée il y a quatre ans par l’établissement, qui a permis de doubler le taux de bancarisation en Mauritanie, estimé entre 20 et 25 %.
Formé en France et aux États-Unis, ce banquier passionné d’alpinisme évoque les projets de BMCI, établissement créé en 1974 et devenu en 1984 une entité du groupe Abbas*.
Forbes Afrique : Où en est la Banque Mauritanienne Pour le Commerce International (BMCI) Sur la Place Bancaire de Nouakchott ?
Moulay Abbas : Notre banque se porte bien et continue sa politique de développement, à la fois en matière d’innovation dans les services et de modernisation des infrastructures. En décembre dernier, après cinq mois de travail avec le cabinet Boston Consulting Group (BCG), nous avons finalisé l’élaboration de notre nouvelle stratégie sur la période 2025-2029. Nous débutons cette année sa mise en œuvre, avec de nouveaux challenges en termes d’organisation, de process, d’idées, et de nouveaux produits à proposer à la clientèle. La nouvelle organisation place le client encore plus au cœur de nos préoccupations. Cela requiert un changement de paradigmes sur la manière de penser et de travailler, ainsi que sur les procédures et l’organisation. C’est ce à quoi nous nous attelons.
Qu’Advient-il du Plan Stratégique Démarré en 2023 ?
M. A. : Ce plan était porté vers des petites mesures simples à mettre en place, afin de réorienter la politique de la banque. Mais il n’est pas allé aussi en profondeur que le nouveau plan actuellement en cours de mise en œuvre.
Quelles Sont les Priorités de ce Nouveau Plan 2025-2029 ?
M. A. : Il faut envisager une nouvelle segmentation de la clientèle pour parvenir, justement, à mieux la satisfaire, et renforcer notre place de leader, au niveau corporate comme au niveau retail : ce sont là , entre autres, les objectifs phares de ce plan. Nous démarrons la nouvelle année avec ce challenge. Tout cela est articulé autour d’une architecture qui va se mettre en place concernant la manière de travailler, la qualité des produits et les services offerts.
Qu’En est-il des Grands Agrégats de la Banque ?
M. A. : Nous avons clôturé 2024 avec un bon cru. Nos agrégats bancaires montrent que l’établissement est en excellente santé financière [voir l’encadré ci-dessous]. Nous avons donc aujourd’hui une excellente situation, et nous faisons tout pour la maintenir et la consolider. À côté de cette rentabilité, nous avons une politique de provisionnement pour renforcer les fonds propres et continuer à assainir notre portefeuille. Nos performances indiquent qu’un changement est en train de s’opérer entre la banque traditionnelle et la banque islamique, avec un renforcement de la rentabilité par rapport à la clientèle islamique. Ce changement se traduit par une percée de nos produits islamiques.
Quel est le Segment Qui Tire la Croissance ?
M. A. : Historiquement, BMCI est la banque des fonctionnaires et des particuliers de manière générale. Nous avons plus 60 % de clients retail, bien que nous ayons une grande expérience sur le corporate. Nous sommes n° 1 dans le financement du trade. Nous avons décidé d’accompagner davantage l’agro-industrie – les entreprises de pêche, entre autres –, pour aider à l’émergence de champions nationaux.
Vous Avez Lancé une Banque Digitale il y a Quelques Années. Comment l’Alignez-Vous sur les Nouvelles Priorités ?
M. A. : Notre solution digitale, Masrvi, lancée en 2021 en partenariat avec la plateforme Skaleet, société française spécialisée dans la fourniture de capacités technologiques pour les nouveaux services financiers innovants, répond aux standards en termes de qualité et de sécurité. Il s’agit d’un portefeuille électronique qui permet à tout client d’avoir accès, sur son téléphone, aux services et opérations bancaires de base. Aujourd’hui, par exemple, vous pouvez effectuer toutes les opérations de transfert de fonds, de recharge de téléphone, de paiement d’impôts ou de factures et autres, mais vous ne pouvez pas, en revanche, mettre en place du crédit avec des plateformes de paiement mobile. Notre portefeuille électronique a permis de renforcer l’inclusion financière, en permettant à des personnes évoluant dans l’informel et manipulant en continu des espèces, de disposer d’un compte digital et de pouvoir réaliser leurs opérations cashless, sans monnaie. Nous atteignons près de 800 000 clients sur notre application mobile, pour plus d’un million de téléchargements (Apple Store et Android). Avec plus de 10 millions de paiements de factures réalisés, les dépôts sur comptes Masrvi ont bondi de 110 % en 2024. Les dépôts globaux de la clientèle ayant fait une progression de 21 %.
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*Créée en 1974 sous l’appellation Banque arabe africaine en Mauritanie (BAAM), la banque était contrôlée jusqu’en 1984 par l’État mauritanien à hauteur de 51 %. L’Arab African International Bank (AAIB), établissement financier égyptien, en détenait 49 %. En 1984, la participation de l’État a été rachetée par le groupe Abbas et la banque a changé de nom pour devenir d’abord la Banque mauritanienne arabe africaine (BMAA), puis en 1986 la Banque mauritanienne pour le commerce international (BMCI). Le groupe Abbas en détient aujourd’hui plus de 96,3 % du capital.
BMCI EN CHIFFRES :
* 756 000 clients - 50 agences
* Total bilan (en 2024) : environ 25 milliards de MRU (+ 9,53 % sur un an) / 580 millions d’euros
* PNB (chiffre d’affaires) : 1,282 milliard de MRU (+ 12,2 %) / 29,7 millions d’euros
* Résultat net : 305 millions de MRU / 7 millions d’euros (+ 14 %)
* Dépôts collectés : 20 milliards de MRU / 464 millions d’euros (+ 21,2 %)
* Crédits distribués à l’économie : 14 milliards MRU / 325 millions d’euros (+ 8 %)
* Réserves : estimées à 1,5 milliard de MRU / 34 millions d’euros