29-04-2025 04:10 - Les jihadistes du Jnim se renforcent dans l'ouest du Mali, menaçant la Mauritanie et le Sénégal

Les jihadistes du Jnim se renforcent dans l'ouest du Mali, menaçant la Mauritanie et le Sénégal

RFI AFRIQUE - Les jihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim, lié à al-Qaïda) ont augmenté leurs actions de façon « exponentielle » dans l'ouest du Mali, au point de représenter désormais une menace grandissante pour la Mauritanie et le Sénégal voisins.

Telles sont les conclusions du rapport publié, ce lundi 28 avril, par le Timbuktu Institute, un groupe de recherche sénégalais qui a travaillé sur la façon dont le Jnim s'est renforcé dans la région malienne de Kayes et a déjà infiltré certaines activités économiques des deux pays qui la bordent.

Le nombre des attaques du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim) dans la région de Kayes a été multiplié par 7 entre 2021 et 2024. Cités par le Timbuktu Institute, les chiffres de l'ONG spécialisée Acled sont sans appel.

Ces attaques - embuscades, explosions de mines artisanales, etc. - sont principalement dirigées contre les forces de sécurité maliennes, comme à Melgué, le 8 février dernier, où trois soldats maliens avaient été tués et trois autres blessés. Le rapport rappelle toutefois que Thierno Hady Tall, un prêcheur malien accusé de faire le jeu des militaires au pouvoir, a également été pris pour cible en décembre dernier. La route reliant Bamako à la ville de Kayes puis au Sénégal serait au coeur de l'action du Jnim.

« Isoler Bamako »

« Cette stratégie vise à isoler, à moyen ou long terme, Bamako de sa principale voie d'approvisionnement », selon le Timbuktu Institute, mais aussi à « disperser les efforts des forces de sécurité » pour « encercler Bamako ». Le groupe de recherche évoque aussi l'extension des prêches et des prélèvements de taxes par les jihadistes dans cette partie du territoire, pratiques qui se sont déjà beaucoup généralisées dans le centre du Mali.

« Pénétrer le Sénégal et la Mauritanie »

Le Timbuktu Institute estime également que le Jnim « se prépare à pénétrer le Sénégal et la Mauritanie » avec, à ce stade, une implication croissante du groupe jihadiste dans un certain nombre de « secteurs et de circuits économiques », notamment le trafic de bétail et le trafic de bois.

S'il ne dispose pour l'instant d'aucune administration territoriale ni même de véritable base dans ces deux pays, la revente d'animaux qui y ont été volés et le contrôle de zones forestières côté malien lui permettent - en plus de générer des revenus - de « s'y implanter par des circuits commerciaux », « certains commerçants [sénégalais ou mauritaniens] étant contraints de collaborer indirectement » avec lui, peut-on encore lire dans le rapport.

Renforcer la présence militaire

Outre ces réseaux commerciaux déjà en place, le Jnim pourrait aussi, à l'avenir, tenter de recruter au Sénégal et en Mauritanie en y exploitant les difficultés économiques de la population - en particulier le chômage des jeunes - et les griefs socio-culturels liés notamment aux systèmes de castes et à l'exclusion de certaines communautés.

Les chercheurs sénégalais évoquent des « tentatives pour l'heure infructueuses », mais recommandent aux autorités concernées de « renforcer davantage » leur présence militaire dans les régions frontalières et d'améliorer la collaboration et le partage d'informations entre elles.

Par : David Baché





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Source : RFI Afrique
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Commentaires (1)

  • Belphegor (H) 29/04/2025 12:59 X

    Quand je lis certains intervenants sur Cridem louer et magnifier la gouvernance a vue suicidaire et désastreuse des 3 régimes putschistes du Sahel regroupés au sein de l’alliance fantoche des états en souffrance « AES » qui n’a pour seul crédo que d’assurer leur confiscation indéfinie du pouvoir acquis par les armes je me demande si ils parcourent eux-mêmes ces pays en dehors des capitales pour se rendre compte de l’abime vers qui ceux qui les ont mis en coupe réglée à leur seul profit les mènent. Restaurer l’intégralité territoriale de leurs territoires respectifs n’a jamais été leur préoccupation pour ceux qui en doutent encore, les populations civiles des zones assiégées non plus prises en tenaille entre les exactions aveugles des forces gouvernementales et leurs supplétifs Russes et les groupes terroristes, des pans entiers de leurs territoires respectifs littéralement administrés par des groupes armés qui imposent et lèvent des blocus aux populations civiles comme bon leur semble, la jouissance du pouvoir absolu est le seul credo de ces révolutionnaires de pacotille sur fond de grossière propagande mensongère et d’incantations démagogues et populistes menées par une pléthore de cyberactivistes à leur solde toujours à l’affut du moindre début de friction diplomatique avec les pays limitrophes (Sénégal, Mauritanie, Cote d’Ivoire, Benin, Ghana) constamment voués aux gémonies pour mettre de l’huile sur le feu a volonté.