25-07-2025 07:00 - La Mauritanie au cœur des mouvements migratoires

Deutsche Welle -
La Mauritanie est à la fois pays d'accueil, de transit et de départ. Le pays suscite l'intérêt des Etats qui cherchent à freiner l'immigration.
Comment lutter efficacement contre l'immigration irrégulière? Depuis plusieurs années, des actions sont conduites pour stopper les flux migratoires entretenus par des réseaux de passeurs.
En Afrique, la Mauritanie figure parmi les pays considérés comme étant un point de départ pour les migrants. D'où l'intérêt de certains pays européens pour Nouakchott.
La Mauritanie point de départ vers l'Europe
L'archipel espagnol des Canaries : c'est la destination que les migrants qui prennent la mer depuis la côte mauritanienne cherchent à atteindre. Alors que la route migratoire pour rejoindre les îles Canaries passe donc de plus en plus par la Mauritanie, l'Union européenne, qui cherche à freiner cette tendance, s'est rapprochée de Nouakchott.
L'année dernière, l'UE a ainsi accordé une aide de 210 millions d'euros à la Mauritanie, dont près de 60 millions doivent servir à la lutte contre l'immigration irrégulière vers l'Europe.
"Depuis cet accord, plusieurs autres agréments ont été signés pour aider davantage la Mauritanie à arrêter les départs de bateaux vers les îles Canaries" explique Ulf Laessing, directeur du Programme Sahel de la fondation Konrad Adenauer au Mali.
Il précise par ailleurs qu'auparavant "la route la plus active était depuis la Libye et la Tunisie vers l'Italie, par bateau. Mais l'UE a aussi soutenu ces deux pays, notamment la Libye, pour arrêter les bateaux". Les passeurs ont donc découvert la Mauritanie, un très vaste pays dont il est "difficile de surveiller la côte".
A la fois pays d'accueil, de transit et de départ, la Mauritanie voit arriver des profils très différents de migrants, lesquels sont toutefois de moins en moins nombreux.
Des flux mixtes
Après une année 2024 marquée par l'arrivée de 46 843 migrants aux Canaries, le rythme s'est nettement ralenti ces derniers mois, avec 10 882 arrivées, entre janvier et la mi-mai.
"Les dernières tendances qu'on a depuis le début de cette année sont que les départs de la Mauritanie vers l'Espagne ont diminué. Les arrivées en Espagne ont également diminué, c'est-à -dire que les politiques publiques et les politiques d'État sont en train de faire leur effet" estime Idrissa Sompare le chef de mission de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Mauritanie.
En Mauritanie, il y a selon Idrissa Sompare " ce qu'on appelle des flux mixtes, c'est-à -dire des flux de personnes avec des profils très différents. D'un côté, il y a des demandeurs d'asile qui viennent principalement du Sahel, qui sont là parce qu'ils tentent d'échapper à une situation sécuritaire précaire. Et de l'autre côté, il y a tous ceux qui transitent et veulent aller en Europe..."
Selon Ulf Laessing, du Programme Sahel de la fondation Konrad Adenauer, de plus en plus de ressortissants maliens ayant fui l'insécurité dans leur pays se retrouvent en Mauritanie.
La présence de ces réfugiés et migrants constitue une charge pour Nouakchott qui a besoin d'aide pour soutenir son économie, sa jeunesse, créer des emplois et ainsi éviter des tensions sociales entre la population locale et les migrants qui, pour beaucoup, tendent à rester plus longtemps en Mauritanie, faute de trouver un moyen pour quitter le pays.
Carole Assignon
Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle