28-07-2025 21:00 - Plus de 70 migrants, partis de Guinée, secourus au large de la Mauritanie

Info Migrants -- Au moins 75 migrants originaires d'Afrique de l'Ouest ont été secourus samedi au large de Nouadhibou par les garde-côtes mauritaniens. L'embarcation, partie de Guinée onze jours plus tôt, tentait de rejoindre les Canaries. Ces derniers mois, les traversées vers les îles espagnoles se font de plus en plus depuis la Guinée. Cette nouvelle route migratoire, plus longue, rend la traversée beaucoup plus dangereuse.
Un nouveau sauvetage a eu lieu ce week-end, au large des côtes mauritaniennes. Une pirogue en détresse a été secourue samedi 26 juillet par les garde-côtes mauritaniens au large de Nouadhibou (au nord-ouest de la Mauritanie).
Au moins 75 migrants ouest-africains ont pu être sauvés, a indiqué le ministère de la Pêche dans un communiqué publié le jour même. La pirogue, qui transportait plus de 100 personnes, majoritairement originaires de Guinée, mais aussi du Sénégal et de la Gambie, tentait de rejoindre clandestinement les îles Canaries.
L'embarcation avait quitté le port de Kamsar, dans le nord-est de la Guinée, le mardi 15 juillet, soit 11 jours plus tôt, renseignent le ministère mauritanien, appuyé par des sources de sécurité guinéennes.
La traversée a viré au cauchemar quand le moteur de l'embarcation est tombé en panne. Les passagers ont alors dérivés pendant deux jours, sans assistance. "Le moteur de l'embarcation est tombé en panne en haute mer. (L'embarcation était) sur le point de couler. Les passagers ont été emportés par le courant pendant deux jours avant de lancer un appel de détresse", indique le communiqué du ministère mauritanien de la Pêche.
Le signal a finalement pu être capté par un navire à proximité du lieu de l'incident qui "est intervenu et a remis" les occupants de la pirogue aux garde-côtes mauritaniens. Les rescapés ont ensuite été transférés au port de Nouadhibou pour leur prise en charge", a dit la même source. Les candidats à l'émigration se trouvaient toujours en Mauritanie dimanche selon une source de sécurité mauritanienne.
Une nouvelle route vers les Canaries particulièrement dangereuse
Ce sauvetage intervient moins de deux semaines après le secours, dans les mêmes eaux, de 171 Guinéens embarqués dans des conditions similaires, dont de nombreuses femmes et enfants.
Des épisodes qui mettent en lumière la nouvelle route migratoire au départ de la Guinée. Car avec le renforcement des contrôles au large du Sénégal et de la Mauritanie, les lieux de départ des embarcations évoluent et de nouvelles stratégies sont adoptées pour contourner ces obstacles. Ces derniers mois, les migrants Subsahariens sont ainsi de plus en plus nombreux à emprunter cet itinéraire au départ de la Guinée pour rejoindre l'Europe en passant par les Canaries.
Mais celui-ci s'avère particulièrement dangereux, puisqu'en allongeant la traversée - qui peut durer jusqu'à 10 jours -, cela augmente considérablement aussi les risques de naufrages et de dérive des embarcations en pleine mer.
"Le risque est bien plus élevé pour la vie des personnes qui tentent de se rapprocher des Canaries, car elles essaient de s'éloigner de la côte" pour échapper aux contrôles, expliquait fin juin le délégué du gouvernement aux Canaries, Anselmo Pestana.
En partant de Guinée, les migrants se lancent dans une traversée de plus de 2 200 km jusqu'à El Hierro (Canaries), soit 750 km de plus qu'en partant depuis le Sénégal ou bien de Gambie. Les dangers en pleine mer sont donc fortement accentués (vagues, pénuries d'eau et de nourriture, risque de panne, insolation...).
Les risques que les canots se perdent dans l'océan Atlantique et dérivent de l'autre côté de l'Atlantique sont aussi bien plus grands. Plusieurs pirogues parties des côtes ouest-africaines ont été retrouvées ces derniers mois dans les Caraïbes ou en Amérique centrale et du sud.
"Route de la mort"
Sur la route de l’Atlantique, surnommée « route de la mort », les tragédies continuent à s'accumuler. Des milliers de migrants sont morts ces dernières années en tentant de rejoindre l'Europe depuis l'Afrique en gagnant l'archipel espagnol des Canaries, à bord d'embarcations souvent surchargées. Pour l'année 2024, l'ONG espagnole Caminando Fronteras établissait un bilan de 10457 personnes mortes ou disparues en mer.
Ce bilan des "naufrages invisibles" est largement sous-estimé puisqu'un grand nombre d'embarcations disparaissent en mer sans que l'on ne retrouve jamais leur trace. Les ONG alertent régulièrement sur ces "bateaux fantômes", des canots qui errent en mer, et dont les passagers ont parfois pu rentrer en contact avec les ONG mais dont le contact a été perdu. Les embarcations sont livrées à elles-mêmes, en pleine mer, à la merci des intempéries.
Malgré les risques, les départs se poursuivent néanmoins, portés par le désespoir et l’absence de perspectives dans les pays d’origine des migrants. Après une année record en 2024 qui recense 46 843 migrants arrivés aux Canaries, le rythme s'est nettement ralenti ces derniers mois, avec 10 882 arrivées entre janvier et mi-mai, soit une baisse de 34,4 % par rapport à la même période l'année précédente, selon le ministère de l'Intérieur.