31-07-2025 12:33 - L’économie mauritanienne : entre avancées notables et menaces persistantes, selon le FMI

Shems Maarif -- Le rapport 2024-2025 du Conseil exécutif du Fonds monétaire international dresse un constat contrasté de la situation économique en Mauritanie. Tout en reconnaissant les progrès accomplis en matière de stabilité macroéconomique et de réformes, il alerte sur de sérieux défis qui continuent de fragiliser la trajectoire de développement du pays.
L’environnement régional reste marqué par une forte instabilité sécuritaire, notamment dans la zone sahélienne. Cette tension géopolitique pèse lourdement sur les finances publiques, alourdit les dépenses de sécurité et entrave l’attractivité du pays pour les investisseurs étrangers. Elle freine également les échanges commerciaux régionaux et nuit à la consolidation d’un climat des affaires favorable.
Sur le plan économique, la dépendance excessive de la Mauritanie à l’égard des industries extractives — mines, pétrole et gaz — expose lourdement le pays aux aléas des marchés internationaux. Une variation soudaine des prix ou un retard dans la mise en œuvre de projets stratégiques peut déstabiliser les recettes de l’État et mettre à mal la balance des paiements.
Le rapport souligne aussi la faiblesse des infrastructures de base, qui limite la capacité du pays à absorber les chocs, en particulier ceux liés au changement climatique. Les sécheresses récurrentes, la pénurie d’eau et les effets environnementaux touchent directement les populations rurales et accentuent les pressions sur les filets de sécurité sociale.
Malgré certains progrès dans la lutte contre la corruption, les lacunes institutionnelles continuent d’entraver la mise en œuvre de politiques efficaces. Le rythme de diversification économique reste lent, et les secteurs non extractifs comme l’agriculture, la pêche ou les services ne parviennent pas encore à jouer un rôle moteur dans la croissance.
La dépendance au soutien des bailleurs de fonds constitue un autre facteur de fragilité. Un affaiblissement des aides ou une baisse des investissements étrangers mettrait en péril de nombreux programmes publics, notamment dans les domaines sociaux et infrastructurels.
Enfin, la faiblesse du capital humain freine le dynamisme économique. Le manque de compétences, l’accès limité à l’éducation et à la formation professionnelle, ainsi que le faible taux d’inclusion financière, nuisent à la participation des jeunes à la vie économique et compliquent l’adaptation du marché du travail.
En dépit des avancées observées, le rapport du FMI souligne que la trajectoire économique de la Mauritanie reste incertaine et vulnérable. Il recommande d’accélérer les réformes structurelles, d’améliorer la gouvernance, de diversifier les sources de croissance, de renforcer les investissements dans l’éducation et la formation, et d’élargir l’inclusion économique.
Seule une réponse stratégique, cohérente et durable permettra au pays de surmonter ces obstacles et de bâtir une croissance véritablement résiliente et inclusive.