31-07-2025 13:15 - Renforcement de la production en eau: La ministre a-t-elle vendu un mirage au président?

La Dépêche -
L’espoir a été de courte durée pour les habitants de la capitale économique. Moins de 24 heures après l’inauguration officielle, en grande pompe et sous le haut patronage du président de la République, du projet de renforcement de l’approvisionnement en eau potable, les robinets sont de nouveau à sec.
Ce projet, censé révolutionner l’accès à l’eau dans une ville régulièrement frappée par les pénuries, a été présenté, lundi, par la ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Amal Mint Maouloud, comme un tournant décisif. Elle avait alors annoncé une production journalière dépassant les 35 000 m³, destinée à couvrir les besoins en eau de Nouadhibou «pour les années à venir ».
Mais dès le lendemain, la réalité a rattrapé les promesses : les conduites se sont tues, et la population, désabusée, est revenue à la distribution au compte-gouttes.
Comment l’eau promise se tarit 24 heures après l’inauguration
La situation a provoqué une vague d’indignation et de doutes. Beaucoup y voient un simple effet d’annonce, voire une mise en scène orchestrée à l’occasion de l’inauguration. « C’était trop beau pour être vrai », confie un habitant, déçu par ce qu’il considère comme une illusion.
La députée de la région, Aziza Mint Jiddou, a interpellé publiquement, mardi, la ministre sur la situation brutale et intenable du déficit d’approvisionnement en eau potable de la ville. Un retournement de situation embarrassant, d’autant plus que le projet, financé à hauteur de 32 milliards d’ouguiyas par le Fonds arabe pour le développement économique et social (FADES), n’a toujours pas été officiellement réceptionné. Qui en a testé la performance ? Qui a validé sa mise en service ? Des questions sans réponse, qui laissent place au scepticisme.
Une série noire pour les projets d’eau ?
Les chiffres présentés par la ministre sur la production seraient aussi gonflés alors les performances des structures sont en berne. Annoncé par la ministre elle-même comme un projet augmentant la capacité de production de 10 000 m³ par jour, portant le total à 37 000 m³, le système ne semble pas avoir tenu ses promesses. Même l’usine de dessalement censée produire 5 000 m³/jour n’en fournirait actuellement que 1 700, contribuant ainsi à un déficit persistant d’accès à l’eau potable dans la ville.
Ce nouveau revers rappelle le cas du projet d’Aftout Charghi, destiné à alimenter plus de 400 villages des régions du Gorgol, du Brakna et de l’Assaba, également financé par le FADES et l’État mauritanien à hauteur de 24 millions d’euros. Inauguré récemment, il serait déjà à l’arrêt.
Le cas de Nouadhibou pourrait n’être que la partie émergée d’un iceberg plus large, où les projets d’infrastructure hydraulique peinent à tenir leurs engagements, malgré les financements considérables.
Face à la désillusion grandissante, les autorités devront désormais répondre à une question pressante : où est passée l’eau tant promise ?
(nous y reviendrons)