19-08-2025 19:30 - Ahmed Ghnahalla : un ministre toujours disponible et un grand seigneur

Que chacun reconnaisse et glorifie la valeur de nos aînés, de ces premiers Grands commis qui ont fondé
l'Etat mauritanien et qui l'avaient si bien servi.
Ahmed ould Ghnahalla qui porte bien, au sens littéral et étymologique son nom et le nom de sa famille, était de ceux-là.
Je crois que le dénominateur commun des Administrateurs de sa génération réside dans le fait qu’ils sont restés, confiants en eux- mêmes, conscients et fiers des valeurs et principes qui fondent la civilisation Mauritanienne.
Simplicité dans la grandeur; ambition et réalisme; idéalisme et objectivité; patriotisme et attachement au terroir; courage et humilité; fierté et modestie.
Ahmed était l’incarnation vivante de toutes ces qualités, de toutes ces valeurs.
Ahmed GHNAGALLAH, c'est aussi l’Homme civil qui est resté orgueilleusement debout pour servir le pays, après lui avoir donné, sans regret, son sang...
Qui dit mieux ?
Tout le monde s'en rappelle..
Pour ma part, j’ai eu deux éphémères occasions de le rencontrer. Mais elles m’ont fortement marqué au point que je sens toujours leur impact trop présent, le poids de leur signification, dans ma conscience, aussi lourd que celui d’une montagne de l’Adrar sur une dune de Boutilimitt.
D’où le besoin de m’en débarrasser à travers ce témoignage.
Là première rencontre sur la passerelle d’un avion
C’était en 1986, je crois. Il était ministre de la culture. Moi, j'étais révoqué du poste DAF d' une entreprise publique pour avoir refusé de me compromettre dans des détournements, de fonds.
Je postulai alors à un poste de contrôleur financier à l' UNESCO. La demande d’emploi devait être transmise par le Ministère qu'il dirigeait.
Les services ont tardé à faire le nécessaire.
Je devais donc porter mon problème à son niveau.
Arrivé à son bureau, on m'informa qui" il est parti à l'aéroport pour prendre un vol à destination de l'étranger".
J’ai alors couru pour le rattraper sur la dernière passerelle de l’avion, salué par son Secrétaire général.
Il m'a "prêté" sereinement son oreille et se retourna vers son SG en disant:
"transmettez, avec accord, sa demande au plus vite', en s'engouffrant dans l'avion.
Image gravée encore dans ma mémoire.
Quelle humilité Ministérielle. Quelle proximité du citoyen, du compatriote...
La deuxième rencontre par message nocturne interposé
Il était président de la commission centrale des marchés...
Quant à moi, je dirigeai le Cabinet d’expertise FAAR qui s’associait avec le Groupe allemand GOPA dans des appels d’offres, en Mauritanie.
Il s’est trouvé une fois, que l’une de nos offres ne pouvait être déposée dans les délais, à cause d’une grève du personnel d’Air Afrique.
Je proposai à mes amis allemands de me la faire parvenir par voie d’e-mail, la veille du jour du dépôt des offres..
Ce qui fut fait; je la reçus à minuit.
Mais durant les premières années de la décennie 90, la valeur réglementaire des e-mails n'était point évidente..
Ahmed Ghnahallah, en bon "seigneur du désert", dormait cette nuit là sous sa tente, entourée de ses chamelles et de leurs bergers, à 80 km de Nouakchott, sur le route d’Akjoujt.
L’heure du dépôt étant fixée le lendemain à 10 heures, je décidai de me rendre à son campement. J’ai pu, ce faisant, déposer discrètement sur son oreiller, sans le réveiller, une lettre dans laquelle je “plaidai la cause” de notre offre tout en faisant prévaloir le “cas de force majeure”.
À son équipe, il révéla - avec son élégance habituelle et son esprit qui leur est coutumier- au cours de la réunion fatidique, "l’aventure vécue la veille, et qui s’apparentait, à ses yeux, à « une menace ou un avertissement... », puis leur proposa de faire "reculer la menace, en acceptant la copie émail, sous réserve de sa conformité avec l'original, en souffrance à l'aéroport de Dakar ».
Dans les attitudes du Ministre et du Président Ahmed Ghnahalla, face à ses deux “provocations inhabituelles” , vous aurez, à coup sûr, pu lire, avec moi, les valeurs que tout le monde attribue à notre prestigieux Administrateur.
Je regrette, soit dit en passant, de ne l’avoir jamais rencontré que lors d’ un jour de voyage, et de surcroît, sur la passerelle d’ un Avion d'Air France.
Mais le bon souvenir et la reconnaissance sont, toujours présents et encore très vivaces, malgré leur lointain passé.
Ahmed Ghnahallah est un véritable modèle et un Exemple à suivre, n’est-ce pas, chers Messieurs les responsables et autorités de nos jours?
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Mohamed Ould MOHAMED ELHACEN
Président de l' Institut 2IRES
17/8/2025