06-10-2025 18:45 - Mauritanie : Racisme d’État ou dérives individuelles ? Une mise au point nécessaire

Mauritanie : Racisme d’État ou dérives individuelles ? Une mise au point nécessaire

Initiatives News -- Par les temps qui courent, l’espace virtuel mauritanien est agité par des tiraillements incessants entre deux camps farouchement opposés. Pour les uns, l’État mauritanien entretiendrait une politique d’apartheid ; pour les autres, une telle accusation est excessive et infondée, car elle assimile injustement la Mauritanie à un État raciste.

Je souhaite apporter ma modeste contribution à ce débat, en exprimant un point de vue sincère et nuancé — loin des exagérations de l’opposition politique comme des éloges complaisants du camp au pouvoir.

L’apartheid, une notion étrangère à la Mauritanie

L’apartheid, rappelons-le, tire sa légitimité d’un cadre juridique officiel : il repose sur un système qui érige la séparation entre les citoyens en principe, confère des privilèges institutionnels à certains groupes et consacre l’infériorité légale des autres.

Or, une telle conception est étrangère à la Mauritanie. Notre Constitution consacre, sans ambiguïté, l’égalité de tous les citoyens en droits et en devoirs, sans distinction de race, de couleur, d’origine sociale ou d’appartenance tribale.

Des discriminations réelles, mais non institutionnelles

Cela ne signifie pas pour autant que les discriminations ou comportements racistes soient inexistants. Certains individus occupant des postes de responsabilité abusent parfois de leur pouvoir pour favoriser leurs proches, leur groupe linguistique ou tribal.

Mais ces agissements ne procèdent d’aucune politique d’État : ils relèvent de comportements personnels contraires à l’esprit et à la lettre de la loi.

Un État égalitaire, une application défaillante

Par conséquent, il serait abusif de parler de racisme d’État en Mauritanie. L’État, tel qu’il est défini par la Constitution, repose sur une loi égalitaire et républicaine. Les discriminations observées engagent uniquement la responsabilité de leurs auteurs individuels.

La véritable question réside dans l’effectivité de la loi. L’État doit avoir le courage de sanctionner les autorités ou agents publics qui détournent leurs fonctions à des fins raciales ou ethniques.

Ne pas le faire, c’est laisser s’installer un dangereux décalage entre la norme juridique, fondée sur la justice et l’égalité, et certaines pratiques arbitraires qui la contredisent. Pour une application rigoureuse de la loi

L’enjeu n’est donc pas de réécrire la loi, mais d’en garantir l’application stricte et rigoureuse, afin que nul ne puisse la détourner au service d’intérêts particuliers. C’est à ce prix que l’égalité républicaine cessera d’être un idéal proclamé pour devenir une réalité vécue.

Par Khalilou Youssoufi Tandia, Juriste et expert électoral



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Commentaires (7)

  • serranus (H) 07/10/2025 09:44 X

    Juriste et expert électorale. Aussitôt la fibre électorale a pris le pas sur la justice. Violer une constitution sans aucune sanction n'est autre qu'une complicité avec ceux qui pratiquent de tels actes méprisables. Taire toutes ces injustices n'est certes pas la bonne option, mais des fois, il vaut mieux se taire que de raconter des ...., juste pour se faire voir et se faire valoir auprès de ...

  • NDIEWO (H) 07/10/2025 06:49 X

    Mon frère, arrêtons ce charabia L’arabisation à outrance, c’est les individus ou l’état? Les concours où il n’y a qu’une communauté qui réussit, c’est les individus ou l’état? L’armée, les généraux sont tous des beidanes, c’est les individus ou l’état? Les gouverneurs qui sont à 99% beidanes, c’est les individus ou l’état ? Les commissaires à 99% beidanes, c’est les individus ou l’état ? Les banques à 100% beidanes, c’est les individus ou l’état? Je pouvais citer des centaines d’exemples, mais je sais que vous connaissez tout cela autant que moi. Mieux vaut se taire, car ta dignité n’appartient qu’à toi, et soit digne car la dignité chez nous est quelque chose qu’on ne monnaiera jamais. Wa salam

  • pyranha (H) 07/10/2025 00:16 X

    Juriste et expert électorale ? Du n'importe quoi ! Khana ce sont des diplômes des secrétariats de arrêt bus ? Arrêtez ces analyses dont tout le monde connaît pertinemment le sens...lorgner le pouvoir, mille fois honteux et infament.

  • Visage Mauritanie (H) 06/10/2025 22:50 X

    Monsieur Tandian, après une lecture attentive de votre article de presse, je comprends votre volonté de défendre les pratiques établies en Mauritanie. Toutefois, je souhaiterais souligner que ces pratiques, bien que non inscrites formellement dans la constitution et lois, se manifestent par des actions concrètes perpétrées par les dirigeants du système, et il faudrait être particulièrement aveugle pour ignorer les réalités du terrain. Les critiques concernant l'apartheid en Mauritanie semblent fondées, et ce pays risque de rester marqué par cette réputation, même si les autorités réfutent ces accusations. Vous conviendrez certainement que la communauté noire ne manque pas de personnes compétentes et qualifiées.

  • Visage Mauritanie (H) 06/10/2025 22:49 X

    Monsieur Tandian, comment pouvez-vous tolérer cette représentation déséquilibrée où les 55 postes de directeurs généraux sont occupés exclusivement par des membres de la communauté maure? Cette situation s'étend aux institutions bancaires, aux médias audiovisuels privés, aux hautes fonctions militaires, aux postes de commandement régionaux, aux brigades, aux gardes-côtes, à la sûreté nationale, aux directions régionales de police, au système judiciaire et même aux organismes luttant contre l'esclavage. Les commissions et observatoires des droits de l'homme, dont les présidents ont rang ministériel, ainsi que 95% des walis et 97% des hakems suivent cette même tendance. Ce phénomène s'observe également dans l'éducation, où des femmes sans formation adéquate, uniquement versées dans l'enseignement coranique, sont nommées directrices d'établissements, comme à l'école 2 au Ksar, où l'encadrement est exclusivement féminin et blanc, excluant toute présence de femmes noires. Ces mêmes responsables privilégient l'enseignement privé ou étranger pour leurs propres enfants. Monsieur Tandian, comment qualifieriez-vous cette situation: apartheid ou racisme?

  • Visage Mauritanie (H) 06/10/2025 22:49 X

    Dans l'administration publique, la situation est alarmante et périlleuse, perpétuée par des acteurs qui sabotent délibérément les mécanismes institutionnels. L'incompétence y est devenue flagrante : demandez simplement à une secrétaire de direction de rédiger une lettre à l'attention de son supérieur, et vous constaterez qu'elle commet davantage d'erreurs que de mots. Au mieux, elle prétextera ne maîtriser ni le français ni l'arabe, que ce soit l'alphabet ou les syllabes. Monsieur Tandian, je m'arrête ici pour souligner que notre pays souffre bien plus que ce qu'on imagine, victime d'un système parfaitement orchestré dont les bénéficiaires refusent de modifier le fonctionnement. Lorsque les problèmes qui nous menacent surviendront, ces mêmes personnes, dépourvues de courage et uniquement habituées au discours creux et au détournement de fonds publics, s'empresseront de se défendre avec acharnement. La justice divine finira par s'exercer. Voilà le visage de la Mauritanie

  • ouldsidialy (H) 06/10/2025 19:48 X

    Apartheid, génocide, racisme; sont des bourbiers dans lesquels se débattent et tournent en rond la pensée politique et les compétitions interethniques mauritaniennes. L'hégémonie maure doit beaucoup aux enfermements conceptuels que se construisent certains négro-africains de Mauritanie, sur ces sujets. Un bidhani zélateur de l'hégémonie maure aurait intérêt à faire une réplique déconstructive du point de vue de ce monsieur. Et quoi encore? Un haal pullar qui commence à ne plus tourner en rond ! L'hégémonie maure est menacée ! En plus celui-là a énoncé lisiblement. On y vient peu à peu, le niveau monte.