POINTS CHAUDS - Dans les ruelles calmes de City Plage, à l’ouest de Nouakchott, la matinée d’hier avait commencé comme toutes les autres, jusqu’à ce que la rumeur se propage d’une maison à l’autre : « Quelqu’un s’est pendu… »

Quelques heures plus tard, la nouvelle est confirmée. Abdullah Sidi Cheikh, employé du ministère du Logement, a été retrouvé sans vie, pendu à l’intérieur de sa propre demeure.

Un silence inhabituel

Selon ses proches, Abdullah menait une vie ordinaire, ponctuée par le travail, les prières et les visites à sa famille. Rien, disent-ils, ne laissait présager une fin aussi brutale.

C’est son épouse, une Marocaine installée depuis plusieurs années à Nouakchott, qui a senti que quelque chose n’allait pas. La voiture de son mari était toujours là, garée devant la maison. Pourtant, aucun signe de vie à l’intérieur. Aucun appel ne passait.

Paniquée, elle a sollicité des amis de la famille. Ensemble, ils ont forcé une fenêtre. À l’intérieur, un silence pesant. Puis la découverte. Le corps d’Abdullah, suspendu près de l’escalier, immobile. Le choc a traversé le quartier comme une onde.

L’arrivée des autorités

Rapidement, les sirènes ont rompu le calme de City Plage. La police judiciaire et les équipes criminelles ont investi les lieux, suivies du procureur de la région ouest. Le périmètre a été bouclé, les habitants tenus à distance.

Sous les flashs des téléphones portables, un médecin légiste a photographié chaque détail : la corde, les traces au sol, la position du corps. Puis le corps a été transporté vers la morgue pour autopsie.

Une source sécuritaire présente sur place confie : « L’affaire est pour l’instant qualifiée de mystérieuse. Rien n’indique un suicide évident, mais rien ne prouve non plus l’intervention d’un tiers. Toutes les pistes sont ouvertes. »

Une enquête à plusieurs voies

Les enquêteurs passent désormais au crible les moindres indices : empreintes, caméras de surveillance, témoignages de voisins. L’hypothèse d’un meurtre maquillé en suicide n’est pas écartée.

Les résultats de l’autopsie et les analyses toxicologiques à venir seront déterminants pour la suite.

Selon une source proche du dossier, le parquet pourrait saisir un juge d’instruction si des éléments suspects apparaissent.

« L’objectif, explique-t-elle, est de comprendre ce qui s’est vraiment passé entre ces murs. Le temps joue contre nous, mais la vérité finira par émerger. »

Entre douleur et méfiance

Dans le quartier, la nouvelle a provoqué un mélange de tristesse et d’incrédulité.

« Abdullah n’était pas le genre d’homme à baisser les bras », confie un voisin, encore sous le choc. « Tout le monde ici se pose la même question : que s’est-il passé ? »

La famille, elle, réclame une enquête rapide et transparente. Elle dénonce les rumeurs et les informations non vérifiées qui circulent déjà sur les réseaux sociaux.

« Nous demandons simplement le respect et la vérité », déclare un membre de la famille, la voix serrée. « Que la justice fasse son travail, sans bruit ni mensonge. »

Un quartier sous tension

City Plage n’en est pas à sa première secousse. Ces derniers mois, les habitants ont signalé plusieurs incidents nocturnes : cambriolages, disputes violentes, délits mineurs. Ils réclament plus de sécurité, plus de lumière.

Un élu local, venu sur place dans l’après-midi, résume le sentiment général : « Ce drame dépasse le cas d’un seul homme. Il révèle un malaise plus profond. Les gens ont besoin de se sentir protégés. »

En quête de vérité

À la tombée de la nuit, les policiers ont quitté les lieux, laissant derrière eux une maison silencieuse, scellée par la justice. Devant le portail, quelques bougies allumées par les voisins tremblaient dans le vent marin.

Dans ce quartier habituellement paisible, la mort d’Abdullah Sidi Cheikh n’est plus seulement une tragédie personnelle. C’est désormais une énigme nationale, un appel à comprendre ce qui, dans l’intimité d’un foyer, peut soudain basculer vers l’irréparable.