07-12-2025 22:27 - Scandale d’État : Alakhbar dévoile un marché opaque entre l’armée et la Santé

Scandale d’État : Alakhbar dévoile un marché opaque entre l’armée et la Santé

SHEMS MAARIF - L’agence indépendante Alakhbar a révélé, à travers des documents, enregistrements et données obtenus auprès de plusieurs sources, de graves irrégularités dans un marché d’équipements médicaux géré par l’armée mauritanienne pour le compte du ministère de la Santé.

Le marché, toujours en suspens près d’un an après sa signature, a subi de multiples modifications : changements de montant, variation des intermédiaires et réattribution à une autre entreprise, laissant les hôpitaux dans l’attente d’appareils essentiels et les patients sans diagnostic fiable.

Selon les révélations publiées par Alakhbar, le ministère de la Santé a confié la gestion du marché à l’armée, qui l’a d’abord attribué à la société sénégalaise Fortunes Capital avant d’annuler le contrat pour en signer un autre avec la société marocaine T2S, sans appel d’offres ni transparence. Le ministère de la Santé, pourtant bénéficiaire final, n’apparaît dans aucune des étapes de la procédure.

Bien que la loi mauritanienne n’autorise les marchés de gré à gré que dans des cas exceptionnels strictement définis, Alakhbar souligne que rien ne justifiait un tel recours. Malgré l’annulation du premier contrat, aucune sanction n’a été prise contre la société sénégalaise et la garantie bancaire n’a pas été saisie, contrairement aux dispositions légales.

Les documents montrent que l’état-major a d’abord signé un contrat de 5,19 millions d’euros avec Fortunes Capital, avant de l’augmenter à 8,18 millions d’euros à travers un avenant, soit une hausse de près de 3 millions d’euros. Puis, le 23 juillet, l’armée a transféré à cette même société 1,88 milliard d’anciennes ouguiyas (environ 4 millions d’euros), représentant 80 % du montant initial, bien au-delà des 50 % prévus. Une semaine plus tard, elle a exigé le remboursement, évoquant une erreur de devise.

Toujours selon les informations rapportées par Alakhbar, un responsable de la société sénégalaise affirme que la partie mauritanienne s’est retirée après le début d’exécution du contrat. Il soutient qu’Isleymou Ould El Ghazouani, frère du président, aurait facilité l’obtention du marché en échange d’une commission de 200 000 euros, et que le président aurait été informé du retrait sans intervenir. Ces allégations n’ont pas été confirmées officiellement.

Au moment même où le premier contrat était encore en suspens, la société marocaine T2S négociait déjà avec la partie mauritanienne, selon des enregistrements audio obtenus par Alakhbar. Ses responsables affirment avoir conclu un accord avec des cadres du ministère de la Santé, la directrice du Centre d’oncologie et un officier supérieur identifié comme soutien actif. L’armée a finalement signé un nouveau contrat avec T2S pour 5,193 millions d’euros.

Les informations publiées indiquent que les équipements fournis dans ce second contrat seront des appareils chinois, contrairement aux appareils européens initialement prévus. La société marocaine exige aussi un paiement intégral et anticipé, alors que le premier contrat prévoyait un versement en deux tranches.

La situation demeure floue : Alakhbar affirme avoir adressé des questions à la Direction de la communication de l’armée, qui n’a, pour l’heure, fourni aucune réponse. Pendant ce temps, les hôpitaux restent dans l’attente d’équipements qui auraient dû être livrés depuis plusieurs mois.





Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


Commentaires : 0
Lus : 2273

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (0)